1- fermeture éclair

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1. MILA

J'entre dans le long couloir de ce foutu lycée et avance dans le but de retrouver mon casier. J'ai séché toute la matinée, je sais que je n'aurais pas dû veiller sur mon toit aussi tardivement, mais j'avais besoin que certains de mes sentiments soient dévoilés à la lumière de la lune pour mieux les percevoir.

— C'est quoi les nouvelles du jour ?

— Hier soir, Grâce s'est faite le mec de première année.

— Elle a osé nous le cacher ce matin ?!

— Je crois qu'elle l'aime...Quelle conne.

J'essaye d'éviter le contact physique avec des mecs qui se bousculent et je me retiens de pousser toutes les personnes lentes qui m'empêchent d'atteindre le fond du couloir.

— T'aurais dû lui faire mal hier putain !

— Je suis sur le terrain pour le football les gars, pas pour me battre avec n'importe qui !

— Justement, le football ça sert à se défouler et toi tu fais le coincé !

— C'est comme avec les meufs, il a peur que ça marche pas en bas, donc il les fuit.

— Tu penses que les nanas sont des défouloirs c'est ça, Wilson ?

— À quoi elles serviraient alors ?

Les rires gras fusent. Le bruit de fond n'est pas des plus agréables quand je pense au calme religieux d'un soir sur mon toit, là je fais face à des casiers qui claquent, des papotages, des garçons qui s'insultent, les bruits de bouches, les respirations, ça crée un fossé énorme entre eux et moi. Encore une fois.

J'entends tout. Un peu trop bien. Et je préférerais encore me retrouver sous l'eau avec un bruit d'horloge incessant que d'entendre la vie sociale de jeunes lycéens de bon matin.

— Shelby, faut que je te raconte un truc de dingue !

— Dis-moi tout.

— Ce matin, je m'ét-

J'arrive à mon casier après un long marathon et dépose mes livres de sciences dedans avant de récupérer celui d'histoire et de littérature anglaise.

— Madi, t'as entendu la nouvelle ? Il paraît qu'un nouveau a débarqué. Un terminal en plus. Claque l'une, un chewing-gum à la bouche.

— Non deux ! L'un d'eux a l'air d'être un latino, et l'autre, un américain. Et croyez moi ils sont à tomber...S'écria une autre.

— Ah ouais ? Mmh intéressant, tu penses les placer dans quelle catégorie ?

— Ça dépendra de leur beauté, tu le sais ! Plus ils attireront de filles, et plus les garçons voud...

Clac.

Je claque la porte de mon casier au moment même où la sonnerie retentit au-dessus de moi. Je ferme mon sac avant de l'empoigner et marche vers ma salle d'histoire.

Leurs conversations sont futiles, je ne comprends pas comment on peut radoter à longueur de journée.

J'entre en classe en dernière, j'ai l'impression d'être entrée dans un poulailler. Je m'empresse de rejoindre le fond de la salle côté fenêtre mais une main apparaît devant mon nez, m'arrêtant dans mon mouvement. Je recule le visage et fais un pas en arrière avant de constater que c'est le professeur de sport qui se tient sur l'estrade.

— Je peux passer ? Demandais-je en le fixant.

— C'est quoi cette tenue, Lam ? Prononce-t-il en me détaillant de haut en bas et en me désignant avec son doigt.

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant