Yours

24

- Tiens, mange. M'ordonna un type en me jetant un sandwich sur les genoux.

Je relevais brusquement la tête, tirée de mon sommeil. J'ignorais depuis combien de temps j'étais dans ce hangar mais l'attente me semblait interminable. Le sommeil semblait être l'option la plus adaptée pour passer le temps.
J'avais la gorge sèche, et je sentais mon estomac gronder. Je n'avais rien avalé depuis mon arrivée dans le hangar, et mon corps était en train de me le faire payer à sa façon.
Je lançais un regard mauvais à l'homme qui venait de me porter à manger :

- Sérieusement ?

Il haussa un sourcil, l'air sceptique :

- Mademoiselle préférait manger de la truffe ?

- Je ne vois surtout pas comment je suis censée bouffer en étant attachée. Répondis-je en le fusillant du regard.

Il soupira et s'avança vers moi pour défaire mes liens. Mais juste avant, il se stoppa et releva son T-Shirt pour me montrer son arme :

- Tu tentes quoi que ce soit et je t'en mets une entre les deux yeux, c'est bien clair ?

Je hochai la tête lentement. Je n'étais pas encore arrivée au point d'être suicidaire, malgré que je commençais à m'habituer à être menacée avec une arme sans arrêt.

- Est-ce que je vais rester ici encore longtemps ? Demandais-je en me frottant les poignets après qu'il m'ai enfin détachée.

- Le temps qu'il faudra. Les choses bougent dehors.

- Qu'est-ce que ça signifie ?

- Ça signifie que nos boss sont en train de convoquer toutes les équipes pour avoir des réponses sur certains éléments. Et ton Aaron Blake sera présent.

- Pourquoi est-ce que Rodriguez pense qu'il est à l'origine de la disparition de son frère ? Demandais-je prudemment.

Cet homme semblait déjà plus réceptif que les précédents, si je pouvais en profiter pour avoir quelques infos...

- Blake et ses hommes ont été vus dans le même quartier où Ross a été aperçu pour la dernière fois. Son frère n'a plus jamais eu de nouvelles après cela. Dans la logique des choses, Blake est la dernière personne à avoir vu Ross.

L'homme se pencha vers moi, et posa sa main sur le dos de ma chaise, son visage dangereusement proche du mien :

- Mais encore une fois, je ne t'apprends rien.

- Je ne sais rien. Murmurais-je en soutenant son regard, essayant de me persuader moi-même de mes mensonges.

L'homme soupira et se redressa finalement, l'air exaspéré. Il se pinça l'arête du nez et repris :

- Ça ne m'amuse pas de devoir jouer les baby-sitters avec toi. Plus vite tu nous diras ce que tu sais, plus vite tu seras libre. On ne te veux pas de mal.

Mon cul ouais. Bouffon.

- Je connais à peine Aaron, comme je l'ai dit... Je ne suis qu'une simple serveuse.

Le type tira une chaise non loin, et s'installa à califourchon dessus, face à moi :

- Alors pourquoi es-tu marquée ?

Je l'ignorais moi-même, comment pouvais-t-il me poser cette question en pensant que je détenais toutes les réponses ? Est-ce que j'avais vraiment la tête de la fille parfaitement informée ?

- Je ne sais pas. Dis-je avec sincérité. Je n'ai su qu'il y a peu que ce n'était pas une cicatrice « banale ».

Mon sandwich m'attirait mais étant sur la réserve, je craignais de mourir empoisonnée. Je rivais à nouveau mon regard à l'inconnu.