3- binôme

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3. MILA

La deuxième sonnerie est passée, je suis en retard, j'ai séché toute la matinée parce que je ne me suis pas réveillée et je n'ai pas mangé depuis hier après-midi. J'annonce mesdames et messieurs que cette journée sera longue et merdique. Je toque à la porte de la salle polyvalente qui se trouvait à l'autre bout du lycée et qui m'a donc mise deux fois plus en retard.

— Entrez !

J'ouvre la porte et regarde à l'intérieur. Je croise le regard de ma professeur d'art, je souris malicieusement sachant pertinemment qu'elle me laissera participer à son cours.

Elle range son bureau qu'on décrirait comme désordonné mais pour une professeur d'art c'est un miracle qu'on voit la couleur du bois de son bureau. Tout en fouillant dans un grand sac elle me dit:

— Bonjour Mila. Tu viens de te réveiller ou tu es en retard ? Me demande-t-elle de sa voix douce.

— Les deux. Répondis-je en enlevant une peluche sur mon vêtement.

— Je vois, vas-y, fait-elle en m'indiquant une place au fond du menton.

Cette professeure est un ange tombé du ciel, elle m'a toujours lancé ce regard qui signifie « je te comprends Mila », sans connaître un seul de mes tourments.

Je marche alors en direction de la place qu'on m'a attribué étant donné l'absence de table ici, et m'assoie sur le tabouret en bois. La classe est un peu calme, généralement dans cette matière -si je peux appeler ça comme ça- les gens sont plutôt posés, ils dessinent ou parlent en chuchotant. Alors aujourd'hui je ne vois rien d'inhabituel. Personne ne prête attention à moi et ça me convient parfaitement.

Je me baisse pour sortir de quoi noter et la voix de la professeur me parvient.

— On ne va rien noter aujourd'hui.

Je relève le regard et hoche la tête pendant qu'elle analyse ma tenue du jour.

Une robe longue d'un gris froid, avec des manches qui arrivent presque aux coudes. Des converses montantes blanches et un sac à dos. Et la veste de Cameron, j'avoue avoir eu froid ce matin en venant alors je me suis permise de la mettre.

— Jolie veste. Constate-t-elle avec un sous entendu dans la voix.

—Mais c'est la même veste que celle que Cameron portait hier ?

— Racontes pas n'importe quoi, pourquoi il lui aurait donné sa veste.

— Il l'a vu entrain de se faire frapper hier, il a peut-être eu de la pitié envers elle?

—D'ailleurs, il n'est pas sensé participer à ce cours ? Pourquoi il n'est pas là ?

Je me gratte le cou, mal à l'aise. Il m'a vu me faire frapper, il m'a donné sa veste et il participe à tous mes cours. Le dégoût habituel que je ressens envers moi-même s'intensifie à ce moment là. Il doit penser que je suis fragile.

Madame Gally tape des mains, m'arrachant ainsi à mes pensées destructrices. Un crayon Hb sur l'oreille, elle commence alors à faire une sorte de discours.

— Aujourd'hui je vais vous donner un travail en groupe. Les groupes seront tirés au sort et seront composés de deux personnes. Je veux que ce soit mixtes donc un garçon et une fille.

Les élèves râlent pendant que je regarde par la fenêtre. On fait cours dans une sorte de pièce éloigné des autres bâtiments du lycée, c'est comme un hangar mais en plus moderne avec des grandes fenêtres donnant sur le jardin de l'école.

Le chien du propriétaire ( le directeur ) se balade dans l'herbe. Reniflant les fleurs et les insectes qui se posent sur son museau sous le regard du monsieur qui le promène.

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant