Chapitre 8 : Le Fruit Interdit

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Quand tu penses qu'il t'a trahi, tu ne veux pour rien au monde admettre qu'il t'a meurtri.

Quand on te l'interdit, tu en as juste encore plus envie.

Quand tu as goûté au fruit interdit, tu ne peux plus t'en passer.

Tu es devenue dépendante, il est désormais ta drogue pour avancer.

Les règles existent pour être transgressées,

Mais, prend garde car, au final,

Tu pourras seulement te rappeler,

Que nous t'avions prohibée de t'approcher,

Que nous t'avions mise en garde contre la tentation,

Mais, que tu as cédé à tes impulsions.

***

Il m'embrassa doucement, enserra ma taille d'un bras et posa son autre main sur ma nuque. Je me laissai aller, totalement déboussolée mais émerveillée. C'était la première fois que l'on m'embrassait et je n'aurai jamais pu imaginer de meilleure sensation. Mon désir de vengeance avait empiété sur tout et je ne m'étais pas permise de penser, qu'il aurait pu exister quelque chose de bon dans ce bas monde.

Certes, au début, j'avais été surprise par ce baiser soudain et j'étais restée impassible. Mais, emportée par une vague de désir, je l'avais embrassé en retour. Je ne savais pas si je me débrouillai bien. J'avais peur de tout gâcher. Il intensifia encore notre étreinte, en me serrant plus fort contre lui, en m'embrassant de manière plus... Passionnée ?

Je ne sus comment, mais mes mains se retrouvèrent dans ses cheveux. J'étais quasiment à bout de souffle lorsque quelque chose fit tilt dans ma tête : Valentin était médecin. Valentin avait plus de vingt ans. Valentin devait avoir été tiré au sort. Valentin devait être... marié !

J'eus l'impression de me prendre la claque la plus gigantesque de ma vie, et pourtant, Dieu seul sait, combien j'en ai prise.

Je m'écartai vivement de lui, mettant une distance entre nous.

Son regard était confus, mais il brillait, même si ses yeux paraissaient plus sombres que d'habitude. Il ne comprenait pas pourquoi je m'étais subitement écartée.

-Ana ? me souffla-t-il suspicieux.

-Quel âge as-tu ? lui demandai-je brutalement.

Il ne répondit rien.

-Quel âge ? demandai-je durement.

Il soupira longuement et je sus qu'il avait compris. Je savais.

-J'ai vingt-trois ans.

J'eus l'impression qu'un poignard s'enfonçait dans mon cœur. Je reculai encore, une main sur ma bouche.

-Tu es marié ! criai-je.

-Oui, me dit-il froidement.

-Tu es marié ! Marié ! Tu comprends ce que ça veut dire ! Marié ? M-A-R-I-E, épelai-je.

-Sérieusement Anaëlle ? Toi ? Tu vas vraiment me réprimander parce que je ne respecte pas le code civil ? Toi Ana ?

Je le regardai méchamment.

-Oui ! Moi, espèce de psychopathe ! Je suis d'accord pour renverser un gouvernement, je suis loin d'apprécier leurs règles, puisque je suis la première à vouloir les détruire. Mais, trahir une honnête femme qui t'attend à la maison ? Trahir quelqu'un avec qui tu partages tes nuits et ta vie ? Ça non ! Je ne suis pas une traitresse !

Comme ce discours sonnait faux... J'avais pris la première excuse qui m'était venue pour me justifier, pour tenter de cacher honte et gêne. La proximité physique avait été trop grande pour moi. Et je ne devais tisser aucun lien.

-Je ne l'ai pas choisie, hurla-t-il. Je ne l'aime pas ! Je ne ressens rien quand je suis avec elle ! Tu sais bien que je n'ai rien fait de mal en t'embrassant ! J'appartiens aux Rebelles, je veux choisir ma voie, ma vie, ma femme !

-Mais, tu en as déjà une ! criai-je. Elle est chez vous. Même si elle y a été obligée, elle s'est donnée à toi ! Et TOI, toi, tu la trompes !

En un instant, il se retrouva tout près de moi, son visage à quelques millimètres du mien.

-En fait, ce qui te dérange c'est que je t'ai embrassé, ou que j'en ai déjà embrassé une autre ?

Je restai abasourdie devant cette réponse. Comment osait-il ?

-Je... commençai-je.

Mais mon assurance s'envola quand il s'approcha encore.

-Tu ? me nargua-t-il.

-Tu n'es qu'un petit con ! soufflai-je.

Il sourit et s'empara à nouveau de mes lèvres. Je ne résistai pas bien longtemps et l'embrassai en retour. Je me laissai approcher aussi facilement... Je ne réagissais pas... C'était maintenant sûr et certain qu'ils m'avaient donné quelque chose.

Quand on s'écarta pour manque de souffle, je me décalai, histoire qu'il ne me touche plus et que je récupère l'intégralité de mes capacités mentales.

-Non. On ne peut pas faire ça. Je ne peux pas.

Valentin secoua la tête, et me répondit :

-Oui. Tu as raison c'était une erreur, une grosse erreur.

-Un moment d'échappement à ne pas reproduire.

-Juste une petite faiblesse. Rien du tout.

-Rien du tout.

-Bien, conclut-il.

-Bien, finis-je.

On se fixait, incapables d'articuler d'autres mots.

Il rompit le contact visuel et se détourna, se dirigeant vers la porte.

-Repose-toi ! Tu en as besoin ! On reparlera de tes malaises plus tard. Pour ce qui vient de se passer...

-De quoi parles-tu ? Il s'est passé quelque chose ? demandai-je avec une voix que je voulus innocente.

-Non. Non. Rien du tout.

-Rien du tout.

Il ouvrit la porte et sortit.

Je m'assis sur mon lit et soupirai fortement. La porte s'ouvrit à la volée, Valentin rentra à nouveau dans ma chambre, à toute vitesse. Il m'attrapa le bras et me donna un baiser fougueux. Il rompit l'échange, me regarda.

-Rien. Strictement rien.

Il m'embrassa une nouvelle fois.

-Rien du tout, dit-il.

Puis, il sortit de ma chambre, et ferma la porte. J'étais complètement étourdie. Je crois que je venais encore de compliquer les problèmes dans lesquels je m'étais embarquée.

La Clef de mon PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant