24 octobre 2018

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Chère Amel,

C'était une journée merveilleuse, la meilleure que j'ai pu avoir depuis plusieurs semaines. Je suis tellement contente pour la première fois de ma vie, je ne fais pas semblant. C'est grâce à lui, au seul que j'aime. C'est toujours loin d'eux que je me sens le mieux, loin de mes parents. Je sais que c'est mal de dire ça de mes parents, mais j'étouffe en étant sous le même toit qu'eux.

J'en ai marre de faire la fille forte et de me prendre toujours la tête avec eux. J'en ai marre de faire semblant d'aller bien alors qu'ils me rendent encore plus mal, qu'ils ne m'ont jamais aidée sur tout ce que j'ai traversé. Ou bien, ils ont aggravé les cas plus qu'autre chose. J'aimerais qu'ils se taisent et qu'ils visionnent tout le mal que j'ai eu et que j'ai encore en moi. Je voudrais qu'ils voient à quel point je ne peux plus les supporter. Je sais bien qu'ils s'inquiètent, et c'est pour ça que je ne leur dis que les « bonnes choses » de ma vie, et non les mauvaises. Bien qu'il n'y ait pas tant de bonnes choses que ça.

Mais j'aimerai tellement les mettre tous les deux dans une pièce face à un film de ma vie, de ce que j'ai vécu et de ce que je vis. Je ne veux pas de leur pitié mais juste qu'ils comprennent ma haine et ma rancœur à leur égard. Je ne veux plus avoir affaire avec eux. Je veux une liberté. Et ma liberté je la saisis en sortant pendant les vacances le plus possible pour voir mes amis, je la saisis en m'enfermant dans ma chambre pour écrire mes romans, je la saisis en voulant m'enfermer sur moi-même et ne plus vouloir parler à un membre de ma famille. Je sais que les repas de famille se dérouleraient bien mieux si je n'étais pas là, parce que ce n'est pas ma façon de parler ou mon comportement qui provoque un drame familial à chaque repas, il ne s'agit que de ma simple présence. Je n'ai pas besoin de prononcer le moindre mot ou de faire le moindre geste, que l'un d'eux me saute déjà au cou pour me reprocher je ne sais quoi. Si je retire ma présence à ces repas, tous ces mélodrames arrêteront de survenir et peut-être que tout le monde irait mieux.

Je ne sais pas comment agir pour ne pas avoir besoin de me retirer de ce monde. J'aimerais partir quelque part, loin de tout ça. Sortir, ou aller vivre chez un de mes amis ne changerait rien. Il faudrait que je parte de cette ville, de ce pays. Oui c'est ça, il faut que je m'évade de ce pays. Je dois aller très loin, à des milliers de kilomètres d'eux. De mes parents, de ma famille, de mes amis. Je dois tout laisser. Partir en laissant tout le monde sans ne rien dire me semble une bonne idée, ils me pardonneront quelques mois après mon départ.

Je ne veux plus vivre pour personne. Je ne veux plus penser aux autres, je le fais beaucoup trop, je l'ai trop fait dans ma vie. Je dois penser à moi avant tout, sinon je vais me perdre encore une fois. Le noir que j'ai créé dans ma tête, ce noir est à cause d'eux. De tous ceux que j'ai aidé et ceux que j'aide. À l'heure d'aujourd'hui, je suis en train de vivre pour les autres. C'est décidé.

Je veux vivre pour moi.

Manipulatrice - Amel [TERMINÉE]Where stories live. Discover now