2- Ô yeux verts

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2. MILA

Les cours sont finis depuis une heure et vingt minutes. Je suis restée sur le toit du lycée pour lire les 40 pages qu'il faut apprendre et pour confirmation j'ai bien détecté les traces de larmes du prof sur le polycopié à la page 23.

Il me fait presque de la peine.

Je range mes livres dans mon casier et prends ma casquette noire que j'enfile directement avant d'avancer vers la sortie du bâtiment qui donne sur la route arrière du lycée. Je passe par le grillage troué en espérant que personne ne m'ai vu. Normalement, j'ai pas le droit de rester au lycée au-delà de 16h sauf si je suis en retenue. Mais fumer sur le toit donnant sur le centre ville qui grouille de familles allant faire les courses ou les magasins était beaucoup trop tentant. Ça change de la vue qui s'étend devant chez moi, c'est-à-dire un parc pour enfants.

C'était bien éprouvant aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir passé la journée à défendre mes intérêts, et j'ai trop parlé. Beaucoup trop.

J'ai dit à Keith que je passerais au hangar voir son projet alors je comptais me diriger vers ma voiture quand quelqu'un m'interpelle.

— Mila !

Pas d'erreur de prononciation ?

Je vois Cameron se diriger vers moi, il trottine et il arbore un air plus sérieux que les seules fois où je l'ai vu, c'est à dire à tous mes cours de l'après-midi étant donné qu'il est dans toutes mes classes. Y compris littérature.

Il arrive en face de moi et il semble d'abord gêné, il a des petits tics nerveux du genre : il mord sa lèvre inférieure.

— Oui ? Commençais-je

— Est-ce que je pourrais récupérer tes notes en littérature ?

Je plisse les yeux, mon corps se tend sous le poids de la méfiance qui grossit en moi et je jette un regard furtif derrière lui au cas où les garçons voudraient tenter un mauvais coup ou une blague de mauvais goût. Mais il n'y a personne.

Qu'est-ce qu'il fait encore ici, tout seul ?

— Pourquoi ?

Il se gratte l'arrière de la tête, l'air embarrassé.

— Je révisais à la bibliothèque, et je me suis rendu compte qu'il me manquait la partie du cours qu'il me fallait pour les devoirs, et je t'ai vu par la fenêtre, et- bref.

Je vois qu'il est assez gêné de me demander alors j'écourte ses souffrances et je déplace mon sac de mon dos à mon ventre et ouvre la fermeture Éclair avant de sortir le cours dont il avait besoin et de lui tendre.

— Mais tu n'auras pas de support pour ton exercice si tu me les prêtes. Remarque-t-il

— Le devoir est à rendre dans une semaine, tu pourras me le rendre avant.

Il me sourit des ses dents blanches en me remerciant. Je referme mon sac mais je suis vraiment captivée par ses yeux verts. Tellement captivée que je coince mes cheveux dans la fermeture de mon sac. Une grimace tiraille mes traits et je détourne le regard du sien pour enlever mes cheveux.

Mais je sens ses yeux sur moi, me déconcertant. Je galère un peu. J'entends un rire étouffé,

il s'approche, tend ses longs doigts et retire mes doigts de mes cheveux.

Il descend la fermeture avant de libérer mes cheveux noirs et de refermer légèrement mon sac. Il se racle la gorge pendant que moi je recule d'un pas ou deux.

TRAGEDYWhere stories live. Discover now