Égérie ( terminé)

La falaise

   Je n'arrêterai pas de triturer la maille de mon pull bleu depuis maintenant plusieurs longues et intenables minutes. Je n'avais jamais autant été anxieuse qu'aujourd'hui. Entourée de Framal, Nekfeu, Asane, Momo et Mécra je tentais de me calmer. Dépuis qu'Angie est partie avec le docteur, nous n'avions aucune nouvelle.

_ J'en ai marre il faut que..

_ Calme toi Fram, elle est entre de bonnes mains ta copine, rassura Momo.

    Mais personne n'étais rassuré. Angie a eu des contractions qui la faisait hurler de douleurs . J'avais peur pour elle. Et petit à petit, je me rendais compte qu'attendre un enfant est extrêmement effrayant.

   Les heures passent, les nerfs sont de plus en plus tendus et tout le monde s'impatiente. Certains sont sortis dehors fumer. Framal lui restait avec moi.

  Soudain, les portes battantes s'ouvrent sur un docteur soulagé. Il enlève ses gants de travail et nous fait face.

_ Tour vas bien, elle sont en pleine forme. Vous pouvez  aller les voir mais soyez calmes ok ?

   À peine avait-il eu le temps de finir sa phrase que tout le monde se poussa pour se rendre dans le couloir et ouvrir la chambre. Ma meilleure amie était allongé dans le lit, toute transpirante. Ses cheveux blonds sont tout décoiffés et elle est très pale. Elle était à côté de sa fille.
   Un petit corps endormi, fragile à la peau rose et propre. Son bracelet blanc autour de son poignet, ridiculement attaché a son poignet trop petit, était marqué du prénom de Lina.

_ Elles est magnifique Angel.

_ Merci ma belle.

Je lui remet ses cheveux derrière son oreille. Framal prit sa fille dans ses bras. Ses yeux brillaient, il semblait soulagé et fier. Il fera un bon père j'en suis sure.

_ Elle est super moche ! Fait Mécra.

_ Parle mieux de Lina, répliqua Fram.

_ Félicitations mon frère, fit Momo en posant sa main sur l'épaule de son ami.

Ken semblait aussi content. Il restait au fond de la salle et souriait. Asane plaisantais Fram et Angel les regardaient tous avec tout l'amour du monde.

  J'avoue que pendant un moment je me suis sentie légèrement en retrait. Je regardais la scène sans en faire partie. J'avais le coeur léger de bonheur mais lourd de remords. Pourquoi je me bloquais autant, alors que le bonheur était en face de moi. Puis, je regarde Ken qui faisait de même. Il comprenait.

   Il sait que j'ai peur de me jeter de la falaise. De faire le grand saut comme ma copine. Je suis celle qui reste assise sur le sol, les genoux contre le torse et j'hésite, je réfléchis trop. Trop pour sauter, trop pour être heureuse. Est-ce que j'avais peur d'être heureuse ? Oui sans doute. Parce que j'avais peur de plus rien vouloir après.
   Le bonheur est l'accomplissement ultime de la vie.
Alors quand on l'a, il reste quoi ensuite ?