XXXIII

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- C'est vraiment bizarre ! dit Ron.

- De quoi ? demandai-je, les mains dans les poches, en volant sur le dos à côté de son Sombral. De ne pas voir ce qui t'aide à atteindre un Ministère de la Magie corrompu ou de me voir voltiger comme un rossignol ?

  Le deuxième point est réaliste : contrairement aux autres qui eux ont besoin de Sombrals, moi j'ai un don qui me permet de voler librement sans ressentir énormément de fatigue. Je n'ai qu'à laisser le vent me porter, vu qu'en utilisant mon pouvoir de l'air je suis aussi légère qu'une plume. Un peu comme Peter Pan, maintenant que j'y pense.

- Les deux, répond Ron en se cramponnant davantage à la crinière du Sombral.

  Je pouffe de rire en passant au-dessus de lui pour lui ébouriffer les cheveux et vole jusqu'à Harry qui se trouve en première ligne, à guider les autres.

- Ça va, mon Vieux ? lui lançai-je.

  Harry fronce les sourcils en me dévisageant.

- Tu comptes voler comme ça jusqu'au ministère ? Tu ne risques pas de te fatiguer ?

- Pas tant que je ne me sers pas de mon don, dis-je en lui adressant un clin d'œil.

- Que tu ne te sers pas de ton don !? répète Hermione, abasourdie (elle non plus n'a pas l'air de se sentir bien, ainsi installée sur le dos du Sombral). Comment tu tiens dans les airs, alors ?

  Je me penche légèrement à droite pour me diriger vers elle et arrivée à son niveau, je lui fais un grand sourire.

- Mon esprit et le vent.

- La lévitation, tu veux dire ?

- En quelque sorte. Je me sers du Tout et du Rien en général. Ou sinon, lorsque ça ne demande que quelques minutes de voltige, là, j'utilise mes pouvoirs. Sinon... Ce n'est que par mon esprit. En fait, vous pourriez le faire, toi et les autres. Seulement, pour ça, il faudrait arrêter de penser par le mental ego.

  Je finis par la laisser pour me propulser avec des rafales de vent afin d'aller plus vite, émettant un cri de joie. J'adore cette sensation ! Cette sensation de liberté, de légèreté... qui me fait un peu oublier ce pourquoi je suis en train de voler, à me faire emmêler les cheveux par le vent.
  Sublimix passe soudain devant moi en volant majestueusement, accompagné de Selìni alors métamorphosée en aigle. Je ne m'étonne même pas de ne pas le voir en loup, je sais que c'est un Métamorphe Spirituel pouvant vivre dans différentes Dimensions et Espace-Temps, capable de faire toutes sortes de choses étonnantes grâce à ses douze brins d'ADN parfaitement alignés et activés. C'est assez impressionnant quand on y pense, et j'avoue que ça me plairait bien de pouvoir me métamorphoser ainsi, sans besoin d'être un Animagus.

  — La bataille approche, Emma. Sois prête, me dit-il par télépathie.

  — Je le sais, je suis prête, répondis-je.

  L'aigle vole à ma hauteur. Je sens son regard perdurer sur moi avant qu'il ne s'envole plus loin. Au même moment qu'il me dépasse, et avant qu'il disparaisse, je l'entends me dire :

  — Qui te dis que c'est réellement de celle-ci que je te parle ?

  Je fronce mes sourcils et réfléchie un instant.
  De quelle autre bataille peut-il bien pouvoir parler ? À part si, comme il le dit, il y en a une autre que celle qui va avoir lieu et qu'il la visualise dans le continuum Espace-Temps, mais dans bien plus loin qu'aujourd'hui ? J'ignore, mais je ne peux pas continuer à lui parler par télépathie. Je dois me concentrer sur la trajectoire pour arriver droit sur le ministère de la Magie et sauver Sirius !
  Le soleil disparait : le ciel est d'un violet sombre, parsemé de minuscules étoiles d'argent, et bientôt, seules les lumières des villes Moldues nous donnent une idée de notre altitude ou de notre vitesse. Grâce à ma vision de nyctalope et mon contact avec les animaux, j'encourage les Sombrals à aller encore plus vite. Je me demande combien de temps il s'est passé depuis le moment où Harry a vu Sirius étendu sur le sol, dans l'immense salle de Département des mystères... Combien de temps va-t-il encore résister à Voldemort ? Tout ce dont je suis sûre, c'est que mon grand-cousin ne s'est pas soumis à la volonté de son bourreau et qu'il est toujours vivant. Je le sens, je le sais. Sans savoir comment. Peut-être l'instinct qui m'est offert par mon empathie...
  On continue à voler ainsi dans l'obscurité qui s'épaissie. J'avoue commencer à fatiguer, ou plutôt mon mental commence à vouloir se relâcher à cause du froid qui engourdi chacun de mes muscles, chacun de mes os... L'air qui siffle à mes oreilles me rend sourde, ma bouche est sèche, glacée par le vent nocturne. Je ne sais depuis combien de temps je guide les Sombrals, j'ai perdu un peu le sens de la distance mais les autres comptent sur moi.
  Et si on arrivait trop tard ?
  Et si Voldemort se rend compte que Sirius ne cédera jamais ?
  Mes pensées s'arrêtent quand je me sens commencée à tomber de fatigue. Je secoue ma tête pour rester éveillée et me rends compte que Londres est juste sous nous. Je laisse alors mon esprit arrêter de fonctionner, mon corps se met à piquer du nez, comme lorsque les Détraqueurs ont tenté d'aspirer mon Âme en troisième année. J'ai l'impression que mon cœur vient de se soulever et mon laissé-allé incite les Sombrals à descendre à ma suite. J'entends un cri aigu derrière moi, je ne me doute pas que tous les autres ont subi le choc du changement de direction.
  À présent, des lumières orangées grandissent de toutes parts, rondes et brillantes. On distingue les sommets des immeubles, les traînées des phares, semblables à des insectes lumineux, et les lueurs jaune pâle qui filtrent à travers les fenêtres. Je fonce droit vers le trottoir et ralentie ma descente en projetant à cinq mètres des volutes de fumée blanches sous moi, me posant avec la douceur d'une ombre. Particulièrement essoufflée, je m'appuie contre un mur à ma droite pour reprendre de l'air dans mes poumons, une main sur mes genoux, l'autre recoiffant la broussaille qui me sert actuellement de cheveux.
  Les autres ne tardent pas à atterrir et Ron tombe à la renverse sur le trottoir.

Elementum {Tome 5}Donde viven las historias. Descúbrelo ahora