Chapitre 1

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Point de vue Marina
Juillet 2013


Les rayons du soleil transperçaient les maigres vitres de la librairie. Assise derrière un petit comptoir croulant sous les bouquins fraîchement arrivés, une vieille femme aux traits tirés terminaient les comptes de la journée. Le samedi était surement le jour le plus long de la semaine. La rue explosait de vie et des rires des enfants, des conversations de jeunes gens s'échouaient sur le perron de la boutique. Dans son silence enchanteur les vitrines ne laissaient filtrer que la voix excitée de la Française. Debout dans un coin, elle terminait de classer les albums en fredonnant une chanson étrangère dont la dame ne pouvait que retenir le refrain:

« Non, rien de rien.

Non je ne regrette rien

Ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal.

Tout ça m'est bien égal »

Lançant un coup d'œil à sa montre, la vieille femme sourit et lança :

- Marina il est déjà 18 heures tu devrais rentrer chez toi.

La jeune fille pivota vers sa supérieure et lui rendit son sourire en hochant la tête. Les derniers livres d'images pour enfants trouvèrent leurs places sur les étagères et elle passa dans l'arrière- boutique. L'adolescente récupéra son sac et pris congé en souhaitant à la libraire un bon week end, après l'avoir serrée dans ses bras. L'étrangère s'élança dans la rue et dégaina son portable : 5 messages. Elle les parcourut rapidement. Un sourire s'inscrivit sur son visage dès qu'elle vit le nom de Jeoffrey illuminer l'écran.

RDV au bowling dans une demi-heure ! On et déjà tous là-bas on t'attend bouge tes fesses !!!

God mais le bowling était loin ! Elle se dépêcha de couper par les petites rues et finit par déboucher sur Lynn Road. La route était un long serpent de goudron, un insecte cuisant au soleil. Pour une fois qu'il y en avait dans ce pays pluvieux. L'adolescente enfonça ses écouteurs dans les oreilles, lança la musique. Son groupe préféré prit possession de l'espace et la jeune fille laissa ses pensées défiler le long de la route. Les paroles rythmaient ses pas. Ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait au bowling et le chemin commençait à lui être familier. Les maisons grisâtres se succédaient suivies des commerces et des stations – services. Mais bientôt il n'y eut que des terrains vagues et des prés.

Elle pensa à son père et à ses amis restés en France. Elle pensa à son père et tout naturellement à sa mère. Sept mois que la jeune fille ne l'avait pas vu. Les rares liens qu'elle avait avec sa génitrice avait disparu deux ans auparavant. Après l'accident. Bien que fâchée avec son père, elle s'était résolue à vivre avec lui dans une banlieue du sud de la France. Adieu la maison avec jardin, bonjour les appartements soufflés par le vent marin. Marina crispa ses poings. Le paysage était plus désert que des couloirs d'école. En parlant de ça... Ses pensées s'égarèrent jusqu'aux salles abandonnées de son lycée. Elle avait une réputation là- bas. Les autres élèves la craignaient, la respectaient et ne l'embêtaient pas. Elle, ils la terrifiaient. Ses masses informes se collaient les unes aux autres, bourdonnaient ensemble. Malheureusement toutes ses connaissances et ses voisins de quartier allaient au lycée public contrairement à elle. Trente minutes de marche pour aller s'asseoir sur les bancs d'un établissement privé. Elle aurait préféré passé ses journées au bar à servir les rares clients avec sa meilleure amie mais d'après cette dernière ce n'était pas un endroit pour elle. Marina aurait aimé partager sa journée entièrement avec Abigaël. Elle repensa, mélancolique, aux yeux et aux boucles sombres de la jeune fille.

AC/DC laissa place à Shinedown et elle continua sa marche, toujours bercée par les voix douces de son groupe adoré. Encore une semaine. Une semaine et elle devrait reprendre l'avion pour rentrer chez elle. Il ne lui restait plus qu'une semaine au paradis. Ici, tous les problèmes semblaient s'évanouir. Ici, elle était libre de prendre un jour de congé et de sauter dans le premier train qui l'emmènerait à l'autre bout de l'Irlande. Elle était libre de sortir le soir avec ses amis sans laisser un mot sur la table. Elle était libre d'être elle-même et non la méchante attrape scoop de l'école ou la gentille petite fille des bas quartiers. Elle n'avait pas ce masque qui lui dévorait le visage. Ici elle était elle- même. Juste Marina Arandia.

Point de vue Niall

Des heures qu'ils le suivaient. Des heures qu'ils capturaient ses moindres faits et gestes. Des heures qu'il se retenait de ne pas aller leur en coller un. L'Irlandais souffla un bon coup avant de démarrer le moteur et d'appuyer sur l'accélérateur. C'était dommage qu'il ne puisse pas dépasser la limite de vitesse mais ce n'était pas le moment de perdre ses derniers points sur son permis. Il n'était pas mécontent d'être pris en photo... Au contraire elles amélioraient toujours son image auprès du public. Mais étaient-ils obligés de le prendre quand il était avec d'anciennes connaissances ! Elles n'étaient pas assez bien pour remonter sa côte. Il n'avait aucun remord à penser ça d'eux. Il savait très bien que ceux- là ne l'avaient invité que pour son métier.

Il s'engagea sur la route. Un sourire s'incrusta sur son visage quand son portable vibra, affichant le nom de sa petite amie.

- Coucou bébé !

- Salut Mimi !

- Arrête de m'appeler comme ça ou je raccroche !

Dommage, moi qui voulait entendre ta voix.

- Justement je t'appelais parce que... J'ai reçu une proposition géniale pour ma carrière !

- Poser pour Colgate ?

Il mit son clignotant pour s'engager sur l'une des routes principales.

- C'est hilarant ! Sérieusement je pense valoir un peu mieux que ça, non ?

La voix de la jeune femme se fit plus dure. Le jeune homme leva les yeux au ciel et se maudit d'avoir tenté de faire de l'humour. Emma n'était pas connue pour en avoir.

- Bien sûr... Laisse tomber. Donc, cette proposition ?

- Je vais défiler pour Channel !

- Mais c'est génial !

- Oui ! Je commence dans quelques semaines. Je dois y aller ! On se voit vendredi prochain ?

- Évidemment. Un restau en tête à tête ça te va ?

- Sûre ! Bisous !


Elle était belle, sublime même et elle était sa petite amie. Emma était drôle, ouverte, cool... quoique les adjectifs qui la caractérisaient le plus étaient bosseuse, ambitieuse et persuasive. Elle ne se prenait la tête que par son travail : le mannequinat. Le reste du temps elle le passait avec ses amis, sa famille et lui. S'il l'aimait ? Bien sûr. Il devait avouer qu'il n'était pas très fort pour mettre un nom sur ses sentiments mais ce qu'il ressentait pour Emma était très fort. Il ne pouvait pas nier qu'il se sentait bien en sa compagnie. Ils étaient sur la même longueur d'ondes.

On lui avait souvent fait remarquer qu'il ne montrait pas assez ses sentiments mais Emma ne s'en plaignait pas. Il était devenu le meilleur acteur de sa propre vie. Il mentait aux journalistes. Il mentait à sa famille. Il mentait à ses amis. Seul son groupe avec qui il était très soudé connaissait sa véritable personnalité. Ses pensées dérivèrent sur le prochain concert qu'ils allaient devoir donner dans le nord de l'Angleterre. C'était le genre d'événements qui lui laissait de bons souvenirs. Il avait adoré la fois où un groupe de fans hystériques l'avaient insulté lorsqu'il descendait de scène... Non il n'était pas sado- maso mais l'article et les réactions sur internet lui avait suffi pour se consoler. On avait bien parlé de lui. C'était le principal dans cette affaire de fou. Enfin le croyait- il. Il n'avait pas tout de suite compris pourquoi les autres s'inquiétaient pour sa santé mentale. Il allait très bien. Il était heureux.

Toutes les fans le prenaient pour le gentil, timide et gourmande irlandais de la bande. En réalité il n'était rien de tout cela et il ne voulait pas le devenir. Il reçut un sms d'un de ses anciens amis lui confirmant qu'ils avaient bel et bien rendez- vous au bowling. Il grogna de mécontentement. Sa seule envie était d'aller s'enfermer dans sa chambre, s'enfoncer dans son lit. Il tourna sur Lynn Road et jeta un coup dans le rétroviseur. Les paparazzis ne semblaient plus le suivre. Une bonne chose de faite.

Il pila au dernier moment. La forme ne l'avait pas interpelée avant. Son pied glissa sur la pédale de frein. Une silhouette sombre se retrouva propulsée sur le bitume.

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Bonjour tout le monde! Je suis en train de réécrire toute la fiction et je viens de remarquer les horribles fautes que j'ai faite... Il y en a sûrement encore mais moins j'espère. Je rajoute aussi du texte mais ça ne change rien à la compréhension de l'histoire. :)

Bisous

Six months against youWhere stories live. Discover now