God

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En s'arrêtant à la cuisine, pour prendre un rapide déjeuner, elle entendit les femmes pouffer. Leurs chuchotements lui apprirent que sa sortie au Love Hotel  les tracassait, et  à mesure qu'elle avalait ses gyozas, Lilith comprit que des histoires d'orgies seraient probablement racontées autour de la table pour les jours à venir. Malgré la faim qui la tiraillait, elle décida de ne pas s'attarder, et fila vers le cabinet du boss. Les gardes qu'elle croisa, alors qu'elle traversait le hall d'entrée, lui jetaient des regards appuyés qui la mirent carrément mal à l'aise. 

Alors elle conclut, qu'elle ferait mieux de prendre les repas dans sa chambre pour les jours à venir.

- Miaou 

Le chat des enfers lui collait aux jambes, c'était comme si l'animal savait qu'elle allait à la rencontre du boss. Le parfum Mademoiselle de Coco Chanel flottait dans l'air, c'était comme si Youta avait parfumé les moindres recoins de son corps moelleux. La bête marchait devant elle, queue levée, lui donnant une vie imprenable de son derrière gras, méticuleusement épilé, soigneusement toiletté. Lilith cligna les yeux. Était-ce bien un mini coeur qui avait était dessiné dans le coin droit du royal derrière...?

- Évitons les problèmes avec les officiers

Elle trouva le boss en plein conversation téléphonique. Il avait enfilé un kimono sombre qu'on ne porte que lors des grandes occasions. Il n'avait pas encore attaché les bouts, elle pouvait donc apercevoir ses pectoraux plats, solides, bien dessinés. Même le chat poussa un miaulement qui pouvait s'y méprendre au gémissement d'extase de Cléopâtre en recevant Jules César dans son lit. 

Le yakuza lui fit signe de s'asseoir tout en poursuivant sa discussion;

- Attendez à demain pour le relâcher. 

Lilith cligna les yeux. Il ne parlait pas de Ken, si? Elle ouvrit grand les oreilles.

- Et faites-lui comprendre que sa présence n'est pas la bienvenue

Il ne  planifiait pas jeter Ken hors du clan!

- Pour la femme, attendons. Elle finira par comprendre que sa requête ne sera pas répondue.

Quelle femme? Lilith se demanda si ce n'était pas la mystérieuse amante de Ken, et si le fait de discuter devant elle de Ken n'était pas un moyen pour la torturer. 

- Je m'occuperai de Yoko kun, fit-il avec une certaine complaisance 

Elle savait que sa définition de s' "occuper" n'allait pas dans le sens de veiller à son confort, le boss l'avait prouvé en s'"occupant" du pauvre Ren . 

Lucifer sauta sur la table base, sur laquelle étaient éparpillés quelques documents, il encercla plusieurs sceaux rouges, Lilith reconnut les hankos. Ken lui avait expliqué qu'au lieu d'une signature manuscrite, les documents officiels sont signés avec un petit tampon trempé dans l'encre rouge : le hanko. Ce hanko appose un inkan qui est la signature. Tous les Japonais ont un, voire plusieurs hanko. Des centaines de versions différentes existent pour un même nom de famille. Les sceaux sont en bois, en métal, rouge, vert, avec des caractères aux traits plus épais, de forme ronde ou carrée, de diamètres différentes. Trois différents sceaux s'étalaient sur la table, dont le jitsun pour les documents officiels, le ginkôin pour les opérations bancaires et  le mitomein utilisé dans la vie de tous les jours. C'était comme posséder un mot de passe de luxe (les sceaux coûtent dans les milliers d'euros) sécurisé dans un pays où des millions de personnes portaient le même nom de famille. 

Le frère de Lucifer fut assez malin pour éviter de toucher les sceaux, contourna les papiers qui ressemblaient à des contrats d'exportation, avant de se diriger au coin de la table où on avait deposé une bouteille de désinfectant. 

La griffe de la panthère noireWhere stories live. Discover now