Miss_Plume

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-Constance ! Combien de fois va t'il falloir vous répéter que mon café doit être servi juste tiédi, sans sucre et avec un nuage de lait !

Bonjour, je me présente : Constance alias Cendrillon, je suis une femme de 25 ans, plutôt jolie et carrément exploitée par mon employeur. Pourquoi je ne prends pas mes jambes à mon cou pour fuir ce tyran, me direz-vous ? Eh bien, mystère et boule de gomme, peut-être suis-je trop lâche pour quitter un emploi stable et affronter l'inconnu. Je me contente d'une sécurité médiocre sans espoir, au lieu de me donner la chance de découvrir une entreprise sans nuage gris.

    -Pardon monsieur, je suis distraite, je vous apporte de suite votre boisson à la température que vous appréciez !

Et me voilà, la tête baissée en signe de soumission, je me confonds en excuses et rampe devant ce gros plein de soupe sans cervelle. Combien de temps vais-je pouvoir me rabaisser de la sorte ? Je suis sa secrétaire, mais mon contrat stipule-t-il que je dois trier les petits cailloux qu'il mélange avec les lentilles, comme dans un certain conte de fée ? Comme je n'ai toujours pas de réponses à mes stupides questions intérieures, je souffle comme une andouille sur la tasse de mon supérieur. Si j'étais un tant soit peu courageuse, je cracherais dedans, mais que nenni, je m'époumone afin de refroidir l'or noir, enfin noisette.

    -Eh bien, heureusement que je vous ai embauché ma pauvre ! Rapide et douée comme vous êtes, qui souhaiterait perdre son temps avec vous ? Allez, remuez-vous un peu le popotin mademoiselle empotée, je ne vous paie pas à rêvasser, votre bureau croule sous des dossiers urgents !

Oui, merci mon seigneur.... Bien évidemment mon seigneur.... Connard ! Mon bureau est jonché par des pochettes remplies de feuilles qui doivent être traitées pour hier ! Pfff... tais-toi Cendrillon et travail !

    -Oui monsieur Ballouns, tout de suite monsieur Ballouns...

C'est ça, rampe idiote, rampe...

Les seuls moments de joie pendant mes journées de labeur, sont de scruter par la minuscule fenêtre de mon lieu de travail, le magnifique paysage. Aujourd'hui, en ce mois de décembre, la neige fait danser les branches d'arbres sous son poids, le vent chante en se faufilant sous les tuiles du toit et le soleil peine à glisser quelques rayons entre les nuages blancs et moutonneux. Je me délecte de cette peinture naturelle changeant aux grés des saisons et du climat.

    -Constance ! Un client très important va participer à notre réunion « lancement de produit », s'il-vous-plait, allez vous repoudrer le nez, ou mieux, demandez aux autres femmes de la société de vous faire un ravalement de façade !

Et il rigole comme un âne, en plus ! Mais cet abruti est-il suffisamment intelligent pour imaginer que sous ce corps d'employée modèle, bat un petit cœur fragile ? Certainement pas et de toute manière, il se moque bien de savoir si oui ou non, je suis heureuse.

    -Tout de suite monsieur !

    -C'est bien ma cocotte !

La réflexion qui tue ! Ma cocotte... après tout, il n'avait pas tort, on restait dans le domaine des animaux, il me répondait en me flattant, tout comme on le ferait avec son chien.

Salle de réunion :

Un homme élégant d'environ un mètre quatre-vingt, cheveux bruns mi- longs en bataille, un corps de dieu grec et des yeux à faire péter l'élastique des strings de toutes les femmes présentes, moi y compris, s'installa sur une chaise me faisant face. Le client qui pesait de l'or, me tapa littéralement dans l'œil, dans les deux même et je n'arrivais pas à détacher mon regard de son minois à la barbe naissante. Ce qui était le plus surprenant, c'est que j'eus l'impression qu'il s'était également accroché sur mon regard et que ses yeux scintillaient en me fixant. Imagination, tout devait venir de mon imagination débordante, comment un être aussi parfait pourrait ne serait-ce qu'un instant, s'intéresser à une fille aussi transparente que moi ? Pourtant, il ne répondait pas quand mon chef lui adressait la parole et il bloquait ses billes émeraude sur ma personne.

    -Mademoiselle ?

Il m'adressait la parole, à moi ! Je devais rêver ou alors, je perdais carrément les pédales. Mon supérieur, lui, ne perdait pas la face et répondit pour moi.

    -Mademoiselle rien du tout, elle sert juste à prendre des notes et encore...

Bing... prends-toi encore ça dans ta face !

    -Monsieur « sans importance », veuillez-vous taire, que je puisse entendre le prénom de cette charmante demoiselle !

Alors là, plus de doute, j'étais complètement folle ! Mais vu que la folie est le paradis des gens heureux, laissez-moi sombrer dans mes délicieux délires.

    -Constance...

    -Très joli prénom ! Accepteriez-vous de vous joindre à moi pour déjeuner ? Je vous en serais reconnaissant, car manger en compagnie de ces vautours me couperait l'appétit !

Mon dieu... ce sourire formé avec ses lèvres charnues et surement douces à souhait, irradie mon corps et court-circuite ma boîte à penser.

    -Avec  joie !   

Le bel inconnu se leva, contourna lentement la table sans se soucier le moins du monde des regards braqués sur lui et me tendit la main afin de m'emmener avec lui, tel mon preux chevalier venu me sauver de ma minable vie.

Et c'est ainsi, que l'idylle avec le beau Marius débuta ! Je peux donc affirmer que les contes de fées existent belle et bien !

Miss_Plume

Concours de Noël 2016Where stories live. Discover now