14.

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Une intense douleur traversa mon coccyx, m'arrachant un hurlement. Il me fallut quelques secondes pour réaliser que j'étais tombée en arrière, allongée au sol, l'inconnu capuché dressé au-dessus de moi.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je tentais de me remettre rapidement sur mes pieds.

Mais je n'eut pas le temps de me redresser que la personne se pencha pour m'empoigner et me traîner vers une ruelle derrière nous. Je sentais le bas de mon dos traîner sur le goudron humide, râpant ma peau.

- Lâchez moi ! Hurlais-je en me débattant contre mon agresseur.

- Ferme là ! S'écria-t-il rageusement en m'assommant d'un coup de poing dans la mâchoire.

Je déconnectais durant quelques secondes, ma vision troublée par le coup que je venais de recevoir. Je sentais mon corps se faire traîner sur le sol, tel un pantin. Je sentis un goût de sang dans ma bouche, la douleur me faisant grimacer. Je ne parvenais plus correctement à discerner les éléments autour de moi, affaiblie par les coups.

L'homme me redressa et me plaqua contre un mur, ma tête tapant violemment le béton, m'assommant de plus belle.

Sonnée, des sanglots m'échappèrent, et je mis à supplier l'inconnu pour ma vie.

- Je t'ai dit de la fermer espèce de garce ! Grogna le type en pressant son corps contre le mien, une main autour de ma gorge, probablement pour me maintenir debout.

J'avais la tête qui tournait, la douleur me vrillait l'estomac, et j'avais l'impression que j'étais capable de vomir à tout instant. J'arrivais finalement à discerner les traits de mon agresseur : Un homme, probablement âgé d'une quarantaine d'années, brun, une barbe de quelques jours habillait sa mâchoire crispée. Son regard, sombre, brûlant d'un mélange de rage et de ... Désir ?

Un frisson de dégoût me remonta dans toute la colonne vertébrale.

Sa main libre attrapa la col de mon T-shirt, et l'arracha d'un coup sec, révélant mon soutien-gorge et ma cicatrice. Son regard descendit sur cette dernière et il émit un ricanement sinistre :

- Parce qu'en plus tu es marquée ? Et en vie ? Quelle chance pour toi.

Je tentais de me débattre malgré la douleur et la peur. Mais j'étais trop faible et trop sonnée pour faire le poids face à lui. Mon corps avait du mal à lutter, et je sentais des douleurs lancinantes traverser mon crâne.

L'inconnu me gifla, en m'ordonnant de rester immobile. Sa main commença à s'aventurer un peu plus bas, et il s'attaqua au bouton de mon jean.

- Je vous en supplie... Sanglotais-je en essayant de le repousser tant bien que mal.

Il fit le sourd, et tenta de baisser mon pantalon. Je pris une grande inspiration et poussais un hurlement perçant, puisant dans toutes mes forces.

Il sursauta et son regard emplit de haine se riva au mien. Il me frappa à nouveau au visage pour me faire taire, m'arrachant un nouveau cri de douleur. Je me laissais tomber au sol, vidée de toute énergie.

Tel était mon destin. J'allais très probablement mourir dans cette ruelle déguelasse, violée, humiliée, par un psychopathe.

L'homme s'agenouilla et je le vis déboutonner son pantalon tout en se penchant. Je pleurais, continuait de supplier, jusqu'à ce qu'il pose quelque chose de froid, et de métallique sur ma gorge :

- Tu as vraiment envie que je te fasse du mal maintenant ? Chuchota-t-il en se penchant toujours plus près de moi. Soit une bonne fille pour moi.

Mes sanglots furent ma seule réponse. Le moindre mouvement et je me retrouverais avec la gorge tranchée.

Alors qu'il allait entreprendre de s'attaquer à ma lingerie, j'entendis une voix au loin :

- Ils sont là.

Une lueur d'espoir m'anima, et j'en profitais pour pousser un cri perçant, comme pour signaler ma présence. Mon agresseur appuya un peu plus la lame sur la fine peau de ma gorge. Un hoquet s'échappa de mes lèvres, et je commençais à suffoquer. J'avais mal, tellement. Toujours allongée au sol, je sentis un liquide chaud couler jusque derrière ma nuque.

- Tu as 6 secondes pour la lâcher avant que je t'en colle une dans la tête.

Cette voix. Aaron.

Je n'arrivais pas à y croire. Mon cœur rata littéralement un battement, et je retins mon souffle durant quelques instants qui me parurent interminables.

- Pourquoi est-elle encore en vie ? Elle est marquée, condamnée, je peux bien m'amuser un peu avec non ? Grogna l'homme sans lâcher son emprise sur moi, ses yeux de pervers ne quittant pas les miens.

Les larmes ruisselaient sur mon visage. J'avais mal. J'étais tétanisée. J'avais froid. Je me sentais humiliée, à moitié nue sur le sol. Il parlait de moi comme un objet, comme un bovin que l'on aurait marqué au fer chaud. Et je ne parvenais pas à comprendre pourquoi. J'étais désespérée. J'aurais simplement voulu disparaître, pouvoir rentrer chez moi sans encombre.

- 6.

Un coup de feu éclata dans la nuit, et quelques instants plus tard, le lourd corps de mon agresseur s'écroula sur moi. Mes oreilles sifflaient, j'avais l'impression d'avoir été assommée par l'intonation. Ecrasée, je peinais à reprendre mon souffle.

- Ecartez moi cette merde de là. Ordonna la voix d'Aaron.

Je sentis le poids mort s'écarter de moi, et ma cage thoracique se remplit à nouveau d'air. Je n'eut pas le temps de réaliser ce qu'il se passait autour de moi, que deux bras m'entourèrent et me soulevèrent de terre.

- Non ! Hurlais-je en me débattant, paniquée.

- Hé... C'est moi. Calme toi. Souffla le brun aux yeux bleus. Il est mort, c'est fini.

Il est mort. Mort.

Ses paroles m'infligèrent le coup final. Je venais de passer à côté de la mort, d'un viol, et je venais d'être écrasée par un homme décédé. Sauvée par mon agresseur d'il y a deux ans.

Je devais nager en plein cauchemar. C'était irréel.

J'éclatais en sanglots de plus belle, et me laissait aller contre l'épaule d'Aaron. Il resserra sa prise autour de mon corps faible et dénudé.

- Donnez-moi une veste, il faut la couvrir. Lança le brun à l'attention de deux hommes en train de tirer le corps sans vie du type.

- Pars avec la voiture, on s'occupe du reste. Donne lui tes fringues, flemme qu'elle tâche les miens. Répondit la voix de Luke que je reconnu immédiatement.

- Dépêchez-vous, et ne vous faites pas prendre. Il ne faut pas que quelqu'un    apprenne que c'est moi qui l'ai descendu, ni pourquoi. Grogna mon sauveur en s'éloignant d'eux.

J'avais terriblement mal au crâne, ma gorge me brûlait, et j'avais l'impression que ma plaie à la gorge saignait abondamment.

- Aaron... Soufflais-je en me sentant partir.

Je le sentis accélérer le pas, le froid commençant à figer chacun de mes membres. La pluie semblait redoubler d'intensité, et je sentais l'eau salée se mélanger aux larmes sur mon visage.

Et quelques secondes plus tard, ma vision s'obscurcit un peu plus encore, et le néant m'enveloppa totalement.

YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant