Partie 15

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Un frottement rugueux sur sa pommette, un souffle chaud sur son front, une main puissance posée sur sa hanche. Ce fut toutes ces sensations qui réveillèrent Garance. Hébétée, elle ouvrit doucement les yeux et frotta son visage sur une mâchoire parsemée de barbe dure. Tout son corps était enserré dans un étau de fer, chaque parcelle de son être ressentait la force brute, la chaleur qui émanait de ce corps d'homme.

Il y avait cette main sur sa hanche, une jambe musculeuse qui emprisonnait les siennes, et un bras qui maintenait sa tête au plus près d'Eliam de Saillans. Elle aurait dû se sentir gênée d'être ainsi blottie dans les bras de son ennemi, elle aurait du être terrorisée par une telle promiscuité. Mais elle était merveilleusement bien, pour la première fois de sa vie elle se sentait en sécurité. Elle releva les yeux sur le visage du jeune homme. Il était parfaitement endormi, serein, il avait de nouveau cet air trompeur de petit garçon perdu. Abstraction faite de tout ce qu'il était, de tout ce qu'il représentait pour Garance, abstraction faite de la guerre et des antagonismes qui les opposaient, elle le trouva magnifiquement beau.

Soudain, ses paupières s'ouvrirent sur les yeux indigo du jeune homme. Garance eut de nouveau l'envie irrésistible de se perdre dans cet océan infini. Elle se reput de ce visage harmonieux, contraste de douceur et de force. Des yeux bleus contre une chevelure brune, une barbe dure contre des mèches à l'ondulation soyeuse, un regard doux contre une mâchoire volontaire, des pommettes hautes contre des lèvres dont la douceur...Garance glissa une main entre eux et mue par une volonté propre ses doigts se posèrent sur les lèvres d'Eliam : il fallait qu'elle touche cette douceur, il fallait qu'elle goûte cette douceur.

Eliam resta parfaitement immobile, figé. Il savait que s'il parvenait à museler son désir d'elle, son regard s'obscurcissait de plus en plus, laissant apparaître cette faim qu'il avait d'elle. Il tentait au mieux de canaliser cette exigence, il ne voulait pas l'effrayer. Mais la main avec laquelle elle parcourait son visage le mettait au supplice. Son regard de brume brillait d'une lueur d'innocence. A cet instant quelque chose se brisa en lui. Dans cette grotte glaciale, perdu au milieu de nul part il lui donna, bien malgré lui, son âme.

Garance soutint son regard qui étrangement s'obscurcissait de seconde en seconde, jusqu'à ce qu'il devienne presque vitreux, affamé, égaré. Son esprit était à l'arrêt, elle ne parvint pas à contrôler son corps, elle ne parvint pas à canaliser ce que le Prince déclenchait en elle. Elle avait la sensation que chaque cellule de son être étaient entrées en fusion, l'entraînant vers une combustion fulgurante, intense, souveraine. Elle sut que si elle répondait à cet appel, si elle se laissait noyer dans cet incendie il n'y aurait pas de retour en arrière. Mais elle ne put lutter, elle avait la sensation que leurs deux âmes étaient entrées en collision en même temps que leurs corps, en même temps que leurs regards déclenchant une formidable décharge électrique dans l'atmosphère. Elle sentait des étincelles crépiter autour deux.

Alors, sans qu'elle ne puisse se retenir, ses lèvres se posèrent sur celle d'Eliam, le goûtant enfin. Elle eut l'étrange sentiment d'en avoir eu envie dès leur rencontre sur la plage. Comme si son esprit lâchait enfin prise pour laisser son corps agir à sa guise.

A peine eut-elle effleuré ses lèvres, qu'Eliam laissa déferler sur eux des bribes du désir qu'il muselait depuis des jours. De ses bras et de ses jambes, il serra plus fort Garance, ne lui laissant rien ignorer de ce qu'elle avait déclenché en lui. Puis il se mit à butiner délicatement la douceur de sa bouche. En ouvrant doucement ses lèvres de sa langue, il rencontra celle timide de la jeune femme et alors ce courant électrique qui saturait l'atmosphère passa brutalement dans chacun de leur corps. Eliam se laissa totalement submerger par les vagues de plaisir qui déferlaient sur eux. Il intensifia son baiser jusqu'à ce qu'il sente Garance frissonner contre lui. Il ne parvenait pas à se repaître du miel de sa bouche, du parfum suave émanant de son corps. Il sut qu'il devait cesser maintenant ou perdre le contrôle irrémédiablement. Il lutta de longues minutes, une main se perdant dans les cheveux de la jeune femme qu'il avait détachés, l'autre caressant la douceur de son dos jusqu'à ses reins.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now