6- entre toi et moi

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6. CAMERON

Je ferme la porte de la salle polyvalente, me rendant compte qu'on est restés un peu trop longtemps au lycée. Le côté positif est qu'on a vraiment bien avancé sur les corps en argile.

Je regarde Mila qui fixe le bout du couloir, et lui demande :

— Dis, on a le droit de rester au lycée après 16h ?

Elle toussote légèrement en regardant à travers la fenêtre du couloir, et me fait signe de ne pas bouger.

—Absolument pas, sans autorisation en tout cas non. Mais si cet enfoiré de prof de sport nous chope, il va nous faire des problèmes. Il reste souvent au lycée le soir.

— Les lumières sont éteintes, il doit y avoir personne à cette heure ci.

— Ne te fie pas à ça, le directeur éteint tout pour économiser un max.

Je m'adosse contre le mur en attendant qu'elle regarde je-ne-sais quoi.

— T'es déjà restée au lycée ?

— Ouais, pour fumer des joints sur le toit.

Elle se retourne face à mon silence et en voyant mes sourcils haussés elle rit et hausse les épaules.

— Je n'ai jamais prétendue être une fille bien. Me signale-t-elle

— Donc d'après toi fumer des joints fait de nous des être mauvais ?

Elle fronce les sourcils en souriant :

— Tu fumes ?

— Ça m'arrive.

Elle acquiesce en hochant la tête, et scrute la porte du gymnase jusqu'à ce qu'on entende des bruits de pas résonner dans le couloir vide. Mila a eu en première, le réflexe de me prendre le bras et de nous enfermer dans une sorte de placard à balais.

— T'as pas intérêt à bouger. Chuchote-t-elle.

— J'aimerais bien mais le placard est trop étroit. Lui murmurais-je à l'oreille, la tête baissée à cause du petit plafond.

— Qui t'as demandé d'être aussi grand ?

J'inspire et expire profondément en attendant que la personne passe, et je baisse les yeux sur elle, elle a les paumes plaquées contre mon torse et mon ventre -qui ne tarde pas à se contracter sous son toucher- et elle regarde la porte derrière elle, dans l'attente d'un bruit.

Les bruits de pas s'intensifient quand la personne passe devant la porte et s'éloignent enfin, elle ricane en faisant secouer mon torse avant de me prendre par le col pour me faire pencher et de me chuchoter dans l'oreille :

— Je peux parier que c'est le prof de sport, on dirait qu'il marche avec une seule jambe ça fait flipper.

Je déglutis avec peine, sous cette proximité trop intime, dans ce putain de placard à balais trop petit pour moi.

Elle relève les yeux vers moi à cause de mon silence qui dure un peu trop longtemps, et le contact visuel qui s'établit entre nous est toujours aussi intense. Je baisse les yeux sur ses joues, son nez et ses lèvres roses. Même dans cette obscurité j'arrive à voir ses beaux traits. Cette fille est très jolie n'en déplaise aux gens de ce foutu lycée qui n'arrêtent pas de la lyncher gratuitement.

D'ailleurs je sais pas comment elle fait pour ne pas s'effondrer avec toutes ces critiques à son égard.

Elle se racle la gorge et se détache de moi avant de se retourner pour entre ouvrir la porte. Elle ne sort pas tout de suite et se penche pour regarder à gauche et à droite.

TRAGEDYWhere stories live. Discover now