prologue

2K 75 33
                                    

Ceci est le prologue officiel de Tragedy, ce n'est pas forcément un passage que vous retrouverez dans l'histoire, c'est complètement indépendant !



« Tu es tombée amoureuse de moi, mais je n'ai rien fait pour te relever... »
- Jean Louis Trintignant


Queens.
06.04, 1h25.

Mila...

Ce soir l'air est chargé, l'atmosphère me pèse, un nœud énorme a pris place dans mon ventre, j'ai l'impression de porter des tonnes sur mes épaules et l'air humide colle mes cheveux contre ma nuque.

Je me sens comme dans un film d'horreur ou d'action, quand le personnage principal découvre un cadavre et que son souffle est coupé. L'impression que le temps s'arrête, qu'on est seul au monde et qu'on va bientôt mourir...de solitude.

Ouais, à vrai dire, c'est mon ressenti depuis plus de 10ans. Enfant je n'étais pas adorée par mes camarades sauf lorsqu'ils avaient besoins de mes talents de dessins, d'écriture ou encore d'une gentille personne prête à les aider pour qu'ils puissent être reconnaissants au moins une fois.

Spoiler alerte: La petite fille de 7ans avait vainement espéré.

Autre Spoiler Alerte : Elle a compris bien vite qu'elle ne pouvait compter sur personne.

Je n'avais jamais vraiment cherché à comprendre pourquoi je me sentais si différente des autres enfants et adolescents.

Comme si mon esprit était toujours en décalage par rapport à eux.

Si j'étais intelligente pour certains, d'autres considéraient que j'étais très bête.

Alors j'ai arrêté de chercher qui j'étais lorsque je me suis rendue compte que je ne serais jamais ce que les autres voulaient que je sois.

J'ai fini par me perdre, au fur et à mesure que le temps passe, mon esprit ouvert se renferme et mon cœur pourrit de plus en plus. Je suis devenue un miroir, le reflet des gens leurs donne l'impression que je les comprends. Or, ça ne reste qu'un reflet.

Je ne suis pas spéciale, je ne serais jamais responsable d'un cœur amoureux ou d'un rire, d'ailleurs c'est peut-être pour ça que les seules qui m'accompagnent sont les étoiles.

Les étoiles.

Mon étoile préférée.

Celle qui s'est éteinte et qui ne brille plus dans le ciel pollué du Queens.

Ça fait quelques années maintenant, que je ne l'ai plus revue au dessus du toit de ce bâtiment abîmé par le temps.

Quelques années que mon cœur s'est figé dans ma cage thoracique, attendant quelqu'un pour le réconforter et le réchauffer rien qu'avec un sourire lumineux.

Malheureusement tout ce que j'obtiens c'est l'obscurité.

La nuit et le gris m'accompagnent partout.

Et tandis que les jeunes de mon âge voient la vie en rose, moi je la vois en noir et blanc.

Un film mué, que personne n'a envie de voir, un film dont on détourne les yeux par peur de mourir d'ennui.

Je suis un tableau, effacé et sans valeur pour personne depuis que celle qui l'a peint a disparu.

Je regarde le ciel, compte les étoiles qui ne sont plus que des petits points blancs, étant sur le point de m'échapper et de me fuir.

Finalement, même les étoiles me fuient.

Je me demande ce qu'il me reste...

***

Cameron...

L'air de la nuit me nettoyait les poumons en même temps qu'il me les brûlait.

Ces sensations explosives coulaient dans mes veines.

L'adrénaline me prenait aux tripes, me donnant tout ce qu'on m'avait retiré.

Le risque et le danger ont bon goût sauf
quand on ne les maitrise plus, j'accélérais toujours sous cette pluie torrentielle qui mouillait mes joues en même temps que mes larmes.

Le mélange d'émotions et de sentiments que j'avais reçu en plein cœur me donnait l'impression d'être poignardé avec une lame froide.

L'Adrénaline me donnait chaud, la trahison me calcinait de l'intérieur. Le sentiment d'être un moins que rien envahi tout mon corps.

L'effroi et le chagrin me glaçaient sur place, et dans tout ça, la seule chose qui me faisait planer était la vitesse.

J'avais mal au cœur et aux membres inférieurs qui étaient devenus rouges à cause du froid, aux excès de vitesse et à la colère.

La personne que je voulais sauver au péril de ma propre vie m'avait fait devenir violent, violent dans mes mots, violent dans mes gestes envers lui.

Le goût du sang se propageait dans ma bouche, et mon esprit était embué par le choc émotionnel que je venais de recevoir.

Ne maîtrisant plus mes mains crispées, je dévie du chemin habituel pour foncer tout droit vers l'échéance et ma perte.

Ma vision était trouble et brouillée, m'empêchant de voir le destin qui se dessinait pourtant sous mes yeux.

La trahison a failli me coûter la vie et je m'en souviendrai à jamais.

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant