Chapitre 7 : Rêve VS Cauchemar

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Qu'est-ce qu'un cauchemar ?

Synonyme de mauvais songe.

Mais pourquoi Cauchemar est-il qualifié de mauvais ?

Quand on dit Cauchemar, les premières choses qui te viennent à l'esprit sont : peur, terrible, horrible, étouffant, perturbant.

Qu'est-ce qu'un rêve ?

Synonyme d'agréable songe.

Mais pourquoi Rêve est-il qualifié de bon ?

Contrairement à Cauchemar, Rêve est assimilé à la douceur, à la nuit, aux étoiles, aux douces pensées du soir.

Pourquoi est-il nécessaire qu'il existe des opposés ? Des ennemis ?

Car, stratégiquement regardée, la nuit n'est qu'une nouvelle table de jeux, sur laquelle se disputent de nombreux combats.

L'un des plus féroces : Rêve VS Cauchemar.

***

J'ouvris les yeux. Tout était sombre autour de moi. Je grelottai de froid. Mon corps était figé. Je ne pouvais plus bouger. Je tentai d'ouvrir la bouche pour appeler à l'aide, mais les mots restèrent bloqués dans ma gorge. Rien. J'étais incapable de parler. Ma respiration s'accéléra et je fis plusieurs tentatives. Mais rien. Rien de rien. Je ne pouvais plus parler. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues. Elles étaient gelées, tranchantes. J'eus l'impression qu'on me striait les joues de coups de couteau. La douleur s'empara de moi et les larmes redoublèrent. Alors, la douleur augmenta. Je tremblai. J'étais muette. J'avais mal. Je criai.

Tout s'arrêta.

***

J'ouvris de nouveau les yeux, je me sentais en sécurité.

Protégée.

Une douce chaleur réchauffait lentement mon corps. Je bougeai légèrement mes lèvres et soufflai. J'émis un son. Jamais, je n'aurai cru qu'entendre ma propre voix et savoir que je pouvais parler me ferait autant de bien. Je me relevai et distinguai non loin de moi une forme. Une forme lumineuse, chaleureuse, douce. Je me levai, et avançai vers elle. Curieusement, plus je m'approchai puis elle s'éloignait. Son visage était flou, baigné de lumière, je n'avais jamais vu quelqu'un comme ça. Resplendissant, brillant. Pourtant, cet être de lumière restait dans l'anonymat.

Je souris.

Je fis un nouveau pas, en tendant le bras. Puis, un autre, et là je sentis le sol s'ouvrir sous mes pieds. Je tombai. Je hurlai.

Tout s'arrêta.

***

Recroquevillée sur moi-même, je pleurai à nouveau. Mais, que se passait-il ?

Courageusement, je décidai d'ouvrir à nouveau mes yeux. Je me retrouvai face à face avec la Reine. Elle était juste là, devant moi à portée de mains. Même son sarcastique petit sourire ne manquait pas à l'appel. A ses côtés, la Chose qui m'horripilait et qui se disait "homme". Elle me scrutait de ses yeux vert émeraude. Son regard était à la fois amusé et peiné. Je n'avais jamais vu ça. Je n'avais jamais vu quelqu'un qui pouvait, à travers ses yeux, exprimer deux émotions diamétralement opposées et m'intimider autant.

La Reine s'avança vers lui. Elle l'embrassa. A pleine bouche. Mon visage se tordit en une grimace de dégoût. Ils s'écartèrent l'un de l'autre. La Chose tenait à présent un couteau dans ses mains qu'Annie semblait lui avoir donné. Il me regarda à nouveau. Plus aucune trace de peine, juste de l'amusement. Il s'approcha de moi. Sans force, j'étais prête à mourir sous sa main. Je fermai les yeux, à la fois terrorisée par la suite mais extrêmement calme de savoir que c'était la Chose que je détestais qui allait me tuer. Mais au bout de quelques minutes, toujours rien. Rien ne se passait.

J'ouvris alors de nouveau les yeux, pour voir le sois disant "homme" encore plus loin qu'auparavant. Ce n'était pas vers moi qu'il s'était dirigé. Mais là je vis la personne qui était agenouillée à ses côtés. Rosalie. Il me regarda. Il sourit. Et lui enfonça le couteau dans le cœur.

Je hurlai, enfin je tentai. De nouveau, j'avais été privé de la parole. Tout était flou autour de moi, j'étais en train de sombrer. Tout semblait s'écrouler.

Tout s'arrêta.

***

Secouée de sanglots et de frissons, j'ouvris de nouveau les yeux. Avoir assisté à la mort de Rose m'avait presque tué. Je n'en pouvais plus. J'étais vide.

Je ramenai mes genoux contre ma poitrine et me balançai. Il fallait que j'oublie tout ça. Je devais oublier tout ça. Je sentis deux bras entourer ma ceinture. Je ne bougeai pas. On s'assit à côté de moi.

Sans rien regarder, je posai ma tête sur les genoux de la personne. Je tremblai encore mais beaucoup moins, la présence me calmait. On me caressa doucement les cheveux, ramenant délicatement des mèches folles derrière mon oreille. Ma respiration se calma. Mon cœur ralentit.

J'entendis juste une voix qui me chuchota "Je suis là." Je fermai à nouveau les yeux et tranquille, cette fois, je sombrai.

***

Cette nuit-là, c'était Rêve qui avait fini par gagner.

***

J'ouvris doucement les yeux. Encore dans un demi-sommeil. Ma gorge me brûlait. Ma tête me faisait mal. Je sentais mes vêtements trempés de sueur collés à ma peau. Je me sentais mal. Très mal. La lumière était douce là où j'étais. Des bruits agaçants et réguliers de machines résonnaient. J'étais dans un endroit qui m'était encore inconnu. Un peu affolée, je me relevai.

Je reconnus vite les appareils qui m'entouraient. A ma droite, l'un surveillait les battements de mon cœur, à ma gauche, l'autre mesurait la quantité des différentes substances qui rentraient dans mon corps à l'aide de la transfusion. Inquiète à cause de cet endroit inconnu, je remuai. Je me demandai ce qu'on m'avait fait. Je ne portais plus ma robe noire. Quelqu'un m'avait changé. J'étais seule.

Prise dans un élan de panique, je décrochai tous les fils qui me reliaient aux machines. Celle du cœur, provoqua une alarme stridente. Rapide, j'enlevai le reste, et me relevai.

La tête me tourna, j'étais abasourdie. A moitié assommée, je me dépêchai d'avancer vers la porte, qui s'ouvrit à la volée. Mais, j'eus juste le temps de voir la Chose qui m'horripilait puis je m'écroulai dans ses bras. 


La Clef de mon PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant