La griffe de la panthère noire

LA FEMME D'ATSUMA

L'adrenaline de la nuit avait laissé la place à l'anxiété.

Elle avait frappé la crapule. Incroyable, Lilith n'en revenait pas, mais ne regrettait rien. Si elle avait été Schwarzenegger, elle aurait expédié cette larve humaine dans l'île de Miyakejima*. Cependant, Kana était une autre histoire. Après l'avoir insulté, elle n'était pas certaine d'avoir bien agi. 

- Le boss la protège

C'est toute l'information que Youta avait laissé glisser, reluctant à lui transmettre le rôle de cette femme dans la complexe hiérarchie des yakuzas.

Lilith avait réussi à se faire un schéma de cette famille:

1. L'Oyabun était le Tout Puissant de la famille, qui céderait à son trône à la nouvelle génération

2. Le boss, son possible héritier. Marié? Célibataire? Fiancé? Lilith était décidé à le découvrir

3. Ayame, Asami et Ren avaient le même statut de conseillers du Oyabun.  Rivaux ou alliés du boss? Elle n'avait pas encore réussi à se faire à cette idée

Elle nettoya sa lèvre alors que  Youta scrutait les caméras de Lady Tomoe Gozen. Milles images défilaient à la minute, des entrées et sorties des bureaux principaux, des échanges solennels entre des individus à l'allure imposante et des défilements des hommes armés qui toujours suivaient le boss partout où il se déplaçait.

Cependant, Youta ne réussi pas à avoir accès au cinquième étage.

- Pas de caméras, grommela-t-il, en tapant sur les touches de son clavier comme si c'étaient des fourmis qu'il fallait assassiner

Il tenta d'accéder aux caméras des ascenseurs, s'aperçu qu'on avait changé les paramètres.

- Les images s'effacent maintenant après 3h du matin, constata-t-il, dépité en allant se servir une dixième tasse de thé

Lilith ouvrit son e-mail, découvrit un message de Franze : appelle-moi. Elle lui envoya son numéro de mobile. Puis, elle fit le ménage rapide de sa boite e-mail, et effaça les nombreuses tentatives de sa mère pour la rejoindre. Son dernier message disait : "si tu ne me dis pas où tu es, je vais mettre la police sur tes traces, Lysandre Yoko !!!!".  Cela datait de 3 jours. Le reste des messages provenaient de ses amis, qui s'excusaient et lui souhaitaient bonne fête. Lilith arrêta de lire.

Gros matou, qui sommeillait tranquillement sur la table de travail, près du clavier, lui lança un regard  d'une profonde folie. Il lui fit penser à la première fois qu'elle avait vu un film de terreur, sauf que Chuckie n'avait jamais été proche de la faire s'enfuir du Pavillon. N'eut été de Youta, qui de temps en temps, murmurait des mots d'amour à cette boule poilue, et que cela semblait apaiser la bête, Lilith n'aurait jamais accepté de le côtoyer. 

- Il est vraiment ton chat? Questionna-t-elle, en se tenant à une bonne distance de la bête

Le hacker pointa son joli nez en l'air.

- Coco  Chanel a un pedigree élevé. Ne parle pas de mal d'elle, la française, elle est très sensible

Lilith se demanda si Robespierre avait  montré la même sensibilité quand il envoyait les aristocrates à la guillotine. Elle retourna son attention à l'écran. La fête se poursuivait, Lilith pu voir différents clans quitter les lieux, avec une mine plus détendue que lorsqu'ils étaient entrés. Elle remarqua aussi que Kana, souriant comme une Diva du Moulin Rouge embarquait dans la voiture d'Ayame, sous le regard troublé de Mei. 

Mais aucune trace de Ken.

Elle ne pouvait pas compter sur l'appui des employés de la maisonnée pour obtenir des informations, ils se braquaient dès qu'elle mentionnait le boss. Son seul espoir reposait sur les habilités informatiques d'un adolescent blond qui déterrait même les circuits fermés de Lady Tomoe Gozen.