Partie 21

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Eliam prit la route dès le lendemain à l'aube, accompagné de Théo et le plus légèrement chargé. Au crépuscule du troisième jour, ils parvinrent à Londemare. Ils se rendirent rapidement au lieu de rendez-vous, une auberge bien connue des marins.

Ils laissèrent leurs chevaux à l'écurie, s'avançant vers l'auberge, transis de froid, perclus de courbatures. La porte s'ouvrit et ils furent immédiatement submergés par la chaleur, le brouhaha, les odeurs de viandes rôties et de bière. La salle était plus calme qu'à l'habitude, désertée par les soldats et les marins de Saillans partis en guerre. La clientèle, principalement constituée d'étrangers était particulièrement échauffée. Le climat rude de Saillans poussait ses hommes de l'Est et de l'Ouest à se réchauffer avec la bière, l'hydromel et le whisky. L'atmosphère de l'auberge ramena immédiatement Eliam des mois en arrière, dans une ancienne vie. L'aubergiste s'approcha d'eux, méfiant.

- Messieurs ?

- Bonjour, vous reste-t-il une chambre ? dit Eliam en présentant le sceau qu'il portait au majeur.

- Evidemment mon Prince, répondit l'homme surpris en se demandant s'il faisait face au Prince aîné ou à son cadet.

Eliam était venu de nombreuses fois dans cette auberge, mais d'habitude il ne se faisait pas connaître. Aujourd'hui, il n'avait pas de temps à perdre et besoin d'une chambre pour se reposer. Au vu des temps troublés que traversaient le pays, il obtiendrait plus rapidement ce qu'il demandait en se présentant.

- Bien, je vous remercie, veuillez servir un repas à mon compagnon de route. Puis s'adressant à Théo, qui semblait ne plus tenir debout. Manges et va te coucher, nous repartirons à Estran dès demain matin.

Eliam ne tenait pas à laisser Garance seule trop longtemps dans la capitale. Malgré l'accueil de sa mère, elle restait en territoire ennemi, cernée par un peuple pour qui elle était tout ce qu'il détestait.

- Oui mon Prince, mais ne devrais-je pas rester à vos côtés ? demanda le jeune homme qui avait du mal à garder les yeux ouverts.

- Non, ce n'est pas nécessaire, prends du repos.

- Mais...

- Théo, je sais que la Reine t'a dit de ne pas me quitter d'une semelle, mais vu ton état de fatigue je ne pense pas que tu ne me sois d'un grand secours.

- Pardonnez-moi mon Prince, murmura le garçon penaud.

- Tu n'as pas à t'excuser, tu as vaillamment chevauché et il n'était pas aisé de suivre le rythme, ne t'inquiètes pas, je ne risque rien ici, répondit Eliam dans un sourire en guidant le garçon par les épaules à une table vide.

- A demain Théo.

- A demain, mon Prince.

Après quelques minutes d'observation, Eliam repéra Andreas Khan, assis dans un coin tranquille, attablé avec une rousse dont il butinait l'opulente poitrine à la peau laiteuse.

Eliam traversa la salle à sa rencontre. Ce fut l'ombre qu'il projeta qui attira l'attention du pirate.

- Eliam de Saillans, s'écria-t-il en s'écartant de la jeune femme.

- Andreas, comment vas-tu ? demanda le Prince en répondant à l'accolade de l'homme des steppes.

- Bien mon ami ! Cela fait trop longtemps. Les mers sont bien calmes sans toi.

Eliam répondit par un sourire.

- Je t'ai fait attendre.

- Tu es pardonné, j'étais bien accompagné, dit-il en lançant un coup d'oeil à la jeune femme rousse, celle-ci minauda un "mon prince" en détaillant ouvertement Eliam.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now