La griffe de la panthère noire

Daizuke

Les minutes parurent s'écouler aussi lents que les pas d'un paresseux.

Elle se répétait que Ken ne pouvait pas la laisser tomber, qu'il était surement entrain de fouiller chaque cabaret de Tokyo, même le boss devait humer sa trace, ne serait-ce que par considération à Goda. Elle ne voulait pas penser à rien, s'accrochait à l'espoir que, avec ses incroyables talents de hacker, Youta les mettrait a profit pour une bonne cause et qu'en ce moment, Goda avait envoyé un escadron militaire pour la libérer. Mais les heures passaient, et rien ne calmait l'angoisse qui meurtrissait son coeur.

Des voix éclataient à intervalles, étouffées par la forte musique qui envahissait les lieux.  

- Quelle est la différence entre un lapsus et un Cunnilingus ? Demandait Yeux Pervers. Une erreur de langue et on se retrouve dans la merde!

Les rires des hommes se percutèrent derrière la porte. Lilith tentait de se convaincre que les entendre parler était mieux que le funèbre silence qu'envahissait chaque heure sa cellule.
- Une française qui a pas des nichons s'appelle...? Questionna le Pervers 

- Plate à mort!

Ils rigolaient de plus belle alors que la peur s'infiltrait dans le coeur de l'adolescente. Elle avait chaud dans cette pièce abandonnée, la seule fenêtre avait été scellée avec des planches de bois. 

- Kiki san va se faire un autre Irezumi, commenta Yeux Pervers

- Y a-t-il encore de la place dans son corps? Ricana un autre

- Entre ses cuisses! 

Leur sens de l'humour se dégradait à mesure que les heures passaient. Ils étaient le paradoxe de la famille Ikeda, ce qui ne rassurait en rien la jeune fille. Elle avait faim, bataillait pour ne pas s'allonger sur le matelas familial et se reposer un peu.

- Hey la hâfu! T'es prête à aller à la toilette?

Elle préférerait mouiller sa culotte que faire face à ce perverti.

- Tu as juste un mot à dire, sucre d'or, et je t'y amène presto, fit le gaillard qui n'arrêtait pas de la provoquer depuis qu'elle était confinée

Les gars rigolèrent. L'adolescente se mordit les lèvres jusqu'au sang.

Le blond la rendait carrément mal à l'aise. Elle avait vécu dans les coins sombres de la Hongrie pendant son enfance, et ne comprenait pas sa mère qui bravait la nuit pour aider les filles de la rue. Elle n'avait rien compris jusqu'à présent. 

- Tu crois qu'ils vont appuyer Youba san, cette fois-ci?

- Faudrait convaincre en premier Kiki chan de ne pas se mêler trop des affaires, riposta le blond. Elle devrait mettre son cul là où elle est utile

Kiki semblait être une pièce importante dans ce jeu d'échec. Elle avait bien compris que Youba était le chef de cette triade, que les affaires n'allaient pas bien selon ce qu'elle avait entendu chez Goda et ici. Se pourrait-il qu'il l'ait kidnappé dans un geste désespéré pour sauver sa peau?

La porte finit par s'ouvrir soudainement. Elle sursauta, chercha en vain une arme. Au pire, s'empara de son soulier.

L'homme qui apparut n'était pas Yuba, ni le gars qui s'inquiétait du bien-être de sa vessie.  Il avait l'air d un homme tout à fait normal. Excepté qu il était tatoué et accompagné de trois malfrats pas commodes.
- Pardonnez-moi, mais ceci était nécessaire

C'était le gars au complet blanc du Temple! Ses yeux avaient un éclat froid et calculé. Lilith fit un effort pour paraître moins terrorisée...mais sans succès.
- Nécessaire? Rétorqua-t-elle. Vous m'avez enlevé contre mon gré!
- En effet, admit-il. C'est le but d'un enlèvement. Mais ne craignez rien, ce n'est pas vous qui m'intéressez
Ouf! Quel soulagement, songea-t-elle sarcastiquement. Elle resta le plus loin possible de lui, analysant ses options....qui se résumaient à zéro. Elle devait passer à travers 4 criminels pour atteindre la porte et encore, la partie n'était pas gagnée.
Il tendit la main pour prendre son soulier. Elle le regarda, méfiante, la main avait l'air aussi propre qu'un sous neuf, avec une bague en bronze à l'annulaire. Une bague avec un dessin de loup.
- Daizuke Watanabe, branche cadette du clan Ikawa, se présenta-t-il, en s'inclinant de 15 degrés, le minimum requis pour saluer une personne étrangère