La griffe de la panthère noire

Règles de base

Le lendemain, Ken lui donna rendez-vous dans la cour arrière. Lilith se traîna misérablement, convaincue que chaque membre du personnel, qu'elle croissait se moquait d'elle, même le canin, un animal à la race indéterminée, qui gardait la cuisine, se fit un plaisir de lui japper furieusement. Elle échappa de justesse à ses crocs et courut vers le jardin.

Derrière les hautes haies qui surplombaient le boisé, elle découvrit Ken. Il pratiquait au tir à l'arc avec l'un des gardes, un de ses hommes au masque impassible qui aurait aussi bien pu être une roche perdue dans l'immensité des pins. Ken portait un polo et des paires de baskets dernier cri, ses cheveux étaient retenus vers l'arrière pour ne pas gêner sa vision. Un mannequin dans la splendeur du matin qui se librait à un passe-temps de riches.

- Bien mangé cousine? Demanda-t-il, d'une voix sexy

Elle lui lança un regard peu amène. Elle avait juste pris un café ce matin, n'osant pas s'aventurer trop loin avec ses baguettes, et souhaitant rester le moins possible aux cuisines.

Ken pour sa part semblait aussi frais et repos qu'un lion. 

Lilith espérait que sa journée serait moins catastrophique que la veille. Mais son nouveau cousin réduit en miettes ses espoirs; le yakuza l'avait instruit de lui enseigner quelques bases du savoir-vivre. Sans doute, il avsit eu vent de ses péripéties. 

Tout en se concentrant sur sa cible, le jeune homme lui fit part des ordres reçues;

-  Il veut que tu continues à prendre les repas avec le personnel. Arrête de nourrir le chien ok? Sérieux, tu ne sais pas manier les baguettes?

- Je mange avec une fourchette, plaida-t-elle en sa faveur, levant le menton

- Bah, il faut un début à tout, dit-il, philosophique. Pour le moment, tu ne pourras pas te joindre à la famille, le boss décidera quand tu seras prête à les rencontrer

- Je veux parler à mon père

- Je vais en parler au boss

- Je ne demande pas la permission

Il semble amusé.

- Tu es une comique, toi

Il tira, mais il manqua de loin la cible. Il toucha son menton vierge de poil, et donna quelques règles sur comment se tenir devant les membres du clan : 

- Il y a certaines choses que tu aurais dû faire quand je t'ai présenté au boss. Il n'a pas pris ombrage, cette fois-ci mais vaut mieux que tu sois au courant. Tu dois t'incliner 90 degrés chaque fois, comme ceci, quand on salue un membre haut placé. Ceci inclut tous tes oncles, tantes, le grand-père. 

Il lança la flèche qui rata de peu la cible.

- Tu ne peux tutoyer personne d'autre que les cousins et les gardes du corps. Le personnel aussi faut les vouvoyer

- J'ai rencontré Youta, dit Lilith, d'un ton maussade

- Bon pas Youta, concéda Ken. Lui, tu le jettes à la poubelle 

Cette idée lui plaisait bien. Elle reprit foi dans la justice des hommes.

- Il faut que tu saches, que nous pratiquons Le Yubit sume, amputation du doigt, poursuivit Ken, le ton léger. Quand on commet une faute qui entache l'honneur familial, il faut s'attendre à subir les conséquences. Grand-père a une collection de bouteilles de fermol avec tous les doigts de ses voyous, il pourrait te les montrer 😎

Lilith ne goutta pas du tout sa plaisanterie. Mais elle avait assez lu pour savoir que cette pratique barbare existait et qu'elle aussi risquait d'y laisser un doigt. C'est sans doute, pour éviter cela que le yakuza avait mandaté son cousin de la rendre "présentable" avant sa rencontre avec la famille.