Miss_Plume

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-Passe- moi la farine Freddy !

Début décembre, chez nous dans les Vosges, c'est préparation des petits biscuits en pain d'épices pour fêter la Saint Nicolas. Notre tradition familiale veut que nous soyons tous réunis dans la cuisine pour les confectionner ensemble, ainsi nous échangeons sur nos souvenirs d'enfance. Or, Freddy subit ce moment de retrouvailles, comme un sentier de randonnées pédestres subirait les piétinements répétés des marcheurs. C'est pourquoi, chaque année, notre atelier culinaire se termine en champs de bataille où volent œufs, farine et autres substances poudreuses.

-Justine ? La farine, tu la veux avec ou sans élan ?

-Ah non Fred ! On commence seulement et je voudrais qu'il en reste pour la pâte à gâteaux !

J'adorais mon frère, malgré son côté bizarroïde. Vous allez me dire, pourquoi était-il étrange ? Eh bien, il commandait tous les ans, la même chose au père Noël et quelle chose ! Sur sa liste qu'il rédigeait toujours à 20 ans, il demandait à l'homme du pôle nord de lui rapporter une magnifique femme, dont je tairais la description par respect pour les jeunes lecteurs, afin de le supporter ou plutôt de passer le reste de sa vie à ses côtés. Chaque noël passant, il réalisait que le père Noël n'existait pas. Maman et moi avions beau lui rabâcher qu'une belle épouse n'allait très certainement pas tomber du ciel, rien n'y faisait, il attendait son cadeau sans sourciller. Au début, ça m'amusait, mais dorénavant, ça m'attristait, c'est pourquoi, j'invitais souvent mes amies à la maison, dès fois qu'il craque sur l'une d'elles. D'ailleurs...

-Ce soir, exceptionnellement j'ai dérogé à la règle « biscuits en famille » et j'ai invité Barbara, Marie et Capucine !

-Tu crains Ju ! Je n'ai pas envie d'être en compagnie de meufs attifé d'un tablier de cuisine à fleur !

-Tu as de la farine sur le nez ! T'inquiète frérot, t'es à tomber en ménagère de moins de cinquante ans ! Et tu sais, les filles adorent les gars qui s'investissent dans les tâches autrefois réservées à la gente féminine !

-Et en plus de ça, elle se fout de ma gueule ! Pfff... et bien soit, que l'humiliation de l'homme le plus sexy commence !

-T'es trop chou ! Je te promets que tu ne le regretteras pas, elles sont méga jolies, mes amies !

C'est avec un sourire lardant mon visage que j'ouvris la porte d'entrée à mes trois séductrices. Mais, comme d'habitude, Freddy resta insensible à leurs charmes et elles minaudèrent l'après-midi durant afin d'obtenir son affection. Je pourrais même ajouter, qu'elles bavaient littéralement sur le carrelage en le regardant, au point de me donner envie d'ériger un panneau : « attention terrain glissant ! ». Les petits biscuits avalés, elles repartirent bredouilles, sans rendez-vous et sans espoir d'en obtenir un. Je jetais l'éponge, je n'avais plus de cartes maîtresses pour gagner cette bataille de cœur. Les jours s'égrainèrent et le réveillon de Noël arriva en déposant un manteau blanc sur la ville d'Epinal. Le repas préparé avec amour par nos parents était succulent. Les plats passaient de mains en mains, les rires fusaient, le sapin scintillait et ... la sonnette de la porte retentit.

-Va ouvrir Fed ! cria papa.

-OK !

Il ouvrit la porte et une demoiselle blonde avec de grands yeux bleus lui tendit un saladier.

-Bonjour...Désolée de vous déranger... je suis la fille de votre voisine, madame Lécuyer et nous sommes à cours de sucre en poudre, serait-il possible de...

Freddy était comme paralysé, subjugué je devrais dire. Les yeux grands ouverts, il répondit.

-Oui...merci père Noël !

-Pardon ?

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now