XXIV

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  À l'approche du premier match de la saison, Gryffondor contre Serpentard, les réunions de l'A.D. se trouvent suspendues car Angelina insiste pour qu'on s'entraîne presque chaque jour. Le fait que la Coupe de Quidditch n'ait pas eu lieu depuis si longtemps ne fait qu'ajouter à la passion et à la fébrilité qui entourent cette première rencontre. Les Serdaigle et les Poufsouffle s'intéressent de très près au résultat du match car eux-mêmes ont à affronter chacune des deux équipes au cours de l'année. Et les directeurs des maisons en compétition, tout en s'efforçant de prétendre que seul l'esprit sportif les anime, sont bien décidés à voir leur camp l'emporter. Et je comprends à quel point la professeure McGonagall tient à ce que nous battions les Serpentard lorsqu'elle s'abstient de nous donner des devoirs dans les semaines qui précèdent le match, qui a lieu dans quatorze jours.

- Je crois que vous avez suffisamment à faire pour le moment, dit-elle d'un air hautain.

  Personne n'en croit ses oreilles jusqu'à ce qu'elle tourne son regard vers Harry, Ron et moi (je me trouve alors un rang devant les deux garçons) en ajoutant avec gravité :

- Je me suis habituée à voir la coupe de Quidditch dans mon bureau, jeunes gens, et il me serait très désagréable de devoir la remettre au professeur Rogue, alors utilisez votre temps libre pour vous entraîner.

  J'ai eu une exclamation de joie en entendant ça.
  Severus, au contraire, ne se montre pas moins partial. Il a retenu si souvent le terrain de Quidditch pour l'entraînement des Serpentard que nous, les Gryffondor, avons eu du mal à y jouer nous-mêmes. Il fait par ailleurs la sourde oreille chaque fois qu'on lui rapporte que des Serpentard tentent de jeter des mauvais sorts aux joueurs de Gryffondor lorsqu'ils nous croisent dans les couloirs. Lorsque Alicia s'est retrouvée à l'infirmerie avec des sourcils si longs et si épais qu'ils lui obscurcissent la vue et lui entrent dans la bouche, Severus a affirmé qu'elle avait dû essayer de s'appliquer un sortilège de Cheveux Drus. Il a refusé d'écouter les quatorze témoins qui affirment avoir vu Miles Bletchley, le Gardien de Serpentard, lui lancer un maléfice par-derrière alors qu'elle travaillait à la bibliothèque.
  Ma décision a donc été toute prise dès qu'il a nié complètement la vérité malgré que j'ai insisté de mon côté ; j'ai maintenant une deuxième vengeance a mené et cette fois-ci, sur les verts et argent. Et comme j'ai un mélange de sang Gryffondor et de sang Serpentard, il n'y a pas mieux placé que moi pour savoir comment ces serpents vénéneux pensent. Savoir comment ils réfléchissent et agissent est encore bien plus fort. Ce qui, soi-disant passant, inquiète légèrement George.

- Tout ce que je te demande, c'est de ne pas changer celle que tu es, m'a-t-il dit dans les yeux, ses grandes mains autour de ma taille.

- Je n'ai qu'une seule chose à te répondre là-dessus... Tu vas découvrir pourquoi Estella et moi on s'entend si bien.

  Et sur ce point-là... Il faut s'assurer de ne pas laisser son côté le plus sombre surgir. Parce que quand l'on a un désir de vengeance, il est important de faire la différence entre revanche et méchanceté. Je dirais qu'à cause du ministère, ce côté-là menace toujours de faire surface. Mais heureusement pour moi, contrairement à Estella/Cruella, je parviens à me contrôler.

- On va voir quelle tête ils vont tirer, ces crétins arrogants, pouffai-je en entrant dans la salle commune.

- Qu'est-ce que tu as trafiqué ? me lance George.

- Oh, ça... Toi et Fred le saurez bien vite demain matin.

  Et c'est le cas. Car à en entendre les jumeaux, Severus a risqué l'infarctus en voyant les mille cinq cents ballons multicolores collés les uns aux autres à coup de sortilège de Glu perpétuelle. À cause de ça, ou plutôt grâce à ça, la classe de Potions a été inutilisable pendant bien une semaine. Enfin... d'ailleurs... on ne sait même pas si on peut s'en servir, elle est toujours bloquée cinq jours plus tard.
  Mais ma mission de vengeance ne s'est évidemment pas arrêté là. J'ai mis pleins de plans en œuvre et je crois que des rumeurs courent que ce serait Peeves le coupable. Or... Pour la première fois, il donne l'air sincère. En même temps, il sait que c'est moi sans pour autant vouloir espérer me mettre en tort - il s'est rendu compte que j'étais beaucoup plus douée que lui pour embêter le monde. Enfin... Seulement celui des Serpentard que je me plais énormément à rendre fou. 
  J'ai commencé d'abord par jouer avec leurs nerfs : j'ai caché tous leurs balais le jour-même où ils devaient s'entrainer. Deux heures après qu'ils aient abandonné la recherche, je les ai remis en place. Ce qui les a perturbé. Notamment Drago, d'après Doudou/Inarikaoru, le Shupaganda-Kitsune de Amy, qui est en sorte notre espion personnel.
  Puis j'ai manigancé qu'ils perdent un peu la raison. Demandant fréquemment la cape d'Invisibilité à Harry, j'ai suivi silencieusement Pansy jusque dans la salle commune des Serpentard et ai attendu que tout le monde soit endormi pour bouger tous les meubles de la pièce (et des dortoirs), en les mettant à la place de l'un et de l'autre, de sorte à ce qu'ils ne retrouvent jamais rien. Tous les jours, on entend continuellement des plaintes de tous les verts et argent. Et je dois l'avouer, l'inspection d'Ombrage n'a rien mené. Pas même quand tous les professeurs se sont mis à rechercher le coupable. On va dire qu'être aidée par Blaise Zabini, un ami d'enfance qui est lui-même Serpentard, avec qui j'ai perdu le contact pendant quelques temps à cause d'oppositions d'avis mais que j'ai récemment retrouvé son estime car il ne peut pas me résister - c'est très pratique.

Elementum {Tome 5}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant