8- nobody's watching

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8. CAMERON

Changement de programme. J'ai reçu un message de Rio, qui me demande de l'attendre chez moi.

Alors me voilà. Assis sur mon canapé entrain de jouer avec mon malinois, qui remue sa queue pour jouer avec moi, les yeux fixés sur la balle dans ma main. Mayra couine pour que je lui renvoie la balle alors je tends le bras et la renvoie à l'autre bout de la maison. Elle court tout de suite pour aller la chercher dans ma chambre et je souris à cette vision, je l'ai eu il y a tout juste un an, mais j'ai l'impression que ça fait 10 ans.

Je repense soudainement à mon frère, le mélange d'inquiétude et d'énervement qui renverse mon estomac me donne envie de fumer pour dissoudre ces sentiments.

Il part parfois une ou deux semaines sans donner de nouvelles, quand il revient il ne reste jamais à la maison, ce qui me convient parce que je ne supporterai pas de retrouver ses merdes sous ce toit. Il est constamment tendu, que ce soit au téléphone ou face à moi. Je suis pas con, je sais bien que ça a un rapport avec ces mexicains qui l'ont embarqué dans des situations illégales, je lui en veux d'avoir été bête de s'associer avec des gens qui jouent avec les lois, la morale et la mort.

Un frisson remonte dans ma colonne vertébrale quand je l'imagine risquer sa vie de merde, je le déteste, et je me déteste de penser ça.

Mes parents sont des gens bien, mon frère et moi n'avons jamais manqués de rien grâce à leur travail acharné, et lui, il fout tout en l'air depuis le jour où il a eu ses 14 ans. Je prends mon téléphone et vérifie l'heure après avoir soufflé pour m'empêcher de l'appeler pour avoir de ses nouvelles, ça fait 20 minutes que Rio aurait dû être là, mais aucune trace d'un colombien hyperactif dans les parages. J'allais l'appeler quand la porte claque d'un coup brusque, surpris, je me redresse et regarde vers le couloir donnant sur l'entrée.

Rio apparaît, ses yeux noirs ont l'air encore plus foncés que d'habitude.

J'ai même pas le temps de dire un mot qu'il enchaîne :

— T'avais raison. Ces fils de pute lynchent gratuitement Mila et personne, pas même ces foutus profs, ne bouge son cul pour faire changer la situation. Et je sais pas pourquoi ça me casse les couilles, mais elle à l'aire tellement gentille, en plus elle transpire la souffrance par tous ses pores. Grimace-t-il en enlevant ses chaussure dans l'entrée.

Je me lève d'un coup, mes jambes m'emmènent à lui et je le prends par les épaules, en le regardant dans les yeux je lui demande fermement :

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Y a un de ces connards qui l'a tabassée. Enfin, non, ils étaient plusieurs.

Je sens mes yeux s'écarquiller et je renforce ma prise sur ses épaules lui arrachant une grimace de douleur, je le fixe dans les yeux, cherchant des réponses à mes questions silencieuses.

— Encore ? Pourquoi ? Comment ? Demandais-je presque paniqué qu'elle se soit retrouvée face à plusieurs gars de la section football.

— Elle a pas voulu me raconter l'embrouille, et crois moi j'ai bien forcé cette fille est une vraie tombe, mais elle avait une lèvre qui saignait et l'arcade ouverte, et d'autres blessures sûrement vu le sang qu'il y avait par terre.

— Comment ça te raconter ? T'étais avec elle et tu m'as rien dit ?! Lui demandais-je presque furieux de savoir qu'il était avec elle.

— Mec c'est déjà un miracle qu'elle m'ai laissée la raccompagner, j'ai-

Je relâche ses épaules, mes mâchoires se contractent de frustration et de culpabilité. Je prends mes clés, mon téléphone avant de sortir précipitamment.

TRAGEDYWhere stories live. Discover now