Chapitre 20

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— Vous pouvez nous en dire plus, demanda Casey en glissant une feuille sur la table, vous aviez pris soin d'effacer ceux-là. Mais rien ne disparaît totalement, monsieur Penley. De qui parliez-vous ?

T.J. fixa le message imprimé et son visage perdit le peu de couleurs qui lui restaient. « Il faut se débarrasser de lui. Sinon, on ne sera jamais libre. »

— Ce ne sont que des mots. Hasna est la victime. Pas Thomas.

— Si Bowman avait eu connaissance de cette conversation, comment il aurait réagi à votre avis ? Vous auriez dû nous dire la vérité.

J'analysai l'homme assis en face des deux enquêteurs. Des poils blonds perçaient ses joues creuses, et ses yeux ternes, soulignés de profondes crevasses, s'enfonçaient dans leurs orbites.

— Ça aurait changé quoi, hein ? Elle est morte. Morte !

Il renversa sa chaise et tourna le dos au lieutenant et à l'officier Greene. Sentant mes mains trembler, je m'éloignai de T.J. pour me rapprocher de la fenêtre. Au loin, le mont Spencer éventrait les nuages. L'amant d'Hasna louait cette minuscule pièce aux Taylor. Le couple en possédait trois au-dessus de leur bistrot, auxquelles on pouvait accéder via un escalier extérieur sans avoir à traverser le restaurant. Les prix y étaient plus chers qu'au motel, mais le service en valait la peine. La chambre respirait le propre et les murs épais vous protégeaient de toutes nuisances sonores. Quant aux poutres soutenant le plafond, j'aurais trouvé ça pittoresque, mais une désagréable sensation me tiraillait en les observant.

T.J se retourna l'écume aux lèvres.

— Peut-être que j'aurais dû le faire. Le tuer. Hasna serait encore en vie et Maya...

Un sourire nerveux défigura sa bouche.

— Où elle est Maya, hein ? Est-ce qu'au moins, vous la cherchez !

— Monsieur Penley, nous comprenons votre détresse, amorça Sam, mais...

— Non, maugréa T.J., épargnez-moi vos discours à la con. Ce fils de pute l'a envoyée plusieurs fois à l'hôpital, et personne ne lui est venu en aide. Personne ! Pourquoi vous ne l'avez toujours pas arrêté, hein ? Je l'ai aperçu en ville. Vous auriez vu sa tête... Il n'en a rien à cirer qu'Hasna soit morte. Sa fille a disparu et lui se pavane dans les rues, les mains dans les poches, comme si de rien n'était !

— Il est libre d'aller où bon lui semble, rétorqua Casey, ce n'est pas un crime. Maintenant s'il vous plait, veuilliez vous asseoir.

À présent, les larmes ruisselaient sur ses joues, et je dus prendre sur moi pour ne pas laisser mes propres vannes céder. Ma poitrine se comprima. Les murs tournaient. J'avalai une longue inspiration tandis que ma mère apparut de façon fugace dans mon esprit. Hasna. Rebecca. Toutes les deux avaient connu l'enfer auprès d'un conjoint censé les aimer. Je m'installai dans un fauteuil en rotin et plongeai mon visage dans mes paumes.

— C'est lui, s'exclama Penley, c'est forcément lui. Qui d'autre ?

— Asseyez-vous, T. J., l'invita doucement Sam, et parlez-nous de ce SMS.

Il se laissa choir sur la paille tressée.

— Quand elle m'a envoyé ça, je ne savais pas quoi dire, quoi faire, avoua-t-il, j'aimais Hasna... Je... Je l'aime. Mais de là à tuer un homme, même s'il le mérite... Je n'en aurais jamais été capable. Je ne suis pas un assassin. Je... Je ne suis qu'un lâche. Je ne lui ai même pas répondu ce jour-là.

— Y a-t-il autre chose que nous devrions savoir, interrogea Harris, le moindre détail peut se révéler important.

Il renifla et secoua la tête de gauche à droite. Casey se leva, imité par son officier.

Le Passé Ne Meurt Jamais [BxB] En RéécritureМесто, где живут истории. Откройте их для себя