16 août 2018

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Chère Amel,

J'ai encore l'impression de voir ton visage partout. Partout où je vais, tu es toujours là. Je n'en ai pas marre, au contraire, mais ça me détruit. Ta présence meurtrie me détruit à chaque fois que je vais quelque part, à chaque fois que je pense à quelqu'un, à chaque fois que je parle avec quelqu'un, je te sens même dans mes rêves ou mes cauchemars. Je te vois dans mes cauchemars. Tu es toujours le sujet principal, et je n'arrive jamais à en sortir indemne. Comme si tu voulais m'atteindre dans mes pensées au moment où je dors, au moment où je suis vulnérable. Je n'arrive jamais à me défendre. Tu m'étouffes de trop. Tu m'empêches de respirer. Comme si tu me volais tout l'air dont j'avais besoin. À croire que tu essayes de t'emparer de mon corps et de mon esprit pour y foutre ton âme. Ton âme complètement détruite qui me poursuit partout.

Par moments, j'ai juste envie de te crier dessus pour te dire de me lâcher et d'arrêter de me suivre, de te dire d'aller voir quelqu'un d'autre, d'aller emmerder une autre personne. Mais si jamais je te dis ça, tu ne vas pas revenir. J'ai peur que tu ne reviennes jamais. Et si tu ne reviens jamais, qui pourra me briser le cœur continuellement ? Je ne peux même pas en parler à mes amis. Ils ne comprendraient pas. Je ne me vois pas leur dire : "les amis, je vois ma copine qui est décédée.". T'es quand même un putain d'esprit, tu n'as juste pas passé le pont. Je ne sais pas pourquoi, parce que je ne comprends jamais ce que tu me dis. Et quand je comprends un des mots, j'oublie. Le degré d'alcool dans mon sang, dans mes veines, varie la vision que j'ai de toi. La compréhension et l'attention que je te porte. C'est flippant de te voir apparaître comme ça devant moi, d'un coup. Surtout quand on est autour d'une table et que je ne suis déjà plus tellement bien. Je n'ai pas envie de crier ton nom, ils ne comprendraient pas. Ils ne te connaissent pas, même si tu es morte.

Je n'arrive pas à parler de toi. Je n'arrive pas non plus à t'oublier, à quoi bon. Mais il faut que tu arrêtes. Je te demande d'arrêter ces conneries, d'arrêter de venir me rendre visite si c'est pour que je ne te comprenne pas. Arrête de venir me foutre la trouille ou de t'incruster dans mes rêves que tu transformes en cauchemars. J'ai envie que ça cesse. De tout mon cœur. De tout mon être. De toute mon âme.

Je sais que tu prends sans cesse dans tes mains frêles et transparentes, ta photo accrochée à mon mur. Je le sais parce que tu ne l'as remet jamais comme il faut. Comme je la mets. Je ne sais pas si tu l'aimes, mais moi je l'adore, et je sais que en lui parlant, mes paroles vont jusqu'à toi. Jusqu'à toi, là-haut. Je l'ai obtenue grave à elle, je le lui avais demandé et je l'ai fait développer. Je n'en avais pas. Je m'en contente. Mais tu es si belle dessus, tu as l'air en paix. C'est ça que je préfère.

Ton esprit et ton âme sont en paix.

Manipulatrice - Amel [TERMINÉE]Where stories live. Discover now