Eiko

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Lilith sentait des explosions sur sa poitrine alors qu'ils sortaient du quartier pour la première fois depuis sa séquestration. La voiture s'engagea dans des ruelles étroites, il n'y avait pas de trottoir, il fallait rouler lentement. Vélos et véhicules se partageaient la route, confiant chacun du respect de la circulation. Ils descendirent une route qui contournait une énorme rivière où des pêcheurs s'adonnaient à leur passe-temps préféré. Les voitures étaient compactes, comme si les japonais souhaitaient effacer leur présence. Lilith était attentive à tout ce qui se déroulait sous ses yeux, respira le vent de la liberté.

Après 15 minutes, ils finirent par arriver devant une maisonnée traditionnelle. Lilith n'avait pas moyen de s'enfouir, Humpty Dumpty la surveillait de près. 

Une dame en kimono verte  vint à leur rencontre, elle s'inclina et leur souhaita la bienvenue

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Une dame en kimono verte  vint à leur rencontre, elle s'inclina et leur souhaita la bienvenue. 

Lilith et Soko la suivirent à l'intérieur, enlevèrent leurs chaussures et enfilèrent des escarpins. Le doux bruit de l'eau qui coulait dans une fontaine les accueillit. La maison comportait plusieurs paliers, et chaque pièce avait des panneaux en bois coulissants. Des employées en kimonos se baladaient de pièce en pièce, le sourire bienveillant. La dame les invita a entrer dans celui voisinant l'entrée. Lilith imita Soko et s'assit sur ses genoux. C'était diablement inconfortable. Une jeune fille vint leur servir du thé. Mais Lilith avait eu sa dose ce matin.  

- C'est impoli de refuser, expliqua Soko à voix base

Elle but donc, en silence. 

Le panneau de bois coulissa et une très jolie femme en kimono bleu clair fit son entrée. Elle devait avoir une trentaine d'années, le visage mince, une peau de porcelaine et une taille d'adolescente. Des bijoux ornaient discrètement son epaisse coiffe, l'expression de son visage était aussi serein et mystétieux que la Mona Lisa. Il y avait quelque chose de familier, Lilith eut l'impression de la connaitre. 

 

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Soko s'inclina devant elle cérémonieusement avec l'elégance d'une ballerine. Lilith en fit de même avec la grâce d'un éléphant. La jeune femme ne prit pas ombrage, les salua d'une voix mélodieuse;

 - Konishua, je suis Eiko, votre hôtesse pour la journée. Merci de prendre soin de moi 

 C'était une formule de politesse car Lilith s'aperçut bientôt que cette femme commandait les autres employées. 

 - Je laisse Yoko-san à vos bons soins, Eiko san, fit Soko en se levant. Je passerai la chercher dans 2 heures

 - Elle sera prête. 

 Prête pourquoi? Pour un embaument? Lilith devint soudaine nerveuse. La belle femme observa Lilith consciencieusement, comme si elle tentait de trouver les failles de fabrication. Lilith se sentit soudain gauche dans son jeans et t-shirt de Sailor Moon.

 - Il y a une robe de bain sur l'étagère derrière vous. Enlevez vos vêtements et enfilez- la. Lorsque vous serez prête rejoignez moi dans la pièce a coté 

Le ton était poli mais distant. La dame ne serait visiblement pas une alliée. 

Lilith chercha une sortie mais il n'y avait pas de fenêtres à proprement parlé. Elle décida de suivre donc les instructions, mais garda ses sous-vêtements et enfila ensuite la robe de coton d'une douceur extrême qui gardait encore sa chaleur, comme si elle venait de sortir de la sécheuse. Il n'y avait qu'un téléphone à la réception, où le garde l'attendait. Elle savait perdu d'avance toutes chances de l'assumer pour passer un appel. 

Elle retrouva Eiko dans la pièce voisine. Il y avait là un lit de massage, les murs en bois et plusieurs produits de beauté naturels déposes sur une table en acajou rouge. Des pots de crèmes, de poudres, des liquides indifinisibles co-existaient avec des serviettes d'un blanc parfumé. Un mini temple boudha trônait dans un coin de la pièce, comme partout dans le pays la religion était omniprésent. C'était en tout point un endroit poétiquement relaxant. 

 Eiko l'invita à s'étendre. L'idée plut à Lilith qui n'avait jamais été dans un spa auparavant. Peut être après tout on souhaitait l'amadouer avec un massage... 

 - Fermez les yeux et détendez-vous, fit Eiko de sa voix chantonnant 

Les mains de la jeune femme étaient d'une douceur extrême. Elle mit une mousse sur sa peau, fit des mouvements circulaires et nettoya son visage avant d'enlever le tout avec une éponge tiède. Puis, elle mit la vapeur sur sa peau, étala une légère crème délicieusement menthée qu'elle ventousa par la suite, en prenant soin d'extraire les points noirs. Eiko utilisa de nouveau l'éponge qui caressa volupteusement chaque épiderme facial, Lilith n'avait jamais était aussi bien lavée. Ensuite, elle fut enveloppée dans une serviette chaude. L'adolescente ne respirait que par le nez, se sentant aussi détendue que Toutankhamon le jour de son enterrement. 

 Des voix dans le corridor la bercèrent dans sa torpeur. Les japonaises avaient vraiment les voix les plus harmonieuses du monde. Ils ne parlaient jamais fort, gardaient le contrôle de soi en toute circonstance.

 Eiko s'attaqua à ses mains, elle les traita avec la même rigueur que son visage, avant de procéder à une manucure complète. Les voix dans le corridor devinrent moins mélodieuses, une voix d'homme semblait contrariée, les filles à la réception tentaient de le calmer. Lilith sentit qu'Eiko abandonnait sa main, puis la seconde suivante, le bruit de la porte qui glissait doucement. 

 Mais l'adolescente était trop bien pour bouger. 

 Un cri étouffé lui fit ouvrir brusquement les yeux. Elle entendit ensuite la voix sourde d'un homme. Il ne semblait pas content. Sans réfléchir, Lilith sauta sur ses pieds. Les filles de la réception semblaient inquiètes mais ne bougeaient pas d'un pouce.

 - Il y a une femme qui a besoin d'aide! 

 - Ne vous occupez pas de cela, conseilla la jeune fille, en gardant un calme sibérien

 Lilith était estomaquée par l'attitude de cette femme. 

 - Yoko-san, je vous prie... 

 Mais Lilith était décidée à ne pas laisser une pauvre femme se faire maltraiter dans ce pays de yakuzas! Lilith poussa la porte d'un coup et se trouva la seconde plus tard, à se dire que finalement elle aurait dû s'abstenir d'intervenir dans les affaires de la maison. 

La griffe de la panthère noireWhere stories live. Discover now