5 • Un Imprévu •

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Les soirées mondaines l'avaient toujours enchanté. Autrefois, il y était toujours invité. Aujourd'hui, il était le délinquant que personne ne voulait.

Avant, il buvait, discutait sans craindre d'offenser, dansait avec les jeunes femmes qu'il attirait comme des mouches, aussi superficielles furent-elles, mais elles lui donnaient plus d'importance encore.

Il serrait la main de personnes importantes, des connaissances de son père, charmait l'entourage de sa mère, cette noblesse inaccessible si on ne faisait pas parti du même milieu.

Il parlait de sujet important, d'actualité, d'économie et de politique, comme un poisson dans l'eau. Et même si les Malefoy forçaient le respect, il en avait eu, trop même.

Aujourd'hui, il était dans son coin, à cette table, et personne ne voulait lui adresser la parole. Il buvait son champagne, mais il n'était pas aussi savoureux qu'autrefois. Les jeunes femmes n'allaient pas le chercher, la noblesse l'avait oublié. Il était seul.

Certaines anciennes connaissances de Poudlard faisaient semblant de ne pas l'avoir vu, les anciens serpentard également. Il n'était plus personne.

- Soirée difficile.

Il reconnut la voix de Blaise qui venait s'installer à sa table, une bouteille de champagne qu'il posa sur sa surface.

- C'est le cas de le dire. Je ne sais pas par où commencer pour bien m'entourer. Ils me regardent tous comme si j'étais un monstre sanguinaire.

- Je trouve que tu as été excellent, au contraire, répliqua Blaise, surpris.

À son tour, Drago était surpris, ne comprenant pas où il voulait en venir.
- Granger, c'était une bonne idée, mon vieux.

- Granger ? Répéta-t-il sans comprendre.

- Attends, ce n'était pas calculé le cinéma que tu lui as sorti ?

- Quel cinéma ?

- Je ne sais pas exactement ce que tu lui as dit, mais ça a fait mouche. Elle continue ta plaidoirie quand elle entend ton nom dans les conversations.

Stupéfait, il ne répondit rien. Pour commencer, il s'était contenté d'être sincère, pour une fois, et ensuite, jamais il ne se serait attendu à ce qu'elle prenne son parti aussi facilement et si simplement. Il soupira d'ennui. Il lui devait déjà sa liberté, il espéra qu'il ne lui devrait pas non plus sa réinsertion sociale... ça ferait trop de dettes pour un Malefoy.

- Tu devrais continuer sur cette voie, avec elle. Garder de bons rapports, suggéra Blaise en remplissant les deux verres à pied.

- Tu ne comprends pas qu'elle se comporte comme ça parce que je lui fais pitié ? Elle me voit comme un pauvre petit chaton sans défense. Ça me dégoûte.

- Peut-être mais tu peux tirer ça à ton avantage. Elle est populaire, célèbre même, adulée.

- Je ne peux pas faire ami-ami avec elle, je ne la supporte pas ! Quand elle aura épuisé son stock de compassion, nos rapports deviendront ce qu'ils étaient, c'est à dire chaotiques.

- Tu sais, je ne crois pas que tu puisses te permettre de faire autrement.

- Je me débrouillerai.

Le torse bombé, un sourire jusqu'aux oreilles, s'il avait été un paon, aucun doute qu'il déploierait toutes ses plumes en éventail au dessus de sa tête, se pavanant fièrement au milieu de la foule, avec sa femelle qu'il exposait comme un vulgaire trophée. Ainsi était la manière dont se comportait Ronald Weasley. Et cette cruche de Granger qui acceptait ça sans broncher, c'était affligeant. Ils étaient tous les deux ridicules.

La Vengeance • DRAMIONEWhere stories live. Discover now