11 août 2018

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Chère Amel,

Je n'arrive pas à imaginer la perte que je pourrai faire. La tristesse que je pourrais causer dans leurs regards, dans leurs paroles et dans leurs actes. Toi non plus tu ne dois pas imaginer. Tu ne dois même pas les voir. Mais tu as fait un ravage en faisant ça. En te laissant abattre par cette maladie débile, tu as causé plus de tristesses que de joies. Tu aurais pu continuer à te battre contre elle, pourquoi tu as abandonné si vite ? Pendant deux ans tu as persévéré, et du jour au lendemain tu as choisi de tout laisser tomber. Tous tes efforts. Tous nos efforts. Parce qu'on t'a aidée pendant tout ce temps, on a partagé sur toutes les plateformes des réseaux sociaux ta cagnotte, ton histoire. L'histoire que tu as vécue et que tu as réussi à écrire. Tu l'as écrite toute seule et je ne peux qu'être fière de ce que tu as fait à ce moment. Mais ça m'a déçue tout de même. Pourquoi j'ai appris cette histoire en même temps que les autres, comme si j'étais une inconnue pour toi. À croire que tu m'avais oubliée. Que tu avais l'Alzheimer. Que tu ne savais plus qui j'étais ou bien que tu voulais juste faire comme si on ne s'était jamais connue. J'ai commencé à y croire, j'ai commencé à croire au fait qu'on ne se connaissait pas. Qu'on ne s'était jamais connues, et que toutes ces années n'étaient qu'imagination et illusion dans ma tête. Je pensais avoir tout inventé. Mais, pourtant, je savais que je te connaissais vraiment. Et elle aussi. Peut-être que tous ces rires étaient faux pour toi, et vrais pour elle. Tous nos délires ensemble, tous nos pleurs, toutes ces guerres qu'on a vécues, tous ces mensonges de sa part à lui, et cette déception que j'ai ressentie à ses côtés. La déception que tu as ressentie à mes côtés.

Je porte ton fardeau maintenant. Celui que tu avais et gardais en toi depuis toutes ces années. Bien qu'il soit peut-être irréel et inventé de ma tête, j'ai un poids énorme en moi depuis ta disparition. J'espère seulement que tu es juste partie et que tu reviendras. C'est ce que je voudrais plus que tout au monde, plus que retrouver une vie normale sans doute et sans peur, plus que d'avoir près de moi les personnes qui me servent d'amis, plus que passer une journée avec mon idole, plus que faire un tour du monde, plus que ma propre vie. Je t'aurai donné la lune et le soleil, les étoiles à n'en plus compter, je t'aurai fait rire jusqu'à en crever, parce que tu étais tout. Celle qui avait une partie de moi en elle. J'avais cette espérance que tu reviennes pour que je puisse finir ce que j'avais commencé. Cette espérance de te revoir par hasard dans une rue loin de chez toi, ou dans un bistrot en train de servir les gens. C'est fou comme rêver et espérer un truc peuvent te faire dire de telles conneries.

Tu sais que j'aurai tout donné pour toi.

Manipulatrice - Amel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant