XII

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  Tout en me refaisant du thé noir au citron, j'écoute d'une oreille distraite Ron disputer un jeu d'échec avec Amy. Les deux sont pourtant encore en pyjamas, mais ils ont décidé d'y jouer dès le réveil. Je sens alors l'une des grandes mains de George passer autour de ma taille, tandis que l'autre relève mon menton vers lui, son pouce et son index traçant la forme de ma mâchoire dans une douceur qui n'est pas déplaisante. Je souris en rougissant un peu à son contact, sentant son souffle se saccader quand il se met à ricaner avant qu'il pose doucement ses lèvres sur les miennes. Mon sourire s'étire à travers le baisé et je passe mes doigts dans les pointes de ses cheveux, me jurant de rester constamment en hauts talons pour pouvoir l'embrasser comme bon me semble parce que, décidément, j'adore sa façon de faire.

- Beurk, mais prenez une chambre ! gémit Fred en arrivant dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner.

  Je sépare mes lèvres de celles de George et me tourne vers mon meilleur ami, arborant un sourire exaspéré alors que Ginny arrive à son tour. Ses parents doivent sûrement être en train de discuter avec Éléona comme d'habitude.

- Pourtant, ton esprit fragile devrait se souvenir qu'il a passé une nuit entière dans la chambre de Angelina en troisième année, ironise Ginny.

- Quoi ? s'égosille aussitôt Amy, décollant subitement ses yeux de l'échiquier pour les poser sur Fred.

- C'est vrai qu'il avait les cheveux tout ébouriffés, dit George.

- Oui, il a même dit que ça avait été très sportif, renchéris-je.

- Même plus, il avait oublié de reboutonner un bouton, s'amuse Ginny.

- Sérieusement ? dit Amy, les yeux exorbités, les yeux assombrit.

  Fred a un sourire malicieux et pose ses mains sur le dossier de Amy en se penchant vers elle, la regardant dans les yeux.

- Serais-tu jalouse, par hasard ?

- Sûrement pas, j'ai déjà embrassé Ron, je ne suis pas prête à le refaire avec son frère aîné.

  J'en lâche mon citron que j'étais en train de presser et écarquille des yeux en fixant Ron, qui vire soudain au rouge écrevisse.

- Ce... C'était un accident ! Elle est tombée des escaliers, j'ai voulu la rattraper et on... on s'est embrassés. Mais par accident !

  L'air offusqué de Fred se voit à des kilomètres. Sa jalousie, aussi, mais il n'en montre pas. Au contraire, car il dit en regardant Amy dans les yeux, toujours penché au-dessus d'elle :

- Ça veut dire que je peux aussi t'embrasser là, accidentellement, alors ?

- Ne cherche même pas à essayer, Fred Weasley, ou je te coupe la langue et la façonne en salami !

  Il déglutit et fière de son coup, ma meilleure amie a un rictus joueur et se concentre à nouveau sur la partie des noirs et blancs. George, Ginny et moi nous regardons et ne pouvons nous empêcher de pouffer de rire.

- C'était du grand art, chuchote George à son frère jumeau quand celui-ci revient vers nous.

- Tu te débrouilles bien, affirmai-je ironiquement.

- J'aurai essayé au moins, soupire-t-il.

  Je lui tapote l'épaule d'un geste conciliant, tandis que George ricane moqueusement. Hier soir, après que j'ai raconté ma dispute avec Éléona et que les jumeaux m'ont remonté le moral, Fred nous a avoué qu'il se mettrait dorénavant au défi de faire chavirer le cœur de notre belle Samouraï du Japon. George et moi avons parié cinq Gallion qu'il y arriverait avant Noël.

Elementum {Tome 5}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant