Chapitre 3 : Conscience

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« Souvenir, Souvenir, que me veux-tu ? »

Pourquoi t'obstiner,

A me torturer ?

Doucement, tu me tues,

Plus vite que Maladie ne m'éventre !

Il faut que je rentre !

Mais où partir quand nul endroit n'est refuge ?

Mais où fuir quand tout le monde te juge ?

Comment pleurer quand ton égo,

T'illusionne en te susurrant que tu es un héros ?

Conscience enlève ce superficiel casque,

Retire ton masque !

Laisse apparaître Regret,

Laisse-le me consumer !

***

Je restais immobile de longues minutes, incapable de réfléchir. Elle était morte. Morte.

Je l'avais tué. Je. Moi. Elle n'ouvrirait plus les yeux. Jamais. Morte.

Il y avait du sang partout. Elle ne respirait plus. Comment s'appelait-elle ? Morte. Non. Lily-Rose.

Ma main se mit brusquement à trembler, puis ce fut tout mon corps. Le ciseau tomba au sol. Ma respiration était hachée. La sienne silencieuse. Je pouvais bouger. Elle était immobile. Elle était blanche et semblait avoir froid, je mourrais de chaud. Morte.

L'avais-je délivrée ? L'avais-je sauvée ? Grace à moi, était-elle en paix ? Son visage était toujours souriant. Etait-elle heureuse que je l'aie tuée ? J'avais fait quelque chose de bien.

Tu es un monstre.

-Non ! Je l'ai aidée ! J'avais raison, je...

Tu l'as tuée. Elle était heureuse. Tu lui as pris la vie ! Mais de vous deux c'est toi qui ne mérite pas de vivre !

-N'importe quoi ! Je suis l'élue...

L'élue de quoi ? Celle qui tuera vos oppresseurs ? Tu veux la gloire, le pouvoir. Tu veux le sang.

-Non ! Je ne veux pas le sang ! Mais, j'ai le devoir de tuer !

Le devoir ? Le devoir ? Oseras-tu les accuser de lâcheté, de cruauté, de meurtre alors que tu viens d'assassiner froidement un être innocent ?

-Elle n'était pas innocente !

Que t'avait-elle fait ? Qu'a-t-elle dit ? Toutes ses paroles n'ont été que bonté et bienveillance et pour la remercier, que fais-tu toi, ô monstre, tu la poignardes sauvagement ?

-Tais-toi ! Elle le méritait ! Elle...

Meurtrière. Lâche. Monstre.

-Tais-toi !

Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre.

-PAS UN MOT DE PLUS ! hurlai-je.

Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre. Meurtrière. Lâche. Monstre... Tu ne te le pardonneras jamais, tout comme eux, t'exileront pour cette trahison ! Pour ce crime, tu payeras...

-Tout cela est de sa faute ! Si elle ne m'avait pas parlé ! Si la vie avait été juste, elle n'aurait jamais été heureuse, alors elle ne serait pas...

Morte ?

-Ainsi.

Morte.

Sans vie.

Je m'agenouillai à ces côtés. L'odeur du sang me prit soudainement, m'asphyxiant, et me ramena à ce jour-là, maudit et terrible. Celui où ma haine était refoulée et innocente. Ce jour où je n'avais que quinze ans...

***

Je hurlai. Ma chair semblait être en train de brûler vive. Je voulais mourir. Je saignai. Du sang. Partout du sang. Je voulais vomir. Je fermai les yeux, je ne voulais rien. Je voulais tout. Pitié arrêtez la douleur ! Pitié tuez-moi ! Pitié ! Les draps collaient à mes plaies. La douleur lacérait chaque parcelle de mon être. Je me sentais mourir. J'avais mal si mal. Le visage de la Reine, les pleurs des petites filles, les cris de Rosalie : tout accentuait ma souffrance. J'avais tellement honte, tellement mal. Je suppliai le ciel de faire cesser ma peine. J'étais détruite. J'avais l'impression que le fouet était ancré, collée à ma peau, que plus jamais il ne s'en séparerait. J'avais chaud. J'étouffais dans cet espace clos.

Je tendis le bras vers un vers d'eau, mais une pique de douleur relança mes cris. Le verre s'écrasa au sol, dans un fracas. Le peu d'eau qu'il contenait se répandit au sol. Je voulais mourir. Je voulais mourir. Je pleurais. Pourquoi avais-je fait ça ? Pourquoi étais-je moi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

J'avais tellement mal ! Aidez-moi ! Pitié ! Ayez pitié !

Cette nuit-là, personne ne vint.

***

Sans que je ne m'en rende compte, les larmes commencèrent à couler sur mes joues. Je n'étais pas triste.

Admets que tu es faible.

-Je suis forte.

Admets que tu regrettes.

-J'ai bien agi !

Assume que tu es humaine !

-Qui es-tu ? Quel droit penses-tu avoir sur moi ? Comment dis-tu savoir tout ceci ?

Je suis toi. Je ne suis personne d'autre que toi-même. Je suis ta conscience Anaëlle.

-Eh bien Conscience comme tu l'as dit : je suis un monstre. Alors, va te faire foutre !

Morte. Morte. Morte. 

La Clef de mon PasséTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang