9- culpabilité et pardon

1.2K 62 56
                                    

9. MILA

Ça fait maintenant 2 heures que je regarde ce plafond en recherche de sommeil. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas abandonnée au bout de la 15ème minutes pour aller finir ma nuit et accueillir le jour qui se lève, sur mon toit, avec un joint sur le bout des lèvres. Mais mes muscles sont tellement engourdis et fatigués que la seule chose qui pompe c'est mon cœur et mon cerveau, réfléchir ne demande aucun effort physique, même si mentalement je suis toujours si épuisée.

Je ressasse les évènements de la journée encore et encore, parfois, mes sens me jouent des tours, je sens l'odeur fraîche et masculine de Cameron remonter dans mon nez, la pulpe de mes doigts tremble en repensant à mes mains froides sur sa nuque chaude, des frissons me parcourent en sentant encore son souffle dans mon cou et ses mains sur ma taille. Telle une torture infinie, ça s'arrête que quelques secondes avant que mon corps ne me rappelle son passage ici.

C'est le premier garçon qui rentre ici, dans mon appartement, même Keith et Wyatt n'y ont pas droit d'accès. Je déteste qu'on s'incruste dans mon espace, qu'on salisse mon sol, ou qu'on touche à mes affaires. Mais bizarrement lui, ne me dérange pas, peut-être que ma dépendance affective rentre en jeu, ou bien ce sont tous mes daddy issues qui remontent à la surface, mais sa présence ne m'étouffe plus, au contraire. Bien au contraire.

Avait-il trouvé ça bizarre que mon appartement soit constamment dans l'obscurité ?

Je repense à l'odeur de javel qui inondait mon nez, me noyant dans mes pires cauchemars.

La sensation du parquet en bois frottant contre mes genoux revenait sur ma peau, rendant ma respiration rapide.

Étant sur dos, je regarde le plafond, crispée en subissant ce retour en arrière douloureux.

« Nettoie cette partie là, il reste une poussière ! Et utilises une brosse à dent, ça t'apprendras à me répondre ! »

Et les larmes qui mouillaient mes mains, les faisant glisser sur le parquet redoublèrent, je nettoyais du mieux que je pouvais le sol, mes genoux me faisaient mal et mon pantalon noir commençait à virer au jaune à cause de la javel, mon nez me piquait, l'odeur faisant naître une boule dans ma gorge...

« Quelle gamine de merde, j'aurais du t'enfermer avec ta pute de mère, après tout vous vous ressemblez toutes les deux. »

Je me terrais dans un coin de la pièce, désolée d'être passée devant la télé et désolée d'avoir dérangé papa. Une odeur bizarre d'herbe se répandait autour de moi, me faisant tousser. J'aime bien l'odeur, papa en met partout dans la maison quand il recrache la fumée de sa bouche.

« Reviens ici, tout de suite. Seules les princesses ont le droit d'avoir les cheveux longs, toi tu n'es rien, au même titre que ta mère. »

Papa veut me couper les cheveux parce qu'ils dépassent mes épaules maintenant, il me dit que les princesses ont de longs cheveux et que je dois pas leur ressembler mais maman m'appelle toujours blanche neige à cause de ma coupe, elle m'a dit que c'était une très jolie princesse aux cheveux courts, comme moi.

« Qu'est ce que tu faisais avec le voisin ?! T'es bien la fille à ta mère hein. Rentre dans baignoire. »

Oh non, pas la baignoire, l'eau me brûle...Je m'étouffe, comme quand papa m'a mis un coussin sur le visage pour rire avec moi, il disait qu'il allait m'étouffer. L'eau chaude brûle, et l'eau froide pique, c'est bizarre pourquoi papa me fait ça ? J'ai juste jouer avec le petit malinois du voisin...

« Brûle, brûle Mila, souffre comme ta mère me fait souffrir ! »

Papa dit toujours que ma maman va partir, et qu'elle est méchante, mais elle est gentille avec moi ma maman, elle m'a même promis qu'on allait fêter mon anniversaire cette année, même si papa veut pas...

TRAGEDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant