12- syndrome du sauveur

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( pas très fière de ce chapitre, mais bon à partir du chapitre 15 les choses vont commencer à accélérer, bisous <3)


12. MILA

Assise face au balcon, l'écran de mon ordinateur est la seule lumière qui éclaire mon visage et la pièce. Le reste de l'appartement est plongé dans le noir, comme d'habitude. Mes doigts tapent sur le clavier, inspirée grâce à la pluie et à l'ambiance intime dans laquelle je suis plongée.

Tout est silencieux, enveloppée dans une bulle où seules mes pensées vagabondent, se rencontrent et s'allient. Les mots qui ne sortent pas avec ma bouche sortent du bout de mes doigts, tâchant les pages blanches d'encre numérique.

Pour la première fois depuis des années, je n'avais ni migraine, ni l'envie de me jeter d'un pont. Mon corps qui, d'habitude, était froid, était anormalement chaud. Je me sentais bien, tellement bien, que mes joues étaient inondées de larmes, créant un fossé qui me grattait. Je voulais me gratter le visage jusqu'au sang, mais je me rappelais que je ne devais plus me créer de cicatrices sur le visage. J'abandonnais l'idée, de toute façon, mes doigts étaient occupés à taper. Sur l'écran je couchais mes émotions, mes sentiments, mon envie de mourir, ma dépression existentielle, mon angoisse, mes réflexions, mes cauchemars post-traumatiques, mes rêves lucides. Peut-être qu'un jour, je lirai tout ça, en me disant que la pluie et les nuages sont passés, qu'ils n'ont été de passage que 9 longues années.

Mais en attendant de créer ce scénario à l'aide de ma profonde imagination, j'entendais des coups portés à ma porte, des coups presque doux, m'arrachant à ma bulle. Mon corps en alerte, se lève immédiatement de la chaise sur laquelle j'étais assise. Peut-être que quelqu'un a besoin d'aide ? Ce qui s'est passé la dernière fois ne doit plus se reproduire. Plus jamais.

Je déverrouille la porte fermée à double tour, mes pieds nus et chauds contrastent avec le sol froid, faisant monter des frissons d'angoisse dans ma colonne vertébrale. Quand la poignée de la porte cède sous la pression de ma main et que la porte s'ouvre, je reconnais directement la silhouette de Cameron, malgré le fait qu'il ai encore son casque sur la tête.

—Cameron ? M'entendis-je prononcer, surprise de le voir ici à cette heure.

—Je...je savais que tu dormais pas, mais j-je suis dés..olé.

Mes yeux s'écarquillent sous la surprise d'entendre sa voix enrouée et brisée. Et malgré l'obscurité dans laquelle on est plongés sur le pallier, j'arrive à voir son corps trembler ainsi que son torse qui descend et monte à cause de sa respiration qui se fait de plus en plus rapide.

Sans réfléchir, je tends la main pour l'attraper au niveau de l'avant bras et l'attire vers moi, sa grande taille me domine aujourd'hui, malgré le fait qu'il soit entrain de me montrer une facette que je ne lui connaissais pas. Je l'attire à moi et lorsqu'il est suffisamment proche de moi pour être à l'intérieur de l'appartement, je m'avance encore, collant mon corps au siens avant de refermer la porte derrière lui pendant qu'il ne me lâche pas du regard.

En maintenant le contact visuel, il retire ses chaussures à l'aide de ses talons et il les range du pieds. Ses chaussettes disparaissent également, mises en boules dans ses chaussures. Il ne bouge toujours pas, m'analysant juste. Quand je pensais qu'il parlerait enfin, il lève le bras vers moi, mon réflexe me rattrape sans que je ne puisse le contrôler et je sens une grimace tirer les traits de mon visage, me faisant plisser les yeux, quand je me rends compte -enfin mon corps- que c'est seulement Cameron, j'ai le temps de voir ses yeux verts se briser.

Mes yeux ont l'air de parler pour moi parce que ses doigts gantés continuent leur chemin vers mon visage, il se rend compte de l'état de ses mains avant de retirer à la va vite ses gants pour le fourrer dans sa poche. Son pouce accessoirisé d'une bague en argent trace le contour de ma mâchoire, me faisant frissonner à cause du froid de l'acier contre ma peau. Il glisse sa main jusqu'à la peau sensible sous mon oreille, et il remet mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Puis ses deux mains tiennent mon visage en coupe pendant que ses deux pouces essuyaient les larmes qui avaient coulées sur mon visages quelques minutes plus tôt. Ses sourcils froncés témoignaient de sa confusion alors que ses doigts quittent soudainement ma peau, créant un petit vide. Ses mains retombe le long de son corps, l'air absent.

TRAGEDYWhere stories live. Discover now