Partie 27

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La chambre de Galahaad avait été aérée, les tentures tirées laissant entrer la lumière d'un matin de printemps. La Reine Adrissa était au chevet du Prince aîné que l'on avait assis dans son lit. Le Roi Acôme était posté près d'une fenêtre, Eliam se tenait adossé à l'immense manteau de la cheminée. Garance était assise sur un fauteuil près de la porte. La jeune femme se tenait droite dans une robe de velours noir. Son regard magnétique figé sur ses mains. Elle semblait impassible, mais Eliam savait qu'elle était nerveuse. Galahaad mis fin à l'attente en s'éclaircissant la voix :

- Avant tout, je suis heureux de nous retrouver tous sauf, vous aussi Princesse, dit-il en regardant la jeune femme. Je suis ravi que vous ayez survécu à mon terrible frère, ajouta-t-il dans un sourire.

La jeune femme se contenta de hocher la tête et d'esquisser un sourire.

- J'ai demandé à ce que vous soyez présente car les pourparlers vous concernent aussi.

A cet instant, le Roi ne put s'empêcher de laisser échapper un grognement. Eliam remarqua alors que son frère avait pris un énorme ascendant sur le souverain. Ce dernier montrait son mécontentement sans réelle conviction. Même physiquement diminué, Galahaad semblait avoir désormais les rênes du pouvoir. Pour le jeune Prince c'était un juste retour des choses pour le tribut payé. Eliam était dans une telle rage contre son père qu'il avait l'impression qu'être son fils et un guerrier de Saillans n'était plus une raison suffisante pour avoir risqué sa vie et son intégrité physique. Désormais il était certain que Galahaad resterait infirme. Tout cela pour satisfaire les chimères d'un Roi sur le déclin. Tout cela à cause de ses mauvais choix. Le jeune homme ne put s'empêcher de lancer un regard de haine à son père. Sa culpabilité et son refus de se plier aux caprices du destin alimentaient une rage grandissante. La voix de Galahaad coupa court aux sombres pensées d'Eliam :

- Les pourparlers ont eu lieu en la seule présence du Régent d'Elenith, Cyrius, de mon père et de moi-même. Je suis au regret de vous dire que votre cousin est une bien détestable personne, dit-il toujours avec un sourire à l'attention de Garance.

Eliam eut alors un désagréable pressentiment. Pourquoi Galahaad ne s'adressait-il qu'à la princesse ? La possessivité qu'il éprouvait envers la jeune femme réveilla une profonde angoisse au creux de son âme. Le regard de Galahaad se figea dans celui d'Eliam :

- Je sens ton impatience Liam, j'en viens au fait. L'assise politique de Cyrius étant précaire, c'est lui qui nous a proposé d'entamer des pourparlers, n'imaginant pas à quel point notre situation était critique. Nous sommes donc parvenus à la table en situation de force. Nous avons récupéré tout le territoire des montagnes jusqu'à la rivière Yénélia, des terres arables qui nous aideront à nourrir Saillans. Nous avons obtenu cinq caisses d'or en tribu.

- Tout cela en échange du départ de nos troupes ? demanda Eliam.

- Oui, contre la fin du siège et une trêve.

- Qu'advient-il de ma personne ? demanda Garance d'une voix qu'elle voulait pleine d'assurance.

- Princesse, vous êtes la dernière condition du traité, répondit Galahaad.

Eliam sentit son sang se glacer dans ses veines, tandis que Garance restait bouche bée.

- Quelle condition ? demanda le Prince cadet.

- Cyrius vous craint Princesse, il ne souhaite pas que vous reveniez à Amarilys, il veut que vous deveniez mon épouse et ma reine, répondit Galahaad en figeant son regard dans celui de Garance.

- Tu plaisantes ? s'exclama Eliam en étouffant un cri, tandis que Garance devenait livide.

- Non, je ne plaisante pas mon frère.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now