1 novembre 2018

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Chère Amel,

Je suis désolée. Je suis désolée de ce que j'ai fait. Je m'en suis rendu compte il y a peu, en envoyant des SMS dépressifs à mon copain. Je ne suis pas une bonne personne. Je ne le serais peut-être jamais d'ailleurs. Je ne mérite pas toutes ces amitiés pitoyables que je dois porter dans mon cœur. Je ne mérite rien, pas même cette vie. Être dans ce monde, je ne devrais pas. C'est triste de le dire, enfin, de l'écrire surtout. De laisser cette trace sur papier, cette preuve de ma pensée. Je suis une horrible personne, et pas seulement avec toi. Avec tout le monde. Je l'ai été avec toutes ces personnes que j'ai soi-disant aidée.

Mais aider une personne ne reflète pas de l'abandon. Pourtant je les ai toutes abandonnées, même toi. Surtout toi. Je ne me le pardonnerai jamais, et elle ne me le pardonnera jamais. Elle ne sait pas ce que je ressens, je ne veux pas lui dire. Elle me dirait que je dis n'importe quoi, que c'est faux, que tu n'as jamais pensé ça de moi. Tout le monde me dit ça. Je sais qu'ils pensent que je suis folle à lier. Mais je sais que ce que je dis est vrai. Je ne mens jamais, ou alors que par bonne action. Mais je ne mens jamais sur moi-même quand je dis ce que je pense de moi. Je sais que je donne cette impression de bonne amie, bonne petite amie, bonne fille et bonne élève. Mais je ne suis rien de tout ça. Je ne donne qu'une impression pour être bien vue et redoutée. Un masque, en quelque sorte. Mais un jour, ils s'en rendent compte de ce masque si « parfait ». Ils voient enfin la vraie personne que je suis, celle qui abandonne ses amis, et les personnes qu'elle dit aider. Parce que je t'ai abandonnée. J'avais peur de le dire, et j'ose l'écrire dans cette lettre. Je t'ai abandonnée dans le pire moment de ta vie. Le pire moment qui a duré presque deux ans. Deux ans où tu souffrais plus que n'importe qui, et c'est à ce moment que j'ai choisi de partir. Je revenais, oui, mais que quelquefois par prétexte. Je te le dis maintenant. Et à elle aussi. Il faut qu'elle sache la vérité à mon sujet.

Je ne suis plus cette fille fragile qui se faisait harceler sur internet avec une rumeur tordue qui la poursuivait, je suis cette fille méchante qui dit ce qu'elle a fait. Ce qu'elle pense honnêtement de tout ça. Je suis revenue te parler de temps en temps parce que j'avais envie par moments, mais d'autres c'était pour avoir des informations au sujet de tous ceux que je surveillais. C'était mon seul moyen, tu étais mon alibi pendant deux ans. Je me suis servie de ta maladie pour surveiller de plus près ceux que je voulais. Mais le pire, c'est qu'ils t'ont abandonnée et que moi je suis revenue complètement à tes côtés.

C'est moi qui leur ai annoncé la nouvelle, alors que je ne voulais pas leur parler après tout ce qu'ils m'ont fait. Mais j'étais obligé, ils sont venu prendre de tes nouvelles à travers moi parce qu'elle les avait bloqués et rejetés. Je m'en voulais de tout ce qu'on t'avait faits subir et je ne comprends toujours pas comment elle a pu nous pardonner. Surtout à moi. C'est moi qui t'ai le plus fait souffrir. Je n'aurais pas dû. Je m'en veux encore, mais si elle m'a pardonnée, je dois me pardonner, à moi-même aussi.

J'aurai tout donné pour que tu sois encore là.

Manipulatrice - Amel [TERMINÉE]Where stories live. Discover now