Partie 32

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Galahaad et Garance partirent à cheval dès l'aube. Ils galopèrent jusqu'aux prémices des montagnes. Le ciel était magnifique, la journée estivale. Garance était vêtue d'une robe d'équitation émeraude, ses longs cheveux étaient noués dans une natte qui descendait jusqu'à ses reins. Ils traversèrent un bois de résineux. Sortis du couvert des arbres, ils durent mettre pied à terre tant le sentier était escarpé. Galahaad se retourna pour prendre la main de Garance. La jeune femme lui lança un regard inquiet :

- Es-tu sûr que ce soit prudent ? demanda-t-elle en le voyant grimacer de douleur.

- Il n'en a pas pour longtemps, nous allons laisser les chevaux ici, dit-il en attachant leurs montures aux arbres.

Ils prirent la couverture et le repas que Galahaad avait fait emballer, puis s'engagèrent sur le chemin. Au bout de quinze minutes de randonnée, le sentier se fit moins escarpé.

- Un dernier effort, dit le jeune homme en déposant un baiser dans la paume de la jeune femme.

Ils parvinrent sur les berges d'un lac. Garance n'avait pas encore levé les yeux du chemin. Elle faillit se cogner contre Galahaad qui s'était brusquement arrêté. Il la saisit par la taille et la plaça à ses côtés. Elle fut un instant éblouie. Le soleil au zénith se reflétait sur un lac de montagne en milliers d'étincelles. L'eau, translucide, contrastait avec les rives de granit. La végétation s'accrochait difficilement aux parois des montagnes, laissant place aux neiges éternelles sur les sommets. De leur promontoire, ils avaient une vue imprenable sur la vallée. Estran, au loin accrochée à sa paroi rocheuse, la plaine parée des nuances des cultures.

- C'est magnifique ! dit-elle sans quitter des yeux le panorama qui s'étendait à ses pieds.

- Ce n'est pas l'océan, répondit-il en observant son profil.

- Non, murmura-t-elle en rivant ses yeux à ceux du Prince, réalisant qu'il l'avait emmenée ici pour lui donner un peu de cette liberté après laquelle elle avait couru toute sa vie.

Elle tressaillit quand il prit sa bouche. Elle songea qu'un jour viendrait où il pourrait l'embrasser sans qu'elle ne pense à d'autres lèvres que les siennes. Alors elle se laissa aller contre son corps.

- Allons-nous baigner, murmura-t-il dans un souffle.

- L'eau doit être glaciale.

- Cela te fait peur ?

La jeune femme se contenta de répondre par un sourire puis se dégagea de ses bras.

- Veux-tu bien te retourner ? lui dit-elle avec un regard de défi.

Galahaad s'exécuta alors qu'un fluide brûlant se déversait dans ses veines. Tandis qu'elle ôtait sa robe, son corset lacé sur le devant, ses bottines et ses bas, il retira son épée, sa chemise et ses bottes pour ne garder que son pantalon de cuir noir. Quand il se retourna, il oublia de respirer pendant de longues secondes. Garance s'avançait vers le lac, vêtue d'une ample combinaison de coton blanc. Le tissu était si léger qu'il laissait deviner chaque courbe de son corps parfait. Elle s'accroupit au bord de l'eau pour la toucher de sa main. Puis elle fit glisser sa lourde tresse pour dégager sa nuque et s'aspergea d'eau. Elle se redressa et subitement plongea. Elle réapparu quelques mètres plus loin.

- Elle est véritablement glaciale ! s'exclama-t-elle en éclatant de rire.

Galahaad sourit et sauta à son tour dans le lac. Il nagea jusqu'à la jeune femme et la saisit dans ses bras, leurs jambes s'emmêlèrent et les firent plonger sous l'eau. Dans le lac translucide, il saisit une nouvelle fois ses lèvres. L'eau glaciale ne parvenait plus à refroidir la lave qui coulait dans les veines de Galahaad. Ils remontèrent à la surface quand ils n'eurent plus un souffle d'air dans les poumons.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now