88 Lucas : Oscar craque enfin

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Deux jours plus tard, alors que je rentrais dans la cave au milieu de l'après-midi avec Andrew qui ne voulait plus me laisser y aller seul depuis que j'avais perdu conscience, Oscar me sembla mort.

Andrew me jeta un regard inquiet, probablement pensant la même chose, alors je m'approchais de lui. 

- Oscar ? appelais-je, l'incertitude se faisant ressentir dans ma voix. 

Ce qui se passa ensuite fut un soulagement mais me glaça le sang par la même occasion.

Oscar releva la tête. Ses yeux avaient perdu tout éclat. 

- Oui Maître ?

Sa voix était machinale, robotique même. C'était comme si Oscar avait perdu toute humanité entre hier et aujourd'hui. C'était terrifiant. C'était ce que je voulais, mais le résultat que j'avais pu observer si souvent sur Roseline était encore plus inconfortable et malsain à voir sur un homme comme Oscar. 

- Oh putain...chuchota Andrew, choqué.

On y était. J'avais le contrôle sur Oscar. Dans quelques minutes, je saurais tout ce que je veux de lui.

- Comment tu t'appelles ? demandais-je, histoire de vérifier qu'il ne se jouait pas de moi.

- Oscar Reid. 

La réponse était aussi machinale que sa précédente, comme automatique. Comme si c'était un programme informatique qui s'occupait de répondre à sa place.

C'était comme si Oscar ne se tenait plus devant moi mais une autre personne. 

En un mot, c'était ça. Oscar n'était plus vraiment là. Son corps était dans la pièce mais l'esprit intelligent que je connaissais n'était plus. 

- Quel est le nom de la personne qui détient Roseline et Matt ?

- Wilhem, mon âme-soeur. 

Ma mâchoire en toucha presque le sol. 

Oscar avait une âme-soeur ? Un autre vampire ? Comment je n'ai pas eu cette information avant ? Pendant tout ce temps il avait eu un point faible. Un énorme point faible. On aurait pu l'exploiter. Utiliser Wilhem pour faire chanter Oscar. 

- Un vampire donc ?

- Oui Maître.

J'eus un frisson. Le fait de le voir aussi calme et obéissant me donnait froid dans le dos, c'était inconfortable. J'avais l'impression qu'il était dans une sorte de transe et qu'il allait se jeter sur moi à la moindre occasion. D'un autre côté j'avais l'impression qu'il était mon esclave quand il m'appelait Maître. Je n'en tirais aucune satisfaction. 

- Où sont-ils ?

- Roseline est à xxx xxxxxxxxx , et Matt est à xxx xxxxxxx. 

Je tourna la tête vers Andrew. Il était en train de noter les deux adresses. Ils étaient à deux endroits différents mais dans la même ville. Et Wilhem était soit avec l'un soit avec l'autre. Et il n'avait probablement aucune idée que nous détenions Oscar parce que à partir du moment où le fer anti-surnaturel avait enfermé ses poignets et ses chevilles, tout lien, âme-soeur et meute, avait été coupé. 

Et si par malheur Wilhem savait que nous avions Oscar et s'était enfui, on le retrouverait bien vite après avoir tué Oscar. Il deviendrait soit fou, soit il mettra fin à sa vie. Dans les deux cas, même si on ne le retrouverait pas, soit quelqu'un retrouvera son corps, soit la police surnaturelle l'arrêtera pour avoir aidé Oscar dans toutes ses manigances. J'allais m'en assurer personnellement. Je ne le laisserai pas prendre la place d'Oscar ou pire encore, créer un autre Oscar. 

- Où est le reste de ton armée ?

Oscar répondit avec une autre adresse à quelques heures à vol d'oiseau. Ou de chauve-souris. 

Avec ces informations on étaient sortis et dans le salon en un rien de temps. 

- On les a Dylan. J'appelle le jet, fais venir Doc et prépare tes affaires. On part dans une heure. 

Andrew me fit un signe de tête puis décrocha son téléphone. Avec l'aéroport j'imagine. 

Quant à moi, j'avais mon propre travail à faire. Il fallait bien que quelqu'un s'occupe de l'armée de vampires à la botte d'Oscar. Et quand on aura récupéré Roseline et Matt et retrouvé tous les vampires qui lui sont fidèles, je lui règlerai son compte une bonne fois pour toutes. 

J'étais dehors en un rien de temps, le GPS ouvert sur mon téléphone, prêt à m'envoler pour aider, s'ils le voulaient, les vampires d'Oscar. 

- Lucas ! appela Lise, me faisant me retourner.

Elle me rejoignit au pas de course, un air presque paniqué sur le visage. Derrière elle, Andrew et Dylan étaient tous les deux au téléphone et nous observaient de loin tout en remplissant leur voiture d'affaires. 

- Où vas-tu ? demanda-t-elle, confuse.

Je lui expliquais ce que je comptais faire rapidement et elle hocha la tête pour me dire qu'elle avait compris.

- Quand reviendra-tu ?

- Quand j'aurai fini. 

Elle hocha la tête de nouveau et se mordit la lèvre. Elle faisait toujours ça quand elle était inquiète ou qu'elle avait envie de dire quelque chose mais qu'elle se retenait. Aujourd'hui c'était sûrement un peu des deux.

- Dis-moi. murmurais-je pour l'encourager à parler.

Elle prit une grande inspiration, puis elle fit un pas en avant, rapprochant nos corps si près que nos vêtements frottaient ensemble au rythme de nos respirations respectives. 

J'allais faire un pas en arrière, commençant à ressentir un peu trop à quel point on était proches, à quel point son odeur était forte aussi près, à quel point son visage était gracieux, ses cheveux magnifiques, et ses yeux si brillants et profonds que je pourrai passer l'éternité à me perdre dans son regard si elle me le demandait. Mais elle se saisit de ma manche et secoua la tête.

- Embrasse-moi avant de partir...chuchota-t-elle si bas que je ne l'entendis que grâce à mes oreilles surnaturelles, avant de baisser la tête vers le sol. 

Sa demande me prit par surprise. Elle avait été la première a me dire qu'elle voulait faire les choses lentement, prendre notre temps, être sûre de ne pas comettre d'erreurs. Et là elle précipitait les choses.

Ma main se posa délicatement sur sa joue, et releva gentiment son regard dans le mien. 

J'étais à deux doigts de céder à sa demande. Je n'avais qu'une envie depuis qu'elle nous avait donné une seconde chance, c'était de la marquer pour la faire mienne à jamais. A chaque fois qu'elle rentrait dans la pièce mes instincts de vampire me criaient d'aller la rejoindre, et à chaque fois qu'elle quittait la pièce, je ne pensais qu'à une chose, quand est-ce que je la reverrai ?

Nos corps étaient si proches de se toucher vraiment, nos lèvres si proches de se rencontrer que je sentais son souffle sur les miennes. Quelques millimètres à franchir seulement pour combler le vide entre nous ainsi que le vide dans mon coeur. 

Pourtant j'arrivais à trouver la force de me reculer et la lâcher.

- Quand je rentre...quand je reviens je t'embrasserai. Lui promettais-je en faisant un pas de plus en arrière.

Elle hocha la tête mais une larme fit son passage sur sa joue et ma poitrine se resserra.

- Quand je reviens, je ne te quitte plus. Je te le promets.

Quand plus de larmes s'échappèrent de ses yeux, je me transformais et volait au loin pour échapper à la souffrance de la voir comme ça en sachant que j'en étais le responsable.

Lise, quand je reviens, tu es à moi. 

Toute à moi.

La Rose et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant