Ken

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Japon, Kobe, 1995

Goda, était selon la légende, le plus vieux yakuza de sa génération, mais elle ne pouvait se fier aux rumeurs. Elle consulta Wikipedia qui ne lui apprit rien de nouveau. Un gaillard qui avait fait son business dans l'industrie du recyclage. Elle commanda un latté en attendant l'arrivée de son uber.

La plaza était presque vide à cette heure du jour, tout le monde travaillait dans les bureaux. Elle remarqua un couple assis le capot d'une voiture jaune, un peu plus loin, qui se bécotait comme seuls les touristes peuvent le faire. Dégoûtée, elle sortit son calepin et se mit à écrire des idées pour son prochain blogue. Elle n'avait pas écrit depuis 1 mois, les bouleversements des dernières semaines lui avaient coupé toute envie et temps, mais elle ressentait de nouveau l'envie de communiquer avec ses lecteurs.

Son attention fut distraite par des éclats de rires forts dérangeants. C'est une bande de jeunes avec des sacs à dos énormes. L'un d'eus s'approche d'elle;

- Excusez-moi, pourriez-vous nous prendre en photo?

Lilith acquiesça, après tout le tourisme était une bonne source de revenu pour le pays. Les 5 jeunes souriaient en faisant des grimaces ridicules. Lilith enviait leur bonheur. Elle leur retourna la caméra et retourna à sa table, près du café, et s'aperçut que son cellulaire avait disparu. Elle regarda autour, remarqua que le couple aussi s'était votalisé.

- Merde

Elle hâla le serveur.

- S'il-vous-plait, est ce que je peux utiliser votre téléphone?

Il lui indiqua où aller, elle prit son sac et s'engouffra dans le café. Le bar à hiboux était un concept unique. Au Japon, la chouette est considérée comme un animal porte-bonheur. Ici, les chouettes et hiboux observent les clients, perchés sur les branches d'arbres reproduisant un décor forestier. Comme dans un bar à chats, les gens les approchent les approchent pour les caresser et les prendre en photo. La fille à lunettes derrière le comptoir lui tendit un sans-fil. Elle tenta de rejoindre son contact en ville, mais cela sonnait occupé

- Merde

Uber devait être là dans 15 minutes. Ils ne s'étaient pas encore donné lieu de rencontre. Elle consulta sa boite vocale, elle avait 20 messages. Lilith soupira, elle n'avait pas le cœur d'écouter les doléances d'une bande d'hypocrites qui l'avaient laissé tomber quand elle avait eu le plus besoin. Elle décida néanmoins, de ne rien effacer pour l'instant.

Elle était entrain de configurer son cellulaire à distance, lorsqu'un groupe d'hommes pénétra dans le café. Un vent froid envahit la place, le silence se fit comme dans un funérailles. Même les chouettes suivaient du regard les étranges silhouettes. Lilith cligna les yeux, les 2 employées derrière le comptoir semblaient pétrifiées. Le seul client dans le café s'empressa de prendre son milk-shake et sortit sans attendre le retour de la monnaie.

L'un des hommes du groupe, mi-chauve, avec une barbiche, s'approcha d'une employée et commanda trois expresses et un moccachino. Lilith le vit ensuite jeter un coup d'œil autour, puis un autre homme spotta une place au fond, près de la fenêtre. Ils s'y assirent en cercle autour de la table. On dirait des robots aux gestes synchronisés. Celui à la barbiche lança un regard oblique aux 2 employées, qui baissèrent les yeux, puis à Lilith. Elle savait que la culture japonaise exigeait une marque de courtoisie, mais elle n'était que moitié japonaise. Sa partie française prédominait dans les moments d'incertitude.

Vu le regard qu'il lui lançait, elle savait qu'elle aurait pas dû se montrer aussi brave.

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La griffe de la panthère noireWhere stories live. Discover now