Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de Cendre

Partie 31

Ce ne fut en premier lieu qu'un frôlement. Les lèvres de Galahaad caressèrent délicatement celles de Garance. Ses mains brûlantes se posèrent de part et d'autre de sa nuque, s'emmêlant dans ses longs cheveux bruns. La jeune femme laissa échapper un long frisson. Elle eut un instant d'hésitation, suivit d'un mouvement de recul. Un millier de pensées traversèrent l'esprit de Garance dans les secondes qui suivirent, tandis que Galahaad frôlait ses lèvres avec une douceur que démentaient ses paumes fermement plaquées contre son cou. Elle voulait être dans les bras d'Eliam et non dans ceux si semblables de son frère. Mais elle se demandait à quoi il lui servait de lutter, des choix avaient été faits, elle devait les assumer. Et puis cet homme dégageait une telle douceur, une telle compassion. Le Prince Aîné de Saillans était à des années lumières de l'idée qu'on se faisait de lui en Elenith. Si Eliam entretenait la légende, Galahaad était l'absolu contraire du mythe.

Le jeune homme lâcha la nuque de Garance, la laissant libre de ses mouvements, il posa délicatement ses paumes sur sa taille. Il ouvrit les yeux et scruta les prunelles de cendre qui l'observaient.

- Qu'attends-tu de moi ? murmura Galahaad contre les lèvres de la jeune femme.

Garance s'écarta du Prince, l'obligeant à rompre tout contact. Il laissa échapper un rictus de déception, qui fit place à un profond étonnement quand la jeune femme posa sa main sur la joue rugueuse de barbe naissante. Il tressaillit quand une seconde paume, se posa sur sa peau. Le visage de la jeune femme était impassible, seule une intense concentration faisait froncer ses sourcils. Ses longs doigts se mirent à papillonner sur ses traits, puis sur son cou trapu, sur ses larges épaules, jusqu'à se poser sur son torse nu. L'intimité de son contact mettait Galahaad au supplice mais il ne voulait pas effrayer la jeune femme, il voulait qu'elle vienne à lui.

Garance parcourait la peau du prince, à la recherche de tout ce qui ne faisait pas de lui Eliam, tant de similitudes, tant de différences. Puis elle figea de nouveau ses yeux dans les prunelles azur de l'homme. Si le regard d'Eliam était un océan tumultueux, celui de Galahaad était un lac. Etait-ce son caractère, son âge ou sa maturité ? Galahaad était doté d'une patience et d'une sérénité qui faisaient cruellement défaut à Eliam. Chacun de ses mots étaient posés, chacun de ses gestes étaient fermes mais tempérés. Il faisait de ses faiblesses des forces. Pour l'avoir côtoyé durant des semaines, Garance était persuadée qu'il serait un grand Roi, il lui rendrait Elenith, cela prendrait du temps, mais Galahaad était homme à tenir ses promesses. Il serait un époux patient et attentionné, et jamais ne lui briserait le cœur. En détaillant de ses doigts le corps de l'homme qui se tenait devant elle, Garance savait que la proposition de Galahaad était la meilleure alternative. Elle se força à faire taire la voix qui lui hurlait le prénom d'Eliam. Elle devait faire cesser ces pensées qui la mettaient au supplice, alors dans un geste pétri d'hésitation et de doute, elle posa ses lèvres sur celles du Prince.

A cet instant, Galahaad prit la jeune femme dans ses bras et la serra avec douceur contre sa peau nue, goûtant enfin réellement à la saveur de sa bouche, alors que son cœur explosait en mille morceaux. Il avait la sensation de revenir à la vie, de retrouver son souffle, ce qui ne lui était pas arrivé depuis qu'il était parti en guerre. Il délaissa ses lèvres, et fit glisser les siennes le long de sa gorge, arrachant un gémissement à la jeune femme qui le rendit fou. Il faillit la renverser dans l'herbe fraîche, mais se contînt au dernier moment. Elle était si douce, si fragile, si jeune. Il avait la certitude qu'il pourrait la briser rien qu'avec ses mains. Avant que ses lèvres ne décident seules d'aller butiner la poitrine de la jeune femme, il enfouit son visage dans sa chevelure, humant ce parfum de soleil et de lavande qui n'appartenait qu'à elle.

- Tu es si belle, si douce, murmura-t-il d'une voix méconnaissable.

Pour toute réponse la jeune femme se blottit un peu plus au creux de ses bras.