Chapitre 5 : La Chose et Moi

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Je pense que le jour où j'obéirai, je ne serais plus vraiment moi.

Je pense que le jour, où je laisserai ma vengeance de côté, je renierai une partie de mon identité.

Je pense que le jour, où la vie aura décidé de me laisser tranquille, je ne serais plus en mesure d'en profiter.

Je pense que le temps est précieux et que l'on est toujours loin de penser que des coups, des regards et des mots peuvent faire de toi : un symbole, l'élue destinée à diriger l'armée rêveuse de liberté.

Je pense que c'est toujours les personnes qui veulent rester cachées, agir en secret, qui sont mises sur le devant de la scène, et qui doivent improviser en jouant avec la réalité.

***

-Mais laisse-moi ! Laisse-moi ! Criai-je tandis que cette brute me tenait fermement le bras.

Après notre petit épisode au sol, elle n'avait pas réessayé de me porter. Bien. Bien.

La chose en face de moi VS Moi = 2-1.

Je devais reconnaître qu'elle m'avait bien prise de court et par deux fois. La première fois en me plaquant contre son torse, la deuxième en me faisant taire. Mais, je ne comptais pas en rester là ! On m'avait longuement répété que j'étais mauvaise joueuse... Eh bien, je l'acceptais !

Tout était étrange aujourd'hui ! Bien trop étrange ! Les quelques personnes qui m'avaient observé tout à l'heure avaient disparu et j'étais seule avec cette « bête ». Et on va dire, même si je ne le reconnaîtrai jamais à voix haute, que je ne me sentais pas en sécurité. Je faisais tout pour l'empêcher d'avancer, et de m'emmener avec elle. Alors oubliant un peu ma dignité, je m'accroupis comme une enfant et mis tout mon poids à tirer sur son bras.

-Mais c'est une blague ! Tu es vraiment ridicule là, t'en rends-tu compte ?!

Je ne lui répondis pas et tirai un peu plus encore sur son bras.

-J'aurai voulu avoir le plaisir de te dire que tu pèses aussi lourd qu'un éléphant mais malheureusement pour toi et, par chance pour moi, tu es beaucoup plus légère qu'un ver de terre anorexique !

La chose en face de moi VS Moi = 3-1

Mon orgueil encaissa difficilement le coup de cette insulte. Moi, qui prenais tant de plaisir à grossir en m'empiffrant de tout et n'importe quoi, en étant juste à la limite du poids autorisé. Et là, cette chose idiote me traitait de ver de terre anorexique ?

A contre cœur, je laissai passer. Mon ego prendrait un coup beaucoup trop grand, si elle arrivait à m'emmener.

-Eh ! Oh ! Tu es sûre que tu as bien dix-neuf ans ? Parce que dans ta petite, toute petite, petite tête tu parais en avoir six ! cria-t-elle agacée par mon mutisme et mon insistance.

Bien, bien, elle était agacée... J'étais sur le bon chemin.

La chose en face de moi VS Moi = 3-2.

La chose me tirait pour que nous avancions et il était clair qu'elle était beaucoup plus forte que moi. Mais, je ressentis comme une décharge électrique en repensant à ces derniers mots. Comment savait-elle que j'avais dix-neuf ans ?

J'arrêtai toute forme de résistance soudainement, sauf qu'elle n'eut pas le temps de réagir. Alors, emportés par l'élan qu'elle avait pris pour nous faire avancer, nous nous retrouvâmes une nouvelle fois au sol. Moi sur elle cette fois. J'allai esquisser un mouvement pour m'échapper, je voyais là un avantage considérable, mais l'horreur enserra mes hanches d'un coup et me plaqua à elle.

La Clef de mon PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant