Chapitre 7

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Point de vue Marina

Le train filait sous la Manche depuis plus de vingt minutes et la jeune fille se sentait étrangement angoissée. Elle était censée partir à bord d'un avion il y a une heure et être gardé par un garde du corps pour assurer sa sécurité. La veille, en faisant sa valise, l'adolescente avait été prise de panique en se rendant compte qu'elle allait passer trois heures en compagnie d'un inconnu. La jeune fille avait demandé à son père de l'amener à la gare mais une fois à Pau elle avait changé d'avis et s'était embarqué dans le premier TGV pour Paris. Comme l'avait dit sa meilleure amie autant resté soi-même. Six heures de trajet... Elle avait pu somnoler comme un bébé. L'adolescente avait fini par embarquer dans le très célèbre Eurostar après avoir passé un coup de téléphone à monsieur Higgings pour s'excuser de son attitude et lui promettre qu'elle arriverait dans la journée comme prévu. Le manager avait été compréhensif. L'adolescente était contente que ce soit lui qui lui parle et non l'autre. Marina faisait à présent face à un petit garçon de cinq ans jouant avec des voitures en plastique.

Après avoir accepté la proposition et en avoir parlé à ses parents, Monsieur Higgings lui avait envoyé des billets d'avion pour Londres. Elle avait juste eu le temps de mettre ses affaires en ordre et de faire sa valise. C'était les larmes aux yeux qu'elle avait dit au revoir à Lily Ange. Du haut de ses neuf ans elle avait eu du mal à accepter que son modèle ne quitte le pays. Elle n'avait pas été préparé à cela. Marina avait caressé ses cheveux roux, l'avait embrassé une dernière fois. La petite était au courant pour les 900 000 euros et elle était assez mature pour savoir que cet argent était sa porte de sortie. L'enfant avait été placé en foyer dès ses premiers jours de vie lorsque la mère de la petite avait frappé à la porte de son amant. Le père de Marina, et du bébé, l'avait renvoyé sur le trottoir. Marina avait juré de s'occuper d'elle malgré les interdictions de ses parents. L'adolescente avait grandi trop vite.

Lily Ange. La photo sépia dans son porte-monnaie la fit sourire. Elle avait été prise au bord du Rhône dans les hautes herbes. Lily souriait à la caméra tandis que sa sœur grimaçait à cause du soleil. C'était une bonne époque. Marina s'endormit sur cette pensée. Ce fut la mère du petit qui réveilla la jeune fille avant de s'éclipser avec un sourire. L'adolescente sortit du train, son sac noirâtre sur l'épaule et des mitaines effilochées aux mains. La foule l'étouffa mais elle se sentit protéger par tous ces voyageurs pressés. Elle trouva sans grande difficulté la sortie sous le grand dôme de verre. A l'extérieur, la blonde resta un instant paralysée. Marina n'avait jamais pris le taxi et elle était un peu trop timide pour héler une voiture elle- même. Elle sortit de sa poche le bout de papier sur lequel figurait l'adresse où elle devait se rendre. Peut- être pouvait- elle y aller à pied. Londres ne pouvait pas être si grand. Ce fut un vieil homme qui la sortit de cette situation en lui proposant gentiment de prendre sa place.

Marina le remercia, émue de ce geste. Elle était au bord des larmes et de la crise d'angoisse. Le chauffeur lui demanda où elle voulait se rendre. Pour toutes réponses elle lui tendit son papier. Cranley Gardens serait sa nouvelle demeure pour les six mois à venir... Elle avait envie de savoir à quoi cela pouvait bien ressembler. Au vu du personnage se serait sûrement une grosse villa au bord de la Tamise, près d'un parc, ou en plein centre- ville. Elle s'était retenu de faire une petite recherche sur google map.

L'adolescente tenta de se calmer du mieux possible. Il ne fallait pas que quelqu'un la voit dans cet état. Elle n'était plus une petite fille... A son âge certaines faisaient déjà le tour du monde. Les voyages l'angoissaient. Elle adorait ça mais à chaque fois l'adrénaline et la tension montaient en elle pour finalement se relâcher quand elle arrivait à destination. L'adolescente chassa les larmes qui lui voilaient le regard et inspira profondément. Elle pouvait le faire. Elle observa le paysage londonien pendant plus d'une heure à cause des embouteillages. Le taxi s'engagea dans une rue bordée d'immeubles typiquement anglais en briques rouges ou blanches. Remerciant le chauffeur elle lui tendit deux billets et se retrouva seule avec sa valise et son sac sous un ciel sombre. Le mauvais temps était chose courante ici... Elle devrait s'y habituer.

Six months against youWhere stories live. Discover now