SabrinaCatrain

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Voilà maintenant plus d'une semaine que j'ai fait ma demande de permission pour rentrer chez moi. Les fêtes de fin d'année approchent et j'ai besoin de retrouver les miens depuis plus de huit mois d'absence. Je suis à l'autre bout du monde, où le soleil brille et chauffe encore sur ma peau, je sais que les premiers flocons sont tombés sur ma terre natal.

Je n'ai rien dit à ma femme concernant ma demande, pour ne pas lui donner de faux espoirs sur un éventuel retour auprès d'elle et ma fille. Ma petite colombe me manque énormément, même si nous communiquons sur skype régulièrement, je suis en train de rater son enfance à cause de mon métier de militaire.

Ce boulot c'est toute ma vie, sans cela, je ne suis rien, mais ma famille me manque de plus en plus et le ventre rond de ma femme m'appelle de plus en plus à changer peut-être quand même un jour de travail pour être plus près d'eux. Mais chaque fois que j'y pense, c'est comme si on m'arrachait un bras, ou pire encore, mon cœur cogne dans ma poitrine, protestant amèrement contre cette décision qui me taraude l'esprit.

- Première classe Legrand, le sergent vous demande immédiatement dans son bureau, m'interpelle un bleu bite me saluant, en pénétrant dans ma tente.

Je le salue à mon tour et lui fait savoir que j'y vais de ce pas. Pendant que je me rends jusqu'à son bureau, voilà que je prie silencieusement pour que cette permission me soit accordée. Devant sa porte, je prends une grande inspiration et frappe enfin, attendant qu'il me somme d'entrer. Les secondes d'attente me semblent interminables, jusqu'à ce qu'il mette fin à ce supplice en hurlant d'entrer.

Droit comme un piquet, je le salue comme il se doit et il me demande de m'asseoir.

- Bien, j'ai eu votre demande entre les mains et la réponse vient seulement de me parvenir et je voulais vous en faire part immédiatement et je vous annonce qu'elle a été acceptée et ce à partir d'aujourd'hui pour une durée de quinze jours.

Mon sourire s'élargie et je me retiens de justesse de ne pas prendre le sergent dans mes bras, tellement je suis heureux de pouvoir enfin rentrer chez moi.

- Merci mon sergent.

- Première classe Legrand, allez préparer vos valises, un avion va décoller dans moins de trois heures et je vous ai fait réserver sur ce vol, m'apprend-il en me tendant mon billet.

- Je... Je ne sais quoi dire sergent...

- Rien du tout fiston, votre permission est amplement méritée. Allez rejoindre votre famille qui doit vous attendre. Hors de mon bureau.

Je me lève et le salue en bonne et due forme, avant de rejoindre ma tente avec une danse de la joie. Préparant mon baluchon, je suis rejoint par mon meilleur ami Rick et lui annonce que je rentre enfin chez moi pour quelques jours. Heureux pour moi, il me donne une tape sur mon épaule et me dit de profiter au maximum des miens avant de revenir au campement.

Enfin dans l'avion, après un parcours du combattant pour y arriver, je me détends enfin sur mon siège pour environ 10 heures de vol sans escales. J'imagine la surprise de ma femme et surtout celle de ma colombe qui ne s'attendent pas à mon retour parmi eux. J'aurais pu les prévenir, mais je voulais leur faire la surprise.

Arrivé sur le tarmac de Paris, je descends de l'avion et allume mon téléphone. Aucun message n'apparaît et je m'empresse d'appeler mon frère Teddy pour qu'il vienne me chercher à l'aéroport en lui demandant de ne rien dire à personne sur mon retour. Son enthousiasme me réchauffe le cœur et me savoir parmi les miens pour quinze jours me comblent de bonheur.

Le froid de ce mois de décembre me prend par surprise. La chaleur désertique de mon camps militaire contraste avec les températures d'ici et je fais vite pour récupérer mes valises pour ensuite enfiler un pull sur le dos. Les gens me sourient en me regardant faire et surtout doivent se douter, vu mon uniforme, que je reviens d'un pays chaud pour m'empresser de me couvrir.

Mon frangin arrive au bout d'une bonne demi-heure et il sort de sa voiture pour venir à ma rencontre. Nous nous prenons dans les bras l'un de l'autre et putain que c'est bon de revoir une tête familière.

- Tu m'as manqué Chris, que c'est bon de te revoir bordel, m'avoue-t-il les yeux pleins de larmes.

- Et moi dont frère... Tu as gardé le secret hein ?

- Ne t'inquiète pas et la chance est avec toi, Julia mange chez les parents ce soir avec la petite. Tu vas faire chialer tout le monde avec tes conneries vieux, m'annonce-t-il.

Mon palpitant résonne jusque dans mes tempes, tellement la pression est grande de les surprendre avec mon retour. Lorsque nous arrivons devant chez mes parents, quelques flocons de neiges commencent à tomber et les luminaires de Noël illuminent les rues. Être avec ma famille pour cette période de l'année est vraiment l'apothéose et je suis plus qu'heureux que cette permission me soit accordée.

Teddy rentre le premier et lorsqu'il revient, il m'annonce que tout le monde est là et que ce n'était pas du tout prévu. Amplement satisfait, je dépose mes valises dans l'entrée de chez mes parents et attends le signal de mon frère. Lui et ses idées farfelues, m'avait dit que je repérai le signal sans problème pour leur faire la surprise.

Contre toute attente, on se retrouve complètement dans le noir et il vient me tirer par l'épaule pour me faire rentrer dans la pièce pendant que tout le monde se met à hurler contre lui.

- Mais tu es devenu fou Teddy ou quoi, crie ma mère.

- Tonton ? C'est le père Noël qui arrive, interroge ma colombe dans l'obscurité.

- En quelque sorte ma colombe, répondis-je.

- Papa ?

La lumière se rallume et le temps que ses petits yeux s'adaptent de nouveau à la lumière, je me mets à genoux devant elle.

Elle se jette dans mes bras, enserrant mon cou de ses petits bras, sentant son petit cœur battre à tout rompre contre le mien.

- Papa, tu es là... Je t'aime papa...

Ses larmes fondent sur ses joues inondant mon cou et les miennes perlent en regardant ma femme qui pleure posant ses mains sur son ventre rond. Je me lève avec ma colombe et m'approche de ma femme, embrassant son ventre puis remontant sur ses lèvres qui m'ont tellement manqué et la serre contre moi. Les deux femmes de ma vie sont là et je réalise maintenant que je suis bien rentré chez moi.

Au bout de plusieurs minutes, une main se pose sur mon épaule et je regarde par-dessus pour découvrir mon père, souriant avec une petite larme roulant sur sa joue.

- Je suis heureux que tu sois là mon fils, me dit-il fièrement.

Ma femme cède sa place à ma mère qui m'étreint en m'embrassant sur toutes les parties de mon visage, vérifiant que je suis réellement là.

- Mon petit garçon, tu es bien là, sanglote-t-elle.

Une fois embrassé tout le monde, nous nous installons autour de la table et regarde silencieusement autour de moi la vie chaleureuse et heureuse qui règne dans cette maison. Tout le monde rit et je suis le plus heureux des hommes.

Parce que je suis avec ma famille au complet et pour rien au monde je n'échangerai ce moment de pur bonheur.

Concours de Noël 2016Où les histoires vivent. Découvrez maintenant