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En une heure de temps, Shawn et Marc avaient bouclés leurs valises, et nous étions à présent sur la route pour rentrer à Stowecity. Aaron avait décidé de prendre sa voiture, seul, me laissant dans une ambiance plus que tendue avec le père et le fils à bord du second véhicule. Pas un mot, un silence de plomb, et cela faisait déjà plusieurs heures que nous roulions dans l'obscurité. Sans que rien ne se passe. Je pouvais sentir l'anxiété nouer mon estomac sans répit, angoissée à l'idée de ce retour précipité qui prévoyait de changer nos vies à tout jamais.

Marc se décida finalement à faire une pause sur une aire d'autoroute, prétextant avoir besoin d'aller se soulager un peu. Shawn demeura silencieux, son visage tourné vers la fenêtre. Il en voulait à son père, et ça se comprenait.

- Je... Je vais aller prendre quelque chose à grignoter... Soufflais-je faiblement en me détachant, rêvant de m'éloigner un peu de cette ambiance morbide.

Sans m'adresser un mot, Marc me tendit un billet, me rappelant que je n'avais rien. Ni argent, ni téléphone. Rien.

Je hochai la tête en guise de remerciement, et quittais le véhicule pour rejoindre le petit magasin faiblement éclairé, face à la station-service. Je me maudissais intérieurement de ne pas m'être un peu plus couverte, le froid me provoquant des tremblements. J'entrais dans le magasin complètement désert, et slalomais entre les rayons alimentaires, à la recherche d'un quelque chose qui saurait calmer mes angoisses. Il était évident qu'une supérette de nuit ne vendrait pas de médicaments, et encore moins sans ordonnance, il fallait donc que je trouve autre chose.
L'homme derrière la caisse, un type mal rasé d'une trentaine d'années m'observait avec attention, sa casquette à l'envers visé sur sa tête.

Comme si j'allais voler quelque chose...

L'équipe de nuit de ce magasin semblait être tout sauf accueillante ou du moins bienveillante. J'avais l'impression qu'il me dévisageait d'un air pervers et malsain, des pensées étranges devant très probablement se bousculer dans son esprit étriqué.

Dégoutant.

J'étais épuisée, j'avais l'impression que la journée était interminable, et je n'étais malheureusement pas parvenue à trouver le sommeil dans la voiture, bien trop angoissée par l'ambiance tendue entre mes deux compagnons de route.
Mon regard se stoppa finalement sur un petite bouteille de Vodka, que je me décidais à prendre. Elle semblait littéralement m'appeler, m'inciter à la prendre. Voilà quelque chose qui saurait calmer mes nerfs. Le St Graal de l'oubli.
Je me dirigeais finalement vers la caisse, la petite bouteille dans la main, et la déposais sur le tapis roulant, sous le regard attentif du vendeur.

- En voilà une qui aurait bien besoin d'oublier ses soucis. Se moqua ce dernier en scannant la bouteille de verre.

Je ne répondis rien, trop absorbée par mes pensées pour être en capacité d'échanger avec quelqu'un. Le regard errant dans le vide, je pensais déjà au déroulement de la journée de demain. Quand le jour se lèverait, nous serons de retour. Et Marc semblait déterminer à en finir au plus vite avec l'organisation. Qu'allait-il se passer ? Comment allais-je bien pouvoir protéger Emily et les autres ?

- 9,90€.

La voix de caissier me tira finalement de mes pensées. Je soupirais et lui tendis mon billet. Alors que je pensais simplement partir et regagner la voiture, le type me caressa la main en me rendant la monnaie.
Mon cœur se stoppa net lorsque mon regard se posa sur ses doigts retenant les miens, et mon corps se redit immédiatement à son contact.

- Lâchez moi. Crachais-je doucement mais fermement.

Son sourire pervers disparu au bout de quelques courtes secondes, lorsqu'il se mit à fixer un point dans mon dos. Il pâlit, comme s'il venait de voir un fantôme.
Soudain, un bras puissant m'écarta et les mains d'Aaron attrapèrent celles du vendeur. Je n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'un bruit d'os, suivi d'un hurlement de douleur me fit sursauter d'effroi.

YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant