11- jamais plus

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11. CAMERON

Je me penche pour récupérer la brosse métallique posée sur le sol encore mouillé à cause de la pluie qui s'est abattue sur la ville il y a maintenant 4 heures, et je passe un coup sur les cosses de la moto pour les débarrasser de la boue. Ça fait longtemps que j'ai pas fais de contrôle technique d'ailleurs, il faudra que j'y pense.

Je me relève et époussette mes mains en regardant le ciel couvert, les nuages gris sont toujours d'actualité et la brise qui fait bouger mes cheveux n'annonce rien de bon pour Rio et moi. On est sensé faire la course aujourd'hui, mais si il pleut, ça va pas le faire.

Le temps humide me renvoie à l'image de Mila sur le toit du lycée, on est restés silencieux jusqu'à ce qu'on se décide en même temps à rentrer, on était mouillés de la tête aux pieds, ses cheveux formaient un rideau noir qui m'empêchait d'apercevoir son visage, puis quand je l'ai vu, mon cœur avait fait un looping dans ma poitrine. Elle avait affichée un grand sourire, ses yeux étaient lumineux mais je sentais que si je ne détournais pas le regard, son visage allait être mouillé par autre chose que l'eau de pluie. J'ignorais si c'était à cause de la drogue ou de ce qu'on s'était dit, mais tout ce que je voyais c'était son sourire à la fois triste et satisfait. Alors j'ai juste pris ses doigts dans les miens et on s'est dépêchés de rejoindre ma moto, avant de monter, elle m'a jeté un regard indéchiffrable en murmurant « Vas-y doucement, s'il te plaît. »

Serait-il possible qu'elle ai compris mon addiction à la vitesse ? Nier les faits n'arrangera rien, la façon dont elle serre ma taille, comme pour alerter sa présence à mon corps, alors qu'elle n'a aucunement peur de la moto ou de la vitesse est déjà un bon indice.

Je l'ai accompagné et avant de détacher ses mains qui s'étaient nouées autour de mon ventre, elle m'a serré plus fort, sa joue était toujours collée sur mon omoplate, elle a dit quelque chose que je n'ai pas entendu à cause du bruit de moteur trop fort et de la pluie. Et j'ai détesté ça.

Elle s'est alors détachée de moi et m'a rendu mon casque en veillant à l'accrocher elle-même.

Quand je suis rentré il n'y avait personne, alors j'ai regardé la télévision avec Mayra sur les jambes, et l'ambiance grise de la ville n'a rien amélioré à mon moral.

Je me suis donc levé pour m'occuper les mains avec la moto. Je soupire en m'étirant, fatigué de toujours ressasser le cours de la journée et mes actions en boucle. Puis, je pense tout à coup à elle, encore. Mais cette fois, je l'imagine dans son appartement, seule, et le fait que chez elle ne formait qu'un avec l'extérieur m'a fait frissonné. Son appartement était toujours froid, silencieux, et sombre, comme une nuit d'orage. Et je sentais quelque chose me pincer le cœur, je n'avais pas très envie qu'elle reste seule maintenant que je connais la sensation d'être près d'elle.

Un bruit provenant dans mon dos me fait me retourner, la porte de la maison s'ouvre avant que la tête brune de ma mère n'apparaisse.

Elle reste là, à me regarder un sourire au bord des lèvres. Je souris et lui demande :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle incline la tête sur le côté, et ses cheveux souples et lâchés retombent aussitôt, ses yeux similaires aux miens suivent mes mouvement, et mal à l'aise, je me remets à nettoyer ma moto de la boue qui a giclé dessus à cause de la pluie.

— À quoi tu penses Cameron ? Me demande-t-elle d'un ton malicieux, elle ferme la porte et s'assoit sur la première marche du porche.

— Comment ?

— À quoi tu penses. Tu as l'air distrait en ce moment, plus qu'avant, je veux dire. Répond-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, me regardant en attente d'une réponse.

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant