Chapitre 4 : Quête de vérité

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Extérieur.

Ciel bleu.

Soleil merveilleux.

Sourires.

Rires.

Amitié.

Fraternité.

Intérieur.

Violent orage.

Irrémédiables ravages.

Pleurs.

Horreur.

Impardonnable faute.

Morte.

A travers ce chaos effréné,

Réside le désir de liberté,

De connaître enfin la vérité !

***

J'étais comme dans un état second. Tout était abstrait. Figuratif. Un petit aboiement me sortit de ma transe.

Valentin, le petit chiot, était là devant moi. Je l'avais totalement oublié ! Mais comment était-il entré ? Comment était-il arrivé ?

Il me fixait. Ses yeux semblaient remplis de regrets, de tristesse et de reproches. Je me sentis jugée. Je détournai le regard et observai le corps sans vie de Lily-Rose. En l'espace d'une minute, le ciseau l'avait tuée, elle était morte. Si rapidement. Il était encore dans ma main. Si pointu. Si dangereux.

Je sentis quelque chose se mouvoir près de moi. Le chien blanc, s'était approché de moi. Il tenait quelque chose dans sa gueule. Il ne l'avait pas quelques instants auparavant, si ?

Il s'écarta du sang et posa ce que j'identifiai comme un parchemin au sol. Bizarrement, il n'était ni humide, ni abimé. Quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant, sans me poser plus de question, je l'attrapai et l'ouvrit. Il semblait vieux. Il y avait en réalité deux papiers. Je repérai immédiatement le sceau royal sur le premier, au bas de la page, accompagné du nom d'Annie, et une autre signature, celle d'une certaine Adèle. Je me rappelai immédiatement d'une de mes premières visions. Je revoyais très bien l'homme dire à Emmanuelle que l'enfant d'Adèle ne tomberait jamais dans les griffes de notre sorcière de Reine.

Je lus attentivement le document : « Tel que l'ont décidé la Reine Annie et le Roi Brice, l'enfant qui naitra de l'union de chairs, de Lucas de Lamarque et Adèle de Movihtar, ne sera pas reconnu comme leur.

Ayant été reconnu humble, beau et intelligent homme, Lucas de Lamarque sera le géniteur.

Considéré comme douce, belle, intelligente et en bonne santé, Adèle de Movihtar sera la génitrice.

Aucun refus ne sera toléré. Toute contradiction sera considérée comme haute trahison et sera sanctionnée par la mort.

Le bébé sera l'héritier du trône d'Okanville.

La mère doit ci-dessous rédiger ce à quoi elle est engagée :

« Moi, Adèle de Movihtar, enceinte de Lucas de Lamarque depuis deux mois et demi, m'engage à offrir mon enfant au Royaume. A sa naissance, le nouveau-né sera adopté par la Reine Annie, et n'intégrera donc pas Annie ou Brice Avenue. Il sera le/la futur(e) prince/princesse d'Okanville.

Je m'engage à être prudente durant ma grossesse et à n'opposer aucune forme de résistance aux conseils, ordres et recommandations de tous les membres du Palais.

Je m'engage à quitter ma maison pendant huit mois et à venir vivre au Palais.

Je m'engage à ne jamais parler de ma grossesse à personne. Tout restera secret et tombera dans l'oubli après la naissance. Ce sera comme si rien ne s'était passé. J'aurais l'année prochaine, mon second enfant avec mon mari, Bruno de Movihtar, qui sera reconnu comme mon premier. Mon mari ne sera jamais tenu au courant des faits énoncés ci-dessus.

Je ne donnerai pas de prénom à mon enfant.

Reine Annie. Adèle de Movihtar. »

Je restai bouche bée devant ce document. Mais, où donc s'arrêtait la cruauté d'Annie ? Elle arrachait tous les enfants à leur naissance, mais laissait normalement aux mères le droit de reconnaitre leur grossesse et de donner un prénom à leur enfant ! Cette Adèle avait clairement un couteau sous la gorge. Elle était forcée de tromper son mari pour la Reine, alors que l'une des foutues règles de ce foutu code Civil l'interdisait sous peine de mort ! Obligée de porter un enfant qu'elle n'aurait même pas le droit de reconnaitre !

Les différents éléments se mirent alors en place dans ma tête. J'avais enfin compris quelque chose qui m'échappait depuis le début. Annie ne pouvait pas avoir d'enfant. Annie était stérile. C'est pourquoi, de longues années auparavant elle avait élu un homme et une femme, Adèle et Lucas, en fonction de critères précis, pour avoir l'enfant le plus précieux. Adèle avait été forcé d'entretenir des rapports avec un amant illégitime, Lucas, était tombée enceinte de lui puis, avait été forcée de signer le contrat. A la naissance de son bébé, elle ne s'était finalement pas résignée à laisser sa progéniture aux mains d'un monstre. Pour cela, elle avait sacrifié sa vie. Pour sauver la chair de sa chair. Dieu seul savait comment elle avait réussi ! Grâce à mes visions, j'en étais persuadée ! Adèle y avait apparemment laissé la vie, mais grâce à de nombreuses personnes l'enfant avait été emmené à Annie Avenue.

Je me concentrai alors sur le deuxième document : deux photographies. La première semblait plus ancienne. La plupart des personnes présentes, je les connaissais, enfin, je les avais déjà vues quelque part... Oui dans mes visions ! Il y avait la dame qui s'était sacrifiée pour le bébé, Jérôme, Emmanuelle, Adèle, le vieux monsieur de la réunion, et deux autres hommes. Un assis au sol, avec Emmanuelle, l'autre qui tenait amoureusement Adèle dans ses bras. J'avais un doute : cet homme était-il Lucas ou Bruno ?

La seconde, était également une photographie de groupe, beaucoup plus récente. Au centre, je reconnus Louna et Julien, qui s'embrassaient. A droite de Louna, je vis Valentin qui la tenait par la hanche, souriant à l'objectif, et la brune blessée à la jambe qui m'avait demandé de sauver son amie des flammes. Près de Julien, se trouvaient Maëlle et Chuck enfin... Tomas. Elle était en train de lui donner une tape sur l'épaule, et il semblait rire aux éclats. Assis par terre, il y avait trois personnes : le fameux Ludovic, Margaux et... Lily-Rose.

Je fixai intensément les photographies.

Deux générations.

Deux époques de rébellion.

En effet, ils étaient tous rebelles. Je le sentais. Je le savais.

Ils paraissaient tous si heureux.

Ils se connaissaient tous.

Ils étaient tous amis.

Ils avaient tous un lien. Tous liés.

La seconde photographie m'apparaissait à présent comme un puzzle. Chaque personne était une pièce particulière, irremplaçable. Et toutes ses pièces s'assemblaient pour former un puzzle géant, un puzzle de rebelles.

Or, je venais d'en anéantir une.

La Clef de mon PasséWhere stories live. Discover now