14 novembre 2018

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Chère Amel,

Je ne sais pas comment décrire ce que je vis en général, ou ce que je ressens. Ni ce que je pense d'ailleurs. En fait, je ne t'écris que pour me sentir moins seule. Je sais, tu vas me dire que je ne suis pas seule. Que j'ai ma famille, des amis, et même un copain. Oui, c'est vrai, j'ai tout ça. Un copain qui d'ailleurs, me redonne gout à la vie à chaque moment que je passe avec lui. Qui me donne envie de ne pas me foutre en l'air. Mais la solitude n'a jamais été autant présente en moi. Et malgré toutes ces personnes qui sont auprès de moi, je me sens seule. Seule et abandonnée. Je te jure que je fais des efforts pour t'écrire un truc plus joyeux, mais je n'y arrive pas. Ma main n'écrit que ce que ma tête pense. Et je ne pense jamais aux moments de joie que j'ai pu vivre. Enfin, si j'en ai vécu un seul, il faut me le dire. Ceux passés avec mon copain ne comptent pas. Parce que je ne connais que la déception, la solitude et tout ce qui va avec. Je suis une adolescente, en même temps. Cela fait partie de la vie des ados tout ça. Mais je n'en veux plus. J'essaye de vivre chaque journée en étant heureuse.

Sauf que le bonheur est un grand mot. On peut être heureux de différentes façons, comme ne jamais l'être. Certaines personnes ne le seront sans doute jamais, par plusieurs problèmes, ou juste quelque chose qui ne les encourage pas à gouter au bonheur quotidien. Avoir des amis est tellement fictif. Beaucoup de gens pensent que nous ne pouvons pas vivre sans être heureux dans notre vie. Or, ceci est faux. Le bonheur de certains est le malheur des autres. On finit par se plaindre, par dire chaque jour que nous ne sommes plus heureux, qu'on ne trouve pas la raison. On s'invente des problèmes pour essayer de s'en sortir, et ça devient une boucle infernale, qui devient à son tour une routine quotidienne. Mais on paraît heureux, on affiche des sourires et on sort des rires, un peu plus fort les uns que les autres. On essaye de se démarquer, de vouloir se faire entendre pour espérer que quelqu'un comprenne notre détresse, on dit que tout va bien alors que finalement tout n'est qu'éphémère, qu'il suffit d'un rien pour nous détruire et briser notre carapace. Un sourire peut bel et bien cacher une larme. C'est facile de sourire. C'est facile de mentir. Il suffit de répondre que tout va bien et tout le monde marche dans ta petite combine quotidienne. Et puis, un jour, on continue de voir le mal noir partout, qu'importent les paroles que l'on te dit, tu les entends toujours d'un mauvais sens comme si tout le monde voulait te rabaisser plus bas que terre. Plus rien ne va. Mais tout ce que tu veux, c'est ne plus souffrir quotidiennement. C'est ça le soi-disant bonheur des gens.

Je te l'ai déjà dit, je n'en veux pas. Et ça ne changera pas. Je veux seulement essayer de me relever et d'aller juste un peu mieux. Je n'ai pas dit que je voulais le bonheur. Je ne l'aurais jamais, et il ne m'intéresse pas. Ni demain. Ni dans un mois. Jamais. Et les gens devraient s'en rendre compte de ça, le bonheur n'est qu'un miroir du malheur. Mais bon, personne ne veut le voir et ouvrir les yeux. Tout le monde est trop aveuglé par trouver une raison d'exister. Moi je n'en ai plus. Enfin si, j'ai elle. Et c'est une raison suffisante je le sais bien. Mais pour l'instant, je voudrais penser à moi. À me gueule clairement. Toi qui me disais si bien me connaitre. Tu n'y arriveras pas. Parce que je sais que tout ça vient de toi. Alors je te le dis pour la dernière fois.

Va te faire foutre avec ton bonheur à la con.

Manipulatrice - Amel [TERMINÉE]Where stories live. Discover now