5- restorative love

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5. MILA

Pour être honnête, j'sais pas ce que je fais ici.

Ni pourquoi j'ai si mal.

J'ai mal.

Mon frère me manque...Non il ne te manque pas.

Il t'as lâchement abandonné alors que tu avais besoin de sa présence. Je me souviens d'être partie me défouler au terrain de basket. J'avais besoin d'atteindre ce foutu objectif. Je sais plus trop où je suis. Ni ce que je veux. Je crois que je ne sais même pas qui je suis.

J'ai arrêté de chercher ma personne quand les autres ont voulus décider à ma place.

J'ai complètement oublié qui j'étais avant. Avant cette dépression.

Ces abandons.

Ces T.S.

Ces peurs.

Ces cauchemars.

Qui suis-je ?

Peut-être que je suis juste défoncée ?

Ce sont les seuls moments où mon corps lâche prise et laisse mon âme s'exprimer.

Je crois que c'est le bordel dans ma tête. Je vois noir partout.

La lumière du matin, ou du midi je ne sais pas, traverse le store mal fermé et atteint mes yeux. Mes jambes me font mal, tellement mal, j'ai cette sensation qui revient tout le temps, qui me dit que le sang ne passe plus dans ma chair.

Je secoue mes jambes en espérant faire partir la douleur et la sensation envahissante de picotements. Je me retourne dans mon lit et cache ma tête dans mes coussins.

Quelle vie de merde.

Quand je suis sur mon toit, je pense toujours au fait que je me noie dans la solitude. Je finis par me lever du lit, très mollement. Je cherche mon téléphone mais je ne le trouve nulle part. Ni dans mes draps, ni sur moi, ni par terre. Je traîne des pieds jusqu'à la cuisine et me prend une boisson énergisante que je bois d'une traite. J'ai les yeux secs, la gorge sèche et j'ai surtout la haine. Je regarde l'horloge murale et vois qu'il est déjà 12h30.

Encore une demi-journée de manquée. Je marmonne une insulte et revient dans ma chambre pour récupérer des vêtements propres avant de m'enfermer dans la cabine de douche. Je mets l'eau chaude à fond, et très rapidement, dans cet espace étroit, j'étouffe. Mes poumons sont pris d'une énorme bouffée de chaleur. L'air ne passe plus et je sens juste ma poitrine brûler.

J'ai l'impression que je vais m'évanouir mais je ne cesse pas. Je n'éteins pas l'eau pour autant.

Ma peau vire au rouge, je passe les mains sur mon corps pour me laver avec le gel douche, j'ignore cette douleur aiguë qui transperce ma peau. Si je n'arrive pas à supporter les douleurs que je me cause, je ne pourrais jamais survivre à celles que me font subir les autres.

Alors il faut que je souffre.

L'air devient irrespirable, mes paumes trouvent place sur le mur et finalement, je mets l'eau froide à fond. L'air se rafraîchit presque immédiatement, mes poumons sont enfin libres, je respire mieux mais ma peau souffre d'autant plus.

L'eau froide est en vérité pire que l'eau chaude.

L'eau froide est tellement intense qu'elle brûle la peau. Me paralyse presque et me transperce la peau. Comme des piques de glaces qu'on me planterait partout sur mon corps. J'aime cette douleur.

Celle qui me fait serrer les dents. Celle qui me fait oublier à quel point je suis quelqu'un de faible.

Je sais que mes sourcils sont froncés, ils sont figés, je suis dans cette situation où je ne contrôle plus ma frustration et mes traits restent tendus. Ma journée est gâchée La sonnerie retentit au moment où je passe dans le couloir de sciences. La salle de cours dans laquelle j'étais censée être ce matin s'ouvre sur Rio qui me voit passer. Je lui jette un simple regard et passe mon chemin pour aller devant mon casier. Je récupère mon manuel de français et referme le casier - un peu brusquement - après avoir rangé le bouquin dans mon sac.

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant