Chapitre 1 : Danger imminent

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Femme de peu de foi

Vie domptée par les lois.

Privée de liberté,

A un rocher, férocement enchaînée.

Mélangez tout ça,

Ajoutez une pointe de rancœur,

Un soupçon de peur,

Un zeste de cette haine atroce.

Et devant vous voilà bête féroce,

L'être dominant,

Un danger imminent.

***

Mourir ? J'allais mourir ? L'air commença brusquement à me manquer. J'allais mourir ? Ce n'était pas possible ! Non ! Il fallait à tout prix que je sorte de ce conduit d'aération, j'avais besoin de respirer, de hurler. Je ne mourrais pas. Bien sûr que non ! Tandis que je tentais de m'échapper, j'entendis Valentin :

-Son corps semble être en train de... de lâcher. Elle perd beaucoup de sang, a des hallucinations, de la fièvre et maintenant des crises de vomissements. A ce rythme-là, je ne lui donne pas plus que quelques semaines, quelques mois tout au plus, avant que ces organes vitaux ne cessent de fonctionner.

La panique me tétanisait ! Non, je n'allais pas mourir ! Non ! Je ne voulais pas mourir. Aussi vite que possible, je m'éloignai à quatre pattes de cette réunion maudite. Qui était-il ? Qui était-il pour annoncer ma mort ? Qui était-il pour les informer de mon décès d'un ton si détaché ? D'ailleurs, qu'en savait-il ? Médecin de pacotille !

-Lui as-tu bien administré le calmant ?

-Jusque tout à l'heure, oui.

-Comment ça ?

-Elle a refusé de le prendre ? Elle se doute de quelque chose ?

-Effectivement, elle ne m'a pas laissé la piquer.

-Valentin ! Tu sais bien, que ce calmant était la condition pour que nous la sortions d'Annie Avenue. Elle est trop imprévisible ! Elle n'en fait qu'à sa tête et surtout elle n'a confiance en personne ! cria Ludovic.

Et celui-là, qui se donnait des grands airs, qui était-il pour décider ainsi de mon sort ? Un de plus qui ne vivait que pour asservir les autres... Un de plus à ma liste.

Je ne sus par quel miracle, je trouvai une sortie, mais j'en trouvai une. Sous le regard surpris de nombreuses personnes, je m'échappai des conduits d'aération et me mis à courir. J'avais besoin de me défouler, d'évacuer cette rage qui me brûlait, cette haine qui me rongeait.

Je voulais les tuer. Tous les tuer !

Le souffle vint vite à me manquer et je m'arrêtai la poitrine en feu. Les poings serrés, une férocité incomparable m'avait saisie.

Une main se posa sur mon épaule et alors sans plus réfléchir, ma colère explosa. Sans un regard, je frappai. Mes poings martelèrent un corps, brisèrent une arcade et des lèvres. Mue par une soudaine force, mon instinct me guidait. Brutalement, mes mains serrèrent une gorge. Je resserrai encore ma prise, quand je fus propulsée en arrière. Mon dos cogna le mur et je m'affaissai telle une poupée de chiffon pourtant, mes yeux ne se fermèrent pas. Mon corps était lourd, ne me répondait plus. Allongée de tout mon long, j'observai la scène de près, mon esprit et mes émotions me semblaient pourtant si loin, en cet instant.

Une brune bien connue, se pressait au-dessus du corps que je venais de frapper. Elle semblait hurler. Je voyais sa bouche s'ouvrir et se fermer, ses larmes coulaient. Je la voyais secouer la personne qui était au sol. J'avais frappé quelqu'un ? Qui était-ce ? Toujours immobile, au sol, j'observais la scène comme un lointain spectateur.

La foule commença à s'amasser autour de nous. Personne ne bougeait, tout le monde semblait immobile, comme effrayé, terrorisé. Etait-ce moi qu'ils craignaient ?

Un étrange frisson de plaisir parcourut ma colonne.

Je vis alors une rousse s'approcher en courant, son visage baigné de larmes. Elle semblait hurler elle aussi. Je la connaissais. Je la connaissais ? Oui... Oui. Louna.

Louna.

Qu'avais-je fait ?

Personne n'esquissa un mouvement vers moi.

Louna prit la personne au sol dans ses bras et la serra. Je crus lire sur ses lèvres des « je t'aime » et des « s'il te plait ». Les larmes striaient ses joues.

Et alors je compris.

Julien.

Je venais de frapper Julien.

Julien était inconscient.

Julien était peut-être mort.

Etait-ce mal ?

J'étais totalement perdue. Ma tête me lançait, un spasme violent me secoua, mais je ne pus même pas vomir. Je sentais sur mon visage du sang qui coulait.

Avais-je tué quelqu'un ?

Julien allait-il survivre ?

Je venais de martyriser un innocent pourtant rien. Je me sentais vide.

Vacillante.

Un animal assoiffé de sang, dénué de raison, avide de violence. 

La Clef de mon PasséDonde viven las historias. Descúbrelo ahora