Doullina/Ilyane69

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Je me baladais tranquillement en plein centre ville accompagné de ma chère soeur jumelle, Camille. Il y a deux jours notre père nous a annoncé qu'il allait passer noël en notre compagnie. Un première! Normalement il passe ses fêtes de fin d'année en Argentine, au Guadeloupe, au Etats-Unis, au Japon... Toujours entouré d'une dizaine de jolies filles bien foutues (en plastique de préférence) et de jeunes hommes préparés mentalement à picoler comme pas possible. Tandis que moi je n'étais pas trop enthousiaste à l'idée de passer noël avec cet homme en pleine crise de la quarantaine alors qu'il en a cinquante, Camille elle, était sur-excitée. Ces deux derniers jours mon petit ange qui me sert de soeur a eu la charmante idée de me donner une idée bien précise de ce qu'était l'enfer. Combien de fois j'ai voulu l'emmener à l'hôpital pour qu'elle se taise? Un million de fois peut-être? Un milliard? Je ne sais plus... Pour vous donner un exemple, ce matin elle a voulu me réveiller. Elle aurait pu comme toute personne normale m'appeler. Mais non on ne fait pas ça en enfer. Là-bas on vous balance des seaux d'eau glacée en pleine tronche en criant "Debout Mat' aujourd'hui on va enfin lui acheter le cadeau de ses rêves!!!" Je sens que mon portefeuille va morfler...

- Et si on lui offrait une pipe? me proposa Camille.

-Quoi?! M'écriais-je choqué par les propos de ma soeur habituellement si innocente.

-Bah oui, regarde!

Elle me pointa, de son doigt vernis en rouge et en vert, une vitrine exposant de jolies petites pipes en bois avec un style ancien. Faudrait vraiment que j'arrête de lire des livres -18 sur internet...

- Tu penses qu'il fume? lui demandais-je.

Voilà pourquoi on galère comme des chiens depuis des heures à lui chercher un cadeau. On ne sait strictement rien de lui! Si on pouvait on aurait pu demander à maman mais... Elle n'est plus ici pour nous dire ce qu'il aurait aimé, si vous voyez ce que je veux dire... Elle nous a quittés quand on avait 10 ans. Ça va faire donc 7ans.

Je vis d'un seule coup la joie et le sourire de Camille déguerpir en un instant de son joli visage. C'est terrifiant.

-J'EN AI MARRE!!!!!! cria-t-elle

Elle se mit alors à fracasser violemment sa tête contre la vitrine. Tous les passants nous regardèrent surpris. Je saisis ma soeur de peur qu'elle se fasse vraiment mal.

-Calme toi nom de Dieu! fis-je d'un air sévère.

Elle plongea ses yeux verts dans les miens. J'y vis de la folie et surtout un grand chagrin. Puis j'entendis un sanglot, et un autre, puis un autre et encore un autre. Des larmes apparurent dans ses yeux et débordèrent. Elles étaient énormes et elles glissaient lentement sur ses joues rosies par le froid. Elle plongea sa tête dans mon torse et pleura doucement tout en s'excusant. Ça va faire un siècle que je ne l'ai pas vu pleurer et j'espérais secrètement ne jamais la revoir dans un tel état. Chaque larmes, chaque sanglot me faisait l'effet d'un coup de poignard en plein coeur. Je ne serais pas étonné de voir mon manteau taché de sang. Je caresse doucement ses cheveux blonds comme maman.

-Ça va aller Cam'... On va finir par y arriver...

-Non! On y arrivera jamais!

-Mais si... Allez viens. On a besoin d'une pause, on va faire un petit détour dans un café. Ça te va?

Je lui montre toutes mes dents avec l'espoir de la voir en faire autant.

-D'accord... Mais c'est toi qui payes.

-Okay... soupirais-je.

-Merci, Mat'.

Elle essuya discrètement ses larmes avec la manche de son beau manteau vert. Je lui pris la main et la trainai au café le plus proche. Là-bas, on s'installa confortablement et commanda deux cappuccinos. Une fois notre commande arrivée, je lui posai la question qui me brûlait la langue.

-Pourquoi tu as pété un câble toute à l'heure?

Elle regarda sa tasse comme si c'était la huitième merveille du monde sans même cligner des yeux une seule fois.

- Tu vas me trouver stupide.

-Bien sûr que non. Je suis ton grand frère, tu peux tout me dire.

- Et bien... J-Je pensais que si on faisait plaisir à père et bien... Il arrêterait ses voyages et ses plans bizarres... Pour rester avec nous.... Qu'on redeviendrait une famille normale... Comme avant la disparition de maman..

Elle baissa la tête et cacha son visage avec ses longs cheveux blonds. Je pus remarquer une grosse larme s'écraser sur la table. Ne supportant pas de la voir comme ça je la mis sur mes genoux, la berçant et lui parlant de la voix la plus douce possible.

-Tu sais pour moi, toi et moi, on est une famille normale. Certes on n'a ni de mère ni de père. Mais nous, contrairement à la plupart des autres familles, on s'adore et on est totalement dépendant de l'autre. Alors oui, on est tous seuls, oui on a pas de parents. Mais on est frère et soeur et surtout meilleurs amis. Ça c'est mieux que n'importe qu'elle famille "normalement composée". Tu trouves pas?

Sous mon petit discours niais que je n'assumerais pas dans 5 minutes, les larmes de Camille avaient laissé place à un mince sourire.

-Merci Mathieu...

-De rien ma belle. Allez bois vite sinon ça va refroidir.

Après mûre réflexion, Camille et moi avions pris la décision d'annuler la mission "perfect present". Le jour même en rentrant à la maison nous avions reçu un appel de père disant qu'il était soi-disant malade et qu'il devait rester à Sidney. Je m'attendais à ce que Camille soit touchée mais non. Elle ne ressentait plus rien pour cet homme, ne s'intéressant qu'aux choses essentielles : Nous.

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now