La griffe du tigre

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Elle sentait son ventre se tordre lentement, tout son être se raidir sous la peur qui déferlait brusquement sur elle. Mille pensées la traversèrent dans les millièmes de secondes qui suivirent, et elle vit au retenti la scène se dérouler au grand écran comme si elle était une simple spectatrice.

Elle croisa le regard du yakuza, dont le torse ouvert laissait entre-voir le tatouage démoniaque d'un tigre, et n'eut pas la force de fuir. Ses pieds refusaient obstinement de bouger, même lorsque l'homme, dont les traits étaient déformés par la colère, s'avança d'un pas lourd et lui donna un coup qui l'envoya tourbillonner à l'autre bout de la planète. Lilith tomba sur ses fesses, cru voir des petits geishas survoler sa tête et se demande si elle n'avait pas perdue la moitié de son visage. Elle toucha douloureusement sa joue en feu.

Eiko se prosterna immédiatement devant l'homme à la cigarrette, l'implora d'une voix douce et pressante, voulant à tout prix calmer  le Sakurajima*. Lilith ne comprenait pas ce qu'elle disait, tout lui semblait soudain flou, incohérent. Elle resta par terre, tenta de mettre en ordre ses neuronnes disloquées.

Akira accourut en entendant le bruit, il l'aperçut à moitié étendue par terre, il se renfrogna, prêt à charger celui qui était le responsable du méfait. Cependant, son visage se raidit en voyant l'agresseur, grand et habillé de noir, les traits rougis de colère, jeter sa cigarrette par terre, indifférent à tous. L'homme cracha quelques mots acerbes à l'intention de la jeune fille moitié assommée qui ne pipa rien de son discours, puis il s'en alla en bousculant violement Akira qui ne réagit pas.

Eiko attendit qu'il part, avant de se relever et se précipiter vers Lilith pour vérifier son état.

- Yoko-san? Demanda-t-elle, le ton pressant

Lilith cligna les yeux. Son cerveau commença à fonctionner et elle dut se rendre à l'évidence.

L'an dernier, elle avait été intimidée par une bande d'italiens qui se croyaient les rois de son quartier, mais aucun avait franchi les limites d'une simple bouscoulade. Aujourd'hui, alors qu'elle avait  un garde qui  payé pour la surveiller, et veiller à ce que son corps reste moindrement intact, s' était avéré aussi utile qu'une vieille pantouffle. Si elle avait été en France, l'assaillant serait déjá derrière les barreaux pour assault sur une mineur. 

Au Japon, Lilith encaissait douleureusement le coup: elle était seule.

Devant cet injuste constat, la rage brûla son coeur. Elle sentit les larmes monter, elle mais les chassa furieusement. Elle ne pouvait montrer sa faiblesse.

Lilith regarda Eiko qui semblait intacte, mais inquiète.

- Akira, s'il-vous-plait, demanda la jeune femme

Le garde du corps s'approcha, confus, et aida Lilith à se mettre debout. Il évitait son regard. Elle passa sa langue contre sa joue et grimaça.

- Je vais vous chercher de la glace, fit Eiko en s éclipsant

Lilith n'était pas sure que cela soit efficace. Elle se regarda dans le miroir, sa joue gonflait un peu. Elle savait que d'ici quelques heures, elle risquait de ne plus se reconnaître.

Le garde semblait mal à l'aise. Elle perçut sa culpabilité mais ne tenta pas de le rassurer. Elle lui en voulait grandement.

D'un regard absent, elle remarqua que l'homme avait oublié son paquet de cigarrettes sur le lit de massage. Il y avait des traces de sang.

 Quand Eiko revint, celle-ci la fit s'asseoir pour mieux exterminer sa blessure. La glace lui fit du bien.

- Cela va aller, dit calmement Eiko en esquissant un sourire apaisant

La griffe de la panthère noireNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ