Six months against you

Chapitre 33

Point de vue Marina

- A l'appartement.

Sa voix avait claqué. Plus rauque, plus grave, plus étouffée que d'habitude mais la jeune femme s'en ficha. La voiture démarra et elle tenta de respirer. Ce qui venait de se passer était un mauvais rêve devenu réalité. Devant la terre entière on l'avait insultée, devant Niall, on avait révélé son passé. C'était une catastrophe. Comment Emma pouvait- être au courant de tout cela ? Son téléphone sonna. A la vue du nom qui s'affichait la jeune femme secoua le visage et décrocha.

- Allo ?

- Marina ? C'est Sophie, l'assistante sociale de Lily-Ange.

- Oui. Comment vas-tu ?

- Bien mais il y a un problème. Ecoute c'est dur pour moi de te dire ça mais on j'étais devant la télé et... J'ai entendu ce que la fille a dit. Je te pose la question en tant qu'amie d'accord ? Es-tu suicidaire ?

Amie ? Jamais Marina n'avait considéré les assistantes sociales comme des amies, au contraire. Elles étaient des pions et la jeune femme avait besoin d'elles pour avoir la tutelle de sa sœur.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que ça vient faire dans la conversation ?

- Si tu l'es les services sociaux seront au courant et vu comme c'est parti tu n'auras jamais la charge de Lily-Ange.

- Quoi ?!

- Une suicidaire ne peut-être tutrice. C'est la loi. Je suis désolée.

Marina raccrocha et fondit en larmes. Elle avait perdu ses amis. Elle avait perdu l'homme qu'elle aimait. Elle avait perdu la seule personne qui la rattachait à la vie. Elle resta recroquevillée sur la banquette arrière tout le long du trajet. Bill ne lui adressa pas la parole, lui non plus ne savait pas quoi dire. Une fois devant l'appartement, elle lui demanda de s'en aller, lui promettant qu'elle ne ferait pas de bêtise. Son esprit tournait à toute vitesse. Marina n'avait plus le choix.

La jeune femme pensa à ce que cette déclaration allait entrainer. Niall ne voudrait plus jamais la voir. Ses amis lui en voudraient à vie. Et Lily Ange... Elle était une idiote, une imbécile. Lorsque Niall lui avait dit les trois petits mots qu'elle redoutait le plus au monde, elle aurait dû lui répondre. Elle aurait dû lui dire qu'elle voulait rester avec lui. Elle aurait dû lui dire qu'elle l'aimait aussi et que cette histoire de contrat n'avait plus lieu d'être. Elle serait restée à Londres et tant pis pour sa famille. Elle aurait amené toutes ses affaires dans l'appartement, aurait aménagé l'intérieur pour qu'il soit encore plus douillet. Marina en aurait fait un cocon pour eux deux. Ce n'était que maintenant qu'elle l'avait perdu qu'elle le voyait. Son sourire parfait, ses yeux aigue marine, sa voix douce. Les perles salées dévalèrent une nouvelle fois ses joues. Elle posa son portable vibrant d'appels sur la table et attrapa une feuille pour rédiger sa dernière lettre, sa dernière preuve d'existence. Sa mère avait eu raison d'avoir honte d'elle, de cacher ses problèmes au monde entier.

Elle était faible, elle était une fille perdue. Elle qui voulait se montrer forte elle avait échoué. Elle aurait dû se dresser contre la brune et lui dire qu'elle avait tort, car c'est ce qu'elle avait. Emma avait tort. Elle n'était pas suicidaire. Elle n'avait menti à personne. Comme elle l'avait dit à James, elle n'était dépressive et suicidaire. Elle était simplement une française banale, avec ses problèmes. Une jeune femme banale mais fatiguée.